Madame de Stael, citée par Taine (Origines de la France contemporaine, tome 9)
« Je le vis pour la première fois, dit Mme de Staël (*), à son retour en France, après le traité de Campo-Formio. Lorsque je fus un peu remise du trouble de l’admiration, un sentiment de crainte très prononcé lui succéda. » Pourtant « il n’avait alors aucune puissance, on le croyait même assez menacé par les soupçons ombrageux du Directoire » ; on le voyait plutôt avec sympathie, avec des préventions favorables ; « ainsi la crainte qu’il inspirait n’était causée que par le singulier effet de sa personne sur presque tous ceux qui l’approchaient. J’avais vu des hommes très dignes de respect, j’avais vu aussi des hommes féroces ; il n’y avait rien, dans l’impression que Bonaparte produisit sur moi, qui pût me rappeler ni les uns ni les autres. J’aperçus assez vite, dans les différentes occasions que j’eus de le rencontrer pendant son séjour à Paris, que son caractère ne pouvait être défini par les mots dont nous avons coutume de nous servir ; il n’était ni bon, ni violent, ni doux, ni cruel, à la façon des individus à nous connus. Un tel être, n’ayant point de pareil, ne pouvait ni ressentir ni faire éprouver de la sympathie ; c’était plus ou moins qu’un homme ; sa tournure, son esprit, son langage, sont empreints d’une nature étrangère… Loin de me rassurer en voyant Bonaparte plus souvent, il m’intimidait tous les jours davantage. Je sentais confusément qu’aucune émotion du cœur ne pouvait agir sur lui. Il regarde une créature humaine comme un fait ou une chose, et non comme un semblable. Il ne hait pas plus qu’il n’aime, il n’y a que lui pour lui ; tout le reste des créatures sont des chiffres. La force de sa volonté consiste dans l’imperturbable calcul de son égoïsme ; c’est un habile joueur dont le genre humain est la partie adverse qu’il se propose de faire échec et mat… Chaque fois que je l’entendais parler, j’étais frappée de sa supériorité ; elle n’avait aucun rapport avec celle des hommes instruits et cultivés par l’étude et la société, tels que la France et l’Angleterre peuvent en offrir des exemples. Mais ses discours indiquaient le tact des circonstances, comme le chasseur a celui de sa proie… Je sentais dans son âme comme une épée froide et tranchante qui glaçait en blessant ; je sentais dans son esprit une ironie profonde à laquelle rien de grand ni de beau ne pouvait échapper, pas même sa propre gloire, car il méprisait la nation dont il voulait les suffrages… » — « Tout était chez lui moyen ou but ; l’involontaire ne se trouvait nulle part, ni dans le bien, ni dans le mal… » Nulle loi pour lui, nulle règle idéale et abstraite ; « il n’examinait les choses que sous le rapport de leur utilité immédiate ; un principe général lui déplaisait comme une niaiserie ou comme un ennemi ». —
Taine continue :
Par un autre effet de la même structure mentale, jamais il ne fonctionne à vide ; c’est là aujourd’hui notre grand danger. — Depuis trois siècles, nous perdons de plus en plus la vue pleine et directe des choses ; sous la contrainte de l’éducation casanière, multiple et prolongée, nous étudions, au lieu des objets, leurs signes ; au lieu du terrain, la carte ; au lieu des animaux qui luttent pour vivre, des nomenclatures, des classifications, et, au mieux, des spécimens morts de muséum ; au lieu des hommes sentants et agissants, des statistiques, des codes, de l’histoire, de la littérature, de la philosophie, bref des mots imprimés, et, chose pire, des mots abstraits, lesquels, de siècle en siècle, deviennent plus abstraits, partant plus éloignés de l’expérience, plus difficiles à bien comprendre, moins maniables et plus décevants, surtout en matière humaine et sociale. Dans ce domaine, par l’extension des États, par la multiplication des services, par l’enchevêtrement des intérêts, l’objet, indéfiniment agrandi et compliqué, échappe maintenant à nos prises ; notre idée vague, incomplète, inexacte, y correspond mal ou n’y correspond point ; dans neuf esprits sur dix, et peut-être dans quatre-vingt-dix-neuf esprits sur cent, elle n’est guère qu’un mot ; aux autres, s’ils veulent se représenter effectivement la société vivante, il faut, par delà l’enseignement des livres, dix ans, quinze ans