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samedi 18 juin 2016

inépuisable sujet




Tous les termes de bêtise ne sont pas synonymes. La plupart sont évaluatifs et non pas descriptifs : ils indiquent une dépréciation dans le jugement de celui qui les porte. Seuls idiot, imbécile ou crétin ont acquis le statut descriptif de catégories médicales ou psychologiques. Etre bête, n’est pas nécessairement être abruti ou brute, ou buse. On peut être bêta, ou buse, sans être un butor. On peut être ballot, lourdaud ou benêt, sans être pour autant cloche ou cruche, sans qu’il soit très aisé de voir les différences (une cloche se laisse sonner, une cruche est fragile comme le débile (debole, que Vattimo a élevé au rend de pensiero).  « Con » mériterait un traité. C’est l’adjectif maximal : il implique tous les autres, mais les autres ne l' impliquent pas. Un con n’est ni un simple crétin, ni un idiot, ni une gourde ou une godiche, mais un con qui ne serait pas un crétin ou un idiot serait un drôle de con. En revanche être gourde ou godiche, crétin ou idiot, n’implique pas qu’on soit un con. « Con » n’a pas d’équivalent aisé d’une langue à l’autre : « tonto » en espagnol n’a pas tout à fait le même sens  que con (« Besa me, tonto » c’est « embrasse-moi, idiot »), moron n’est pas tout à fait asshole , lesquels ne sont pas tout à fait cons ( asshole c’est plutôt connard). On a appliqué la thèse de Sapir-Whorf aux noms de couleur, pourrait-on l’appliquer aux noms de connerie ? Je ne crois pas : de même que la raison est universelle, la bêtise est universelle, c’est peut-être même le paradigme de l’universalité. On dit souvent qu’on ne peut pas en faire de théorie car elle est trop diverse et fluctuante, voire insaisissable. Mais c’est faux. Il y a une essence de la bêtise, qui ne varie pas. 

     Beaucoup de termes de bêtise désignent un manque ou un déficit : faible d’esprit, débile, enfoiré. Mais certains termes de bêtise peuvent impliquer une certaine intelligence : si l’on est bonhomme, ballot ou lourdingue, on n’est pas pour autant idiot, imbécile ou minus habens. Certains termes désignent surtout la crédulité : gogo, De même nunuche, cucul ou tarte, désignent une certaine forme de ridicule, qui tient à la niaiserie. La niaiserie est une forme de bêtise aimable, bienveillante, qui apporte des bonbons. Nombre de termes de bêtise désignent une faiblesse partielle –cloche, cruche, dadais, nigaud – sans impliquer un manque complet d’intelligence, à la différence d’autres termes qui indiquent une privation quasi complète : âne, buse, oie, patate, bécasse. Il est intéressant de noter, outre les termes animaliers qui consonnent avec la bêtise, que presque tous désignent des dispositions non pas seulement temporaires (ballot, maladroit, lourdingue), mais permanentes, c’est-à-dire des caractères, comme moule ou benêt.  Certains termes réfèrent essentiellement à une forme d’incapacité à l’émotion épistémique, qui est le contraire de l’étonnement et de la curiosité : stupide (qui vient de stupor) veut dire hébété, ahuri, brute. Certains termes désignent une inaptitude à la perception, comme buse, d’autres des maladresses pratiques (godiche, balourd, lourdaud, gourde). D’autres termes désignent plutôt une inaptitude au raisonnement et au jugement, comme obtus. Enfin, il y a une différence importante entre la bêtise involontaire et la bêtise volontaire : un sot n’est pas tant un crétin ou un imbécile congénital que quelqu’un qui ne respecte pas les valeurs de l’esprit et les ignore volontairement. Un sot est souvent vaniteux et fat , et la vanité est une forme de bêtise morale. Un innocent par définition ne fait pas le mal volontairement, mais il y a des bêtises qu’on presque dire réfléchies ou conscientes d’elles même. Un butor n’est pas un idiot, c’est plutôt quelqu’un d’insensible à autrui, un impoli. On peut avoir de l’esprit et être bête – quand on est bel esprit – et être intelligent et manquer d’esprit. Un homme stupide n’est pas pour autant malhonnête, ni, en ce sens, blâmable, mais il y a des formes de bêtise savante, distinguée et vaniteuses, qui sont des formes de malhonnêteté et de vice. On atteint alors la forme la plus profonde de bêtise : celle qui dévalorise consciemment et librement l’esprit. C’est ce vice, la sottise, qui se rapproche le plus de la folie. Le fool n’est pas crazy, ni mad. Il cultive sa propre sottise. Il a bien en commun avec le baratineur (bullshitter) et le snob.