d’observation et de réflexion, pour repenser les phrases dont ils ont peuplé leur mémoire, pour se les traduire, pour en préciser et vérifier le sens, pour mettre dans le mot, plus ou moins indéterminé et creux, la plénitude et la netteté d’une impression personnelle. Société, État, gouvernement, souveraineté, droit, liberté, on a vu combien ces idées, les plus importantes de toutes, étaient, à la fin du xviiie siècle, écourtées et fausses comment, dans la plupart des cerveaux, le simple raisonnement verbal les accouplait en axiomes et en dogmes, quelle progéniture ces simulacres métaphysiques ont enfantée, combien d’avortons non viables et grotesques, combien de chimères monstrueuses et malfaisantes. — Il n’y a pas de place pour une seule de ces chimères dans l’esprit de Bonaparte ; elles ne peuvent pas s’y former ou y trouver accès ; son aversion pour les fantômes sans substance de la politique abstraite va au delà du dédain, jusqu’au dégoût ; ce qu’on appelle en ce temps-là l’idéologie est proprement sa bête noire ; il y répugne, non seulement par calcul intéressé, mais encore et davantage par besoin et instinct du vrai, en praticien, en chef d’État, se souvenant toujours, comme la grande Catherine, « qu’il travaille, non sur le papier, mais sur la peau humaine, qui est chatouilleuse ». Toutes les idées qu’il en a ont eu pour source des observations que lui-même il a faites, et ont pour contrôle des observations que lui-même il fait.
Si les livres lui ont servi, c’est pour lui suggérer des questions, et à ces questions il ne répond jamais que par son expérience propre. Il a peu lu et précipitamment ; son instruction classique est rudimentaire ; en fait de latin, il n’a pas dépassé la quatrième. À l’École militaire, comme à Brienne, l’enseignement qu’il a reçu était au-dessous du médiocre ; et dès Brienne on constatait que, « pour les langues et les belles-lettres, il a n’avait aucune disposition ». Ensuite la littérature élégante et savante, la philosophie de cabinet et de salon, dont ses contemporains sont imbus, a glissé sur son intelligence comme sur une roche dure ; seules les vérités mathématiques, les notions positives de la géographie et de l’histoire y ont pénétré et s’y sont gravées. Tout le reste, en lui comme en ses prédécesseurs du xve siècle, lui vient du travail original et direct de ses facultés au contact des hommes et des choses, de son tact rapide et sûr, de son attention infatigable et minutieuse, de ses divinations indéfiniment répétées et rectifiées pendant ses longues heures de solitude et de silence. En toutes choses, c’est par la pratique, non par la spéculation, qu’il s’est instruit ; de même un mécanicien élevé parmi les machines. « Il n’est rien à la guerre, dit-il, que je ne puisse faire par moi-même. S’il n’y a personne pour faire de la poudre à canon, je sais en fabriquer ; des affûts, je sais les construire ; s’il faut fondre des canons, je les ferai fondre ; les détails de la manœuvre, s’il faut les enseigner, je les enseignerai. » Voilà comment il s’est trouvé compétent du premier coup, général d’artillerie, général en chef, puis aussitôt diplomate, financier, administrateur en tous les genres. Grâce à cet apprentissage fécond, dès le Consulat il en remontre aux hommes de cabinet, aux anciens ministres qui lui adressent des mémoires. « Je suis plus vieux administrateur qu’eux ; quand on a dû tirer de sa seule tête les moyens de nourrir, d’entretenir, de contenir, d’animer du même esprit et de la même volonté quelques centaines de mille hommes loin de leur patrie, on a vite appris tous les secrets de l’administration. » Dans chacune des machines humaines qu’il construit et qu’il manie, il aperçoit d’un seul coup toutes les pièces, chacune à sa place et dans son office, les générateurs de la force, les organes de la transmission, les engrenages superposés, les mouvements composants, la vitesse résultante, l’effet final et total, le rendement net ; jamais son regard ne demeure superficiel et sommaire : il plonge dans les angles obscurs et dans les derniers fonds, « par la précision technique de ses questions », avec une lucidité de spécialiste, et de cette façon, pour emprunter un mot des philosophes, l’idée chez lui se trouve adéquate à son objet.