     Enfin, la bêtise se prête différemment aux genres artistiques. Elle engendre des poèmes (La Dunciade, La Fontaine ) des romans et des personnages ( Pantagruel, Homais, Bouvard et Pécuchet, Sturm), des soties et des satires (Lucien, Juvénal, Swift, Voltaire), des essais (Musil, Valéry, Roger), des éloges (Erasme, Jean Paul) des pièces de théâtre (Aristophane, Plaute, Molière, Racine, Labiche, Feydeau, Ionesco, Stoppard), des chansons (Brel, Brassens), des films sur la connerie, mais pas à ma connaissance de traités philosophiques ou scientifiques. Il y a des opérettes sur la bêtise (L’opéra de quat’sous, Offenbach) mais à ma connaissance pas d’opéra. La bêtise est très présente dans la religion (pourquoi ?) et elle est même une figure de l’Evangile. Il y a la fameuse parole du sermon sur la montagne sur les pauvres en esprit, qui a fait couler bien de l’encre. Nicodème (Jean 3) est-il un idiot ou un sot, est-il un faux naïf ou un vrai naïf ? Quoiqu’il en soit, si, en colère dans un embouteillage ou un accident automobile je lance à un autre conducteur : «  Vas donc, eh Nicodème ! », je doute qu’il saisisse. Ce sera alors un con.
 

48 commentaires:

  1. C'est sans doute bête de croire qu'il n'y a qu'un seul type de bêtise mais n'est-ce pas injustifié de penser qu'il y a autant de types que de concepts ?
    La liste de mots est en effet étonnamment abondante mais ne sont-ils pas utilisés souvent pour dire la même chose ?
    Il est certes possible de constituer une typologie fine sur la base de la richesse du vocabulaire mais est-ce invention de l'auteur de la typologie ou découverte de sa part ou explicitation d'une découverte collective dont la langue serait porteuse ?

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  2. J'ai suggéré en effet que tous les termes ne sont pas équivalents. Et donc qu'il y a, marqués, dans la langue, différents concepts de bêtise. Mais ces différents concepts renvoient tous à une essence commune, tout comme il y a différentes races de chiens, qui remontent tous au loup.... je pourrais m'expliquer en termes plus aristotéliciens...

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  3. Certes les différents noms de chiens désignent différences races, types de chiens mais en ce qui concerne la bêtise n'y a-t-il pas beaucoup plus de noms que de types de bêtise ? Si c'est le cas, c'est le vocabulaire qui est inépuisable et qui trompe alors sur la marchandise. Pareillement il y a mille manières de désigner la mort. Et il y a aussi "bête comme la mort" !

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  4. Oui, il y a des différences spécifiques sous l'espèce chien, mais une essence commune canine. A l'intérieur de ces différences, il y a aussi des classes de chiens : fox terrier, épagneul, lévrier , etc. Et il y a évidemment des termes variés : toutou, cleps, clébard.
    En quoi serait il interdit de faire pour la bêtise, de pareils classements et d'en distinguer des espèces variées, et des différences spécifiques? La thèse à laquelle je m'oppose est celle, wittgensteinienne, selon laquelle il n'y aurait que des ressemblances de famille, pas une essence commune.

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  5. J'entends bien mais la difficulté est de faire la distinction entre la masse des termes variés et les termes désignant les classes réelles. Et mon idée est que la richesse est peut-être plus du côté des termes que des classes !

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  6. Il y a certes des synonymes et des quasi synonymes dans ma liste. Mais cela ne veut pas dire qu'il y ait des types très variés de bêtise. A mon avis il y a deux grandes classes : la bêtise comme défaut intellectuel et la bêtise comme défaut moral. Il y a des imbéciles très moraux, mais le pire bêtise est celle qui ignore la morale de l'intellect, la bêtise que Musil appelait "intelligente".

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  7. Parmi les formes de bêtise, la connerie se décline elle-même en un nombre impressionnant de sous-catégories. Peut-on vraiment soutenir que le "petit con" relève de la même forme de connerie que le "grand con"? que s'exprime à travers eux une même essence de la connerie ? de même pour le "sacré con" , le "vieux con", le "gros con", le "fieffé con", sans même parler du " connard" (ou de la "connasse "). Il semble bien qu'il y ait, derrière chaque terme, des degrés différents de mépris et qu'ils renvoient chacun à une réalité spécifique. Peut-être n'ont-ils en commun que le fait de poser celui dont on parle comme bas, méprisable, insignifiant, sans se soucier d'identifier le caractère moral ou intellectuel de ce qui en lui appelle ce jugement définitif et brutal, tombant comme un couperet. N'est-on pas, par ailleurs, toujours le con de quelqu'un ? Petit livre de Georges Picard, chez Corti : "De la connerie" (1994).

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  8. Certes "con" et bien d'autres termes de bêtise sont des expressions évaluatives. Mais cela ne veut pas dire que la bêtise ou la connerie soit dans l'oeil de l'observateur. On est con tout comme on a des globules blancs, c'est une nature. Il me semble que le sens commun le sent, quand il désigne la connerie comme un trait de caractère permanent, et non pas transitoire. Quand on est con, on est con, c'est affaire d'essence, et comme eût dit Leibniz , de constitution interne.

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    1. Si on adopte la perspective (apparente ?) du "sens commun", il est vain de reprocher à quiconque d'être ce qu'il est (con), sachant qu'il ne peut être autrement. Mais notre irritation devant la connerie d'un individu repose implicitement sur la croyance qu'il en est responsable, alors que l'essentialisme devrait logiquement nous l'interdire. Si le terme "con" est évaluatif, tout en désignant une propriété "objective", c'est à l'égard de la nature que nous devrions manifester notre colère et non à l'endroit de l'individu lésé dans la distribution des rôles...

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    2. justement on enrage de voir qu'alors que les gens sont responsables de leur connerie il sont collés à elle comme à une nature.

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  9. Il y a un opéra de Rameau, "Platée", qui montre la bêtise d'une nymphe batracienne, qui règne sur un marais et qui croit sérieusement que Jupiter est amoureux d'elle. Il s'agit en réalité d'un stratagème des dieux pour guérir Junon de sa jalousie. En traitant la mythologie sur un mode bouffon, Rameau annonçait Offenbach. Pour les initiés, Rameau dans son opéra se moquait du fils de Louis XV, qui avait épousé une princesse laide. L'aristocratie riait d'elle-même et prenait cela pour un sommet d'intelligence, mais mal lui en prit.
    Le marécage coassant est par excellence le milieu de la bêtise. On attribue la bêtise aux animaux, ou aux produits du règne végétal, pour dénoncer la bêtise des personnes par analogie. Il y aurait comme une échelle graduée de la bêtise dans la Création, qui explique la diversité des termes pour la nommer.
    En ce qui concerne l'idiotie, Clément Rosset dit que le réel est idiot, au sens étymologique. Et il y a l'idiotie christique, illustrée par Dostoïevski.

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    1. Et n'oublions pas, à propos de Dostoïevski, l'étymologie de "crétin", qui le rattache, par le valaisan, à "chrétien".

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    2. Cela nous rapproche des Béatitudes :

      Heureux les pauvres en esprit, car le royaume des cieux est à eux!

      Mais "pauvres d'esprit" ne veut pas dire "crétin", mais ceux qui s'abaissent en esprit face à Dieu. Je ne connais pas le terme hébreux. Il y a des masses de commentaires là dessus, que je ne vais pas reprendre un dimanche matin, à l'heure de la messe ou du culte.

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    3. Les spécialistes disent aussi que les valaisiens parlaient du crétin comme de celui qui était sur les crêtes. Le crétin plane. De là le glissement vers le chrétien, sans doute à cause de sa version mystique. Le gros bon sens cherche toujours à ramener les gens sur terre. C'est une question de survie. D'ailleurs, on peut se poser le problème de la gestion de la bêtise, la sienne propre quand c'est le cas, et celle des autres.