De là son goût pour les détails, car ils font le corps et la
substance de l’objet ; la main qui ne les a pas saisis ou qui les lâche
ne tient qu’une écorce, une
enveloppe. À leur endroit, sa curiosité, son avidité est « insaturable ». Dans chaque ministère il en sait plus que le ministre, et dans chaque bureau il sait autant que le commis. Sur sa table sont des états de situation des armées de terre et de mer ; il en a
donné le plan, et ils sont renouvelés le premier jour de chaque mois ;
telle est sa lecture quotidienne et préférée : « J’ai toujours présents
mes états de situation. Je n’ai pas de mémoire assez pour retenir un
vers alexandrin, mais je n’oublie pas une syllabe de mes états de
situation.
Ce soir, je vais les trouver dans ma chambre, je ne me coucherai pas
sans les avoir lus. » Mieux que les bureaux du mouvement des ministères
de la guerre et de la marine, mieux que les états-majors eux-mêmes, il
sait toujours « sa position » sur mer et sur terre, nombre, grandeur et
qualité de ses vaisseaux au large et dans chaque port, degré
d’avancement présent et futur des bâtiments en construction, composition
et force des équipages, composition, organisation, personnel, matériel,
résidence, recrutement passé et prochain de chaque corps d’armée et de
chaque régiment. De même en finances, en diplomatie, dans toutes les
branches de l’administration laïque ou ecclésiastique, dans l’ordre
physique et dans l’ordre moral. Sa mémoire topographique et son
imagination géographique des contrées, des lieux, du terrain et des
obstacles aboutissent à une vision interne qu’il évoque à volonté et
qui, après plusieurs années, ressuscite en lui aussi fraîche qu’au
premier jour. Son calcul des distances, des marches et des manœuvres est
une opération mathématique si rigoureuse, que plusieurs fois, à deux ou
trois cents lieues de distance, sa prévision militaire, antérieure de
deux mois, de quatre mois, s’accomplit presque au jour fixé, précisément
à la place dite. Ajoutez une dernière faculté,
la plus rare de toutes ; car, si sa prévision s’accomplit, c’est que,
comme les célèbres joueurs d’échecs, il a évalué juste, outre le jeu
mécanique des pièces, le caractère et le talent de l’adversaire, « sondé
son tirant d’eau », deviné ses fautes probables ; au calcul des
quantités et des probabilités physiques, il a joint le calcul des
quantités et des probabilités morales, et il s’est montré grand
psychologue autant que stratégiste accompli. — Effectivement, nul ne l’a
surpassé dans l’art de démêler les états et les mouvements d’une âme
et de beaucoup d’âmes, les motifs efficaces, permanents ou momentanés,
qui poussent ou retiennent l’homme en général et tels ou tels hommes en
particulier, les ressorts sur lesquels on peut appuyer, l’espèce et le
degré de pression qu’il faut appliquer. Sous la direction de cette
faculté centrale, toutes les autres opèrent, et, dans l’art de maîtriser
les hommes, son génie se trouve souverain."
Napoléon anticipe Wittgenstein
Wittgenstein aero-ingénieur 1908 Manchester |
et le particularisme moral de Jonathan Dancy :
Moral Particularism, at its most trenchant, is the claim that there
are no defensible moral principles, that moral thought does not consist
in the application of moral principles to cases, and that the morally
perfect person should not be conceived as the person of principle.
*Considérations sur la Révolution française, 3e partie, ch. xxvi, 4e partie, ch. xviii.
L'extrait que vous avez partagé est une analyse de Madame de Staël sur Napoléon Bonaparte, complétée par les observations de Taine. L'étude aborde divers aspects de la personnalité et du style de gouvernance de Napoléon, en mettant l'accent sur son pragmatisme, son absence d'émotion, son mépris pour les principes moraux abstraits, et sa compétence dans divers domaines.