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  10. Merci pour Platée. L'opera bouffe est en effet ce qui s'approche le plus de la comédie , qui rit de la bêtise par tradition.
    Clément Rosset tient sur la bêtise le même discours que Schopenhauer. Selon ce dernier la bêtise est le produit de la raison, qui est bête de ne pas voir que le monde est bête en soi. Je tiens au contraire la bêtise, dans son essence la plus empoisonnée, comme un vice moral, une incapacité à reconnaître les valeurs de l'intellect. La raison n'est pas bête.

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  11. Pour Platée, écoutez Mireille Delunsch :
    https://www.youtube.com/watch?v=cpwYjawWCZE

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  12. Il y aussi le cas de l'humour bête et méchant, puisque bêtise et méchanceté vont ensemble. C'est l'humour nul qui a encore du succès. Si l'on comprend que l'on peut s'en tirer dans la société en faisant rire de sa bêtise, est-on encore bête ? C'est le rôle du bouffon. Il y eut d'ailleurs une Querelle des Bouffons au XVIIIème siècle. On ne peut pas parler d'intelligence, mais d'astuce dans ce cas. De même qu'il y a une échelle graduée de la bêtise, il y en a une pour l'intelligence. Chez les Grecs, avant la raison, il y a eu la métis, faite d'astuce, de ruse, de dissimulation et même de mensonge. Ulysse est le héros de la métis, l'homme au mille et mille tours et aux mille et mille idées.
    Aujourd'hui, en psychologie, on inventorie toutes les formes d'intelligence : l'intelligence émotionnelle, etc.. Il s'agit de réduire la bêtise comme une peau de chagrin. Dans le cas du cancre, il suffit de gratter pour découvrir un surdoué.

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    1. Le bouffon a peu de choses à voir avec la bêtise, lui qui est le seul homme a pouvoir dire au roi qu'il est nu(l), voyez King Lear par exemple...
      La Querelle des Bouffons ? Hors-sujet encore, puisqu'elle est une controverse de nature strictement musicale impliquant Rameau et les Encyclopédistes...

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    2. j'ai parlé d'opéras bouffe , pas de bouffons.
      Mais le bouffon rit de la bêtise, non? - , ce que disait l'intervention précédente

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    3. Aussi n'est-ce pas à vous, monsieur, que ce discours s'adresse...

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    4. Alors ayez l'amabilité de signaler à qui vous entendez répondre , cela facilitera mon travail de modérateur - animateur - complice.

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    5. Le bouffon pourrait dire comme Esope aux moqueurs : "Riez, je n'existe que par votre rire !".
      Pauvre Roi Lear, complètement fini. Même son bouffon ne le respectait plus !

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  13. L'idée qu'il y a des degrés de bêtise me semble liée à une conception de la bêtise assez intellectualiste, comme rationalité et comme intelligence. La rationalité a des degrés, et on est plus ou moins rationnel ( même s'il y a des bases minimales de rationalité) et plus ou moins intelligent ( il y a, comme vous dites , plein de formes d'intelligence: c'est la chose du monde la mieux partagée: d'ailleurs, moyennant un i-pad, un i-phone, et face de bouc , tout le monde il est beau, tout le monde il est intelligent, et gentil en plus. C'est une forme d'intelligence conne que celle du minus habens ( qu'il ne faut pas traiter comme tel , car il est un consommateur). Alors que la vraie bêtise, celle du sot qui sait sa sottise et la revendique, est affaire de sensibilités aux valeurs de l'intellect. Cette conception n'admet pas de degrés ; elle est catégorique. On est bête, ou pas, ou plutôt sot ou pas, car je serais prêt à garder le terme de "bêtise" pour le déficit intellectuel, et celui de sottise pour le déficit éthique ( en matière intellectuelle) .

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    1. Ces lignes de La Bruyère opposent aussi la sottise en bloc à des degrés d'intelligence :

      " Les sots lisent un livre, et ne l’entendent point ; les esprits médiocres croient l’entendre parfaitement ; les grands esprits ne l’entendent quelquefois pas tout entier : ils trouvent obscur ce qui est obscur, comme ils trouvent clair ce qui est clair ; les beaux esprits veulent trouver obscur ce qui ne l’est point, et ne pas entendre ce qui est fort intelligible."

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  14. La Bruyère a clairement aussi une conception essentialiste de la bêtise (qu'il appelle sottise), voyez plutôt :

    " Le sot est automate, il est machine, il est ressort ; le poids l’emporte, le fait mouvoir, le fait tourner, et toujours, et dans le même sens, et avec la même égalité ; il est uniforme, il ne se dément point : qui l’a vu une fois, l’a vu dans tous les instants et dans toutes les périodes de sa vie ; c’est tout au plus le bœuf qui meugle, ou le merle qui siffle : il est fixé et déterminé par sa nature, et j’ose dire par son espèce. Ce qui paraît le moins en lui, c’est son âme ; elle n’agit point, elle ne s’exerce point, elle se repose." De l'homme 142

    Mais soutenir qu'il y a une essence de la sottise n'implique pas que le sot ne puisse pas accidentellement ne pas être sot :

    "Le sot ne meurt point ; ou si cela lui arrive selon notre manière de parler, il est vrai de dire qu’il gagne à mourir, et que dans ce moment où les autres meurent, il commence à vivre. Son âme alors pense, raisonne, infère, conclut, juge, prévoit, fait précisément tout ce qu’elle ne faisait point ; elle se trouve dégagée d’une masse de chair où elle était comme ensevelie sans fonction, sans mouvement, sans aucun du moins qui fût digne d’elle : je dirais presque qu’elle rougit de son propre corps et des organes bruts et imparfaits auxquels elle s’est vue attachée si longtemps, et dont elle n’a pu faire qu’un sot ou qu’un stupide ; elle va d’égal avec les grandes âmes, avec celles qui font les bonnes têtes ou les hommes d’esprit. L’âme d’Alain ne se démêle plus d’avec celles du grand Condé, de Richelieu, de Pascal, et de Lingendes." 143

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    1. Retrouvez-vous dans ces lignes d'Épictète la distinction que vous faites plus haut entre la bêtise et la sottise ?
      " Il y a deux sortes de pétrification : celle de l'intelligences et celle du sentiment de honte, lorsqu'on refuse soit de s'incliner devant l'évidence, soit d'abandonner des propositions contradictoires." (Entretiens, I, 5, traduction Robert Muller, Vrin, 2015)
      Dans ce texte Épictète accuserait donc les sceptiques d'être des sots.

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    2. Je pense que les deux cas sont des cas de malhonnêteté intellectuelle : on voit le vrai ou la raison, mais on refuse de les suivre. On est sot. Comme on voit le vrai et la raison, on n'est pas bête. Le sot est une sorte de malhonnête , mais il est sot car il prend le parti de la non raison. Ma théorie va loin. Elle considère comme des cons :
      - les sceptiques
      - les relativistes , les sophistes
      - les nationalistes ( Barrès,etc.)
      - Alain , Valéry
      - les post modernes
      - Foucault et sa suite

      Nietzsche est un cas limite.


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    3. D'accord pour la liste mais pourquoi y inclure Alain ?

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    4. Si je comprends bien, la sottise ne devrait pas être le synonyme de la bêtise. La personne sotte n'est pas totalement dépourvue d'intelligence, elle manque seulement d'intelligence. Mais est-elle responsable de sa sottise, quand elle ne parvient pas à combler cette carence ? Certes, il y a les personnes sottes qui positivent et qui imposent leur sottise comme une valeur, mais comment savoir ?
      On associe également la sottise à l'enfance. C'est une maladresse dans les paroles ou les actes, qui traduit un déficit intellectuel chez l'enfant, par manque de maturité. Voir "Les Malheurs de Sophie" de la Comtesse de Ségur, ou les Katzenjammers Kids. Néanmoins, on parle plutôt des bêtises de Sophie.
      On dirait que la bêtise, ce Sans-Fond indifférencié du marécage, a vocation à tout aspirer. Même le plouc, qui est rustre et grossier, est assimilé à un idiot. Et la connerie a un pouvoir encore plus absorbant que la bêtise (les chauffeurs de taxi, qui inspirent tant les dialoguistes, diraient que les cons sont comme les stops, parce qu'il y en a à tous les coins de rue). Ne risque-t-on pas de devenir bête soi-même, quand on voit des gens bêtes partout ou que l'on répond à la bêtise par la méchanceté ? A la fin de "Platée", la bêtise semble avoir changé de camp. Il est vrai que la Folie en personne accompagne l'intrigue. L'intention de Rameau va peut-être plus loin.
      Une autre question : quand Bergson parlait de tourner le dos à la science, qu'était-il, sinon un intuitionniste ?