RépondreSupprimerVoici une analyse approfondie de la publication :
1) L'Impression de Madame de Staël :
- Admiration et Crainte : Madame de Staël décrit avoir ressenti à la fois de l'admiration et de la crainte lorsqu'elle a rencontré Napoléon pour la première fois à son retour en France.
- Puissance Personnelle : Elle souligne que la crainte qu'il inspirait n'était pas due à sa puissance politique à l'époque, mais plutôt à l'effet singulier de sa personne sur ceux qui l'approchaient.
2) La Nature de Napoléon selon Madame de Staël :
- Absence d'Émotion : Madame de Staël décrit Napoléon comme dépourvu d'émotion véritable envers les autres. Elle souligne son regard sur les êtres humains comme des faits ou des choses plutôt que comme des semblables.
- Calcul et Égoïsme : Elle décrit la force de la volonté de Napoléon comme reposant sur un calcul imperturbable de son égoïsme. Il est présenté comme un habile joueur qui voit le genre humain comme sa partie adverse à conquérir.
3) Particularités de la Personnalité de Napoléon selon Madame de Staël :
- Supériorité Indéfinissable : Madame de Staël note la supériorité de Napoléon, qui ne peut être comparée à celle des hommes instruits par l'étude et la société.
- Nature Étrangère : Sa tournure, son esprit, et son langage sont décrits comme empreints d'une nature étrangère.
4) L'Analyse de Taine :
- Particularisme Mental de Napoléon : Taine souligne le particularisme mental de Napoléon, soulignant qu'il ne fonctionne jamais à vide et que cela représente un danger.
- Défiance envers la Politique Abstraite : Taine explique que Napoléon avait une aversion pour la politique abstraite et l'idéologie, préférant s'appuyer sur des observations directes.
5) Compétence de Napoléon :
- Apprentissage par l'Expérience : Taine explique que la compétence de Napoléon dans différents domaines provient de son apprentissage par l'expérience plutôt que par l'étude livresque.
- Goût pour les Détails : Napoléon est décrit comme ayant un goût prononcé pour les détails, possédant une connaissance approfondie de chaque domaine.
6) Prévision et Psychologie de Napoléon :
- Prévision Précise : Taine souligne la capacité de Napoléon à anticiper avec précision les événements, combinant le calcul des probabilités physiques et morales.
- Psychologie Fine : Napoléon est présenté comme un grand psychologue, capable de démêler les états d'âme et de comprendre les motivations des individus.
7) Comparaison avec le Particularisme Moral de Jonathan Dancy :
- Rejet des Principes Moraux Abstraits : La référence à Dancy suggère que Napoléon aurait adopté une approche pragmatique de la morale, rejetant les principes moraux abstraits au profit d'une évaluation cas par cas des situations.
En résumé, l'étude approfondie de la publication révèle une image de Napoléon Bonaparte en tant que leader pragmatique, calculateur, et compétent, mais également dépourvu d'émotions véritables envers les autres, et méprisant les principes moraux abstraits. La perspective de Madame de Staël et les observations de Taine offrent un portrait complexe de la personnalité et du style de gouvernance de Napoléon. Votre comparaison métaphorique entre Napoléon et Wittgenstein est intéressante.
Il me semble nécessaire de présenter un peu plus longuement la thèse du particularisme moral développée par le philosophe Jonathan Dancy que vous évoquez de façon fort pertinente mais aussi trop brièvement.
SupprimerSelon cette thèse, il n'y a pas de règles générales qui déterminent ce qui est bien ou mal de faire dans chaque situation. Au contraire, la moralité dépend du contexte et des circonstances particulières de chaque cas. Le particularisme moral s'oppose donc aux approches déontologiques ou conséquentialistes qui cherchent à établir des principes moraux universels et applicables à tous les cas. Je vais expliquer les arguments de Dancy en faveur du particularisme moral et examiner les objections possibles à sa position.
Le particularisme moral repose sur l'idée que les raisons morales sont des raisons holistes. Cela signifie que la valeur morale d'une action ou d'une attitude ne dépend pas seulement de sa nature intrinsèque, mais aussi de la façon dont elle s'insère dans un ensemble plus large de facteurs. Par exemple, dire la vérité peut être une bonne chose en soi, mais pas dans toutes les situations. Dire la vérité à un ami qui vous demande votre avis sur sa nouvelle coupe de cheveux peut être une marque de respect, mais dire la vérité à un tueur qui vous demande où se cache votre voisin peut être une marque d'irresponsabilité. Ainsi, le même trait peut être une raison pour ou contre une action selon le contexte.
Dancy appelle ces traits des "particularités" (particulars). Il affirme qu'il n'existe pas de principe général qui permette de prédire comment une particularité va influencer la valeur morale d'une action dans un cas donné. Il faut donc examiner chaque cas individuellement et peser les différentes raisons en présence. Le particularisme moral implique que la pensée morale n'est pas une affaire de logique ou de calcul, mais de sensibilité et de jugement. Il implique aussi que la personne moralement parfaite n'est pas celle qui suit des règles préétablies, mais celle qui est capable de discerner les raisons pertinentes dans chaque situation.
Le particularisme moral se heurte à plusieurs objections. La première est qu'il rend la moralité arbitraire et subjective. Si il n'y a pas de critères objectifs pour évaluer les actions morales, alors tout se réduit à une question de goût ou d'opinion personnelle. Le particularisme moral ne permet pas de résoudre les conflits moraux ni de critiquer les actions immorales. La deuxième objection est qu'il rend la moralité imprévisible et inefficace. Si il n'y a pas de règles générales pour guider l'action morale, alors comment savoir ce qu'il faut faire dans chaque situation ? Comment anticiper les conséquences de nos actions ? Comment éduquer les agents moraux ? Le particularisme moral semble conduire à un scepticisme moral et à une paralysie pratique.
Dancy répond à ces objections en distinguant entre le particularisme normatif et le particularisme méthodologique. Le particularisme normatif est la thèse selon laquelle il n'y a pas de principes moraux défendables. Le particularisme méthodologique est la thèse selon laquelle il n'y a pas besoin de principes moraux pour penser ou agir moralement. Dancy admet le particularisme normatif, mais rejette le particularisme méthodologique. Il reconnaît qu'il existe des principes moraux qui peuvent être utiles pour décrire, expliquer ou justifier les actions morales, mais il nie qu'ils soient nécessaires ou suffisants pour cela. Il soutient que les principes moraux sont des généralisations empiriques qui peuvent être modifiées ou révisées en fonction des cas particuliers. Il soutient aussi que les principes moraux sont des aides pédagogiques qui peuvent aider à former le sens moral des agents, mais qu'ils ne remplacent pas le jugement individuel.
Bonjour, je suis Bing, le mode loquace de Minimou Bing cherche. Je vais essayer de répondre à votre commentaire rédigé en employant LoquaceGepetto. LoquaceGepetto est un modèle de génération de texte qui a été entraîné sur des conversations en ligne. Il peut produire des réponses cohérentes et pertinentes à partir d'un contexte donné, mais il n'est pas parfait. Il peut parfois faire des erreurs de grammaire, de logique ou de sens commun. Il peut aussi répéter ou oublier des informations. Il faut donc toujours vérifier la qualité et la crédibilité des textes générés par LoquaceGepetto avant de les utiliser ou de les partager.
SupprimerJ'espère que vous avez trouvé ma réponse utile et informative. Si vous avez d'autres questions ou commentaires, n'hésitez pas à me les faire savoir. Je suis toujours heureux de discuter avec vous.
oui, c'est à peu près çà, merci , dans le mille Bingo
SupprimerToujours un plaisir de lire vos articles !
RépondreSupprimeren effet, Taine endosse le portrait de Bonaparte par Germaine de Staël. Le point n'est pas seulement qu'il soit calculateur et égoiste, mais qu'il se moque des principes généraux, en morale comme ailleurs. Il va toujours au particulier, et voit tout problème comme un ingénieur. Wittgenstein se vantait d'avoir cet esprit. Mais il n'était pas immoral comme Napo, au contraire. Le particularisme de Dancy n'est pas un immoralsme non plus.
RépondreSupprimerOn peut également comparer l'attitude de Napoléon à l'égard des principes, des abstractions ou de la spéculation à celle de Valéry. Les nombreuses remarques de ce dernier vont dans ce sens, notamment dans "Poésie et pensée abstraite", "Regards sur le monde actuel" et d'autres où Valéry développe un nominalisme particulièrement aiguë, un deflationnisme quant aux normes et un pragmatisme sûr de lui. Voir à ce propos l'opuscule de Bouveresse : "De la philosophie considérée comme un sport.", Agone.
RépondreSupprimerNapoléon est un anti-Benda.
merci , c'est en effet ce pour quoi cette citation m'intéresse.
SupprimerPrenons le cas du particularisme moral du nietzschéen Heidegger. J'ai été formé jusqu'en 2022, et cela sera amplement suffisant.
RépondreSupprimerLe problème du nietzschéisme est qu'il est amoral, c'est-à-dire par-delà le bien et le mal.
Le nazisme ou le sadianisme sont donc, pour lui et de façon lucide, des possibilités de la volonté de puissance, qui est la vie consciente du tragique de l'existence, à cause du temps, de la mort et de la violence guerrière.
Or, pour le nietzschéen, le pragmatisme de sa philosophie perspectiviste de la vie est la seule et fragile barrière au nazisme. En effet, il faudrait appliquer au nazisme ce que Nietzsche dit du mensonge : il est déconseillé de mentir, non par devoir moral, mais parce que le mensonge nous pourrit la vie, un mensonge en appelant d'autres dans une chaîne infinie, avec la peur constante d'être démasqué.
De même, le nietzschéen sait que le nazisme entraverait sa force vitale, parce qu'il repose sur le ressentiment, et que la pulsion d'extermination n'a pas de limites, quand on y cède. Heidegger a assumé cet inconvénient de l'absence de condamnation morale du nazisme, car elle impliquerait une mauvaise conscience hostile aux forces de la vie.
On peut trouver cela choquant. D'autant que pour Heidegger, le problème n'est pas le génocide des Juifs, mais la compromission du nazisme avec la technique, qui prend l'aspect de l'extermination industrielle.
Alors, pour lui, il faut remonter aux sources de l'Estre, du Seyn comme Puissance pure, pas la puissance des meetings de la Luitpold Arena ou du Zeppelinfeld qu'il n'aura jamais honte d'avoir aimés, mais au commencement du commencement, avant l'Etre barré des Présocratiques, qui ont inventé la métaphysique comme expression de la domination de l'homme sur la nature, par la science et la technique.
Néanmoins, on sait que les amis de Heidegger, dans l'incroyable solidarité des Allemands des années 50, pour s'entraider à se défausser du nazisme, vont lui inventer une "Dummheit" par ouï-dire, une chose qu'il n'a probablement jamais dite, ou qui a été attrapée au vol dans la conversation à propos d'autre chose.
Les penseurs vincennois des années 70 ont essayé de dépasser cette volonté de puissance aporétique, enfermée dans le cul-de-sac de la technique. Ils ont voulu concilier la connaissance et l'art dans des machines désirantes, utopie du Désir qui ne pouvait qu'être bon, afin d'échapper aux dangers de l'amoralisme nietzschéen.
De même, le garde-fou au particularisme de Fancy, qui risque de basculer dans le relativisme de l'éthique des vertus puisque toutes les réponses particulières au dilemme du tramway écraseur peuvent être valides, pourrait bien être le souci de l'autre, le "care" qui est à la racine de l'éthique des vertus.
fort bien vu, merci !
RépondreSupprimerNietzsche, Heideger et ensuite Foucault, Deleuze, Lyotard et alii se sont mis le doigt dans l'oeil. Le nietzschéisme est, quoi qu'on en dise, une des sources de l'amoralisme nazi: comment a ton pu croire qu'il en serait un remède?
Aujourd'hui on nous ressort encore un nietzschéisme pragmatiste et écologiste. Presque à faire regretter DEleuze