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    5. Dans la liste, vous avez omis d'y faire figurer explicitement Montaigne, dont Sainte-Beuve relève " ce dernier tour d'escrime qui consiste à se perdre pour perdre un autre, à s'ôter les armes de la raison pour les mieux enlever à l'adversaire, (et qui) est un coup désespéré dont il ne faut se servir que rarement." (Port-Royal, livre III, 3)

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    6. lire : vous avez omis de faire figurer...

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    7. Sainte Beuve avait parfaitement raison. Benda le suit , dans Exercice d'un enterré vif, dans ce jugement sur Montaigne. Art de la pirouette, auto-satisfaction, esquive, c'est tout Montaigne. On admire sa sagesse: mais en quoi consiste t-elle sinon à renvoyer tout le monde dos à dos?
      Cela me rappelle un souvenir de lycée, en khagne. Un jour notre professeur de français se fait inspecter. Il fait un exposé sur Montaigne. L'inspecteur, pour stimuler la classe , se croit obligé d'interroger les élèves, et pose une question à trou : " Montaigne est un ...., ? un .... ? " et face au silence des potaches, la répète : "Montaigne est un.... ?" Ce qui devait arriver arriva.

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    8. D'un autre point de vue, Albert Thibaudet, adepte du vagabondage critique, voyait en Montaigne, que l'on vante pour son esprit critique, un précurseur de Bergson. En remontant dans la filiation, il trouvait Héraclite et son "Πάντα ῥεῖ".
      A l'inverse, n'est-ce pas la philosophie de l'être de Parménide, qui aurait inspiré Julien Benda ? "La République des Professeurs" d'Albert Thibaudet était la réponse à la "Trahison des clercs" de Benda. Thibaudet critiquait le fanatisme logique et la pensée statique de Benda, sorte de Zénon d'Elée moderne, doctrinaire sans doctrine à cause de son immobilisme.
      De même, Benda attribuait l'invention du nationalisme aux Allemands, sans voir que les "Discours à la nation allemande" de Fichte étaient une réaction à l'expansionnisme français. On ne réalise pas bien que la bataille d'Austerlitz avait mis fin à l'existence du Saint-Empire romain germanique, vieux de presque mille ans. Selon Thibaudet, le nationalisme aurait une version acceptable, qui serait le principe des nationalités.
      Néanmoins, Thibaudet était un européen convaincu. Grâce à lui, la NRF avait fait la jonction avec la Revue de Genève, qui exprimait les idées de la Société des Nations.
      Évidemment, en s'inspirant des affiches de la campagne publicitaire d'Hippopotamus, on pourrait dire que Thibaudet n'était qu'un "picorus picorus".
      Il reste qu'Albert Thibaudet, clerc disciple de Montaigne, aura été l'un des plus beaux fleurons de la critique littéraire universitaire, que notre orléanais Gustave Lanson avait initiée.

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    9. Bien sûr le principe est : Montaigne est toujours en mouvement, il change, il ne reste pas en place - et c'est très bien. C'est ce que Benda appelle du dymanisme, auquel il oppose son statisme. Benda avait une doctrine, ne vous en déplaise.
      Benda avait plus de sens de l'histoire que vous ne le dites. SElon lui l'expansionnisme français , qui n'est que celui de Napoléon, avait comme principe et comme but non pas d'être au service du nationalisme et de la France, mais de refaire l'empire de Charlemagne. La réaction allemande à Napoléon prend par erreur un tour anti-français.
      Benda a bien plus défendu l'Europe que Thibaudet. Thibaudet était clerc, mais il avait trahi.

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    10. Je crois que les "Lois de l'esprit" expliquent cela très bien. J'ai tout l'été pour lire vraiment le livre !

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    11. En gros : Fichte dans ses Discours réagit évidemment au nationalisme révolutionnaire français. Mais c'est en fait à la version napoléonienne de ce nationalisme qu'il réagit. Beaucoup de gens ont assimilé Napoléon à la France, y compris Napo lui-même. Mais Napo était un corse, il haissait les français, et n'a pris le costume révolutionnaire et nationaliste français que parce que cela l'arrangeait. Son agenda était impérial, et son idéal n'était pas l'Etat-nation. Il voulait refaire l'empire de Charlemagne. Evidemment il n'entendait pas, comme Jean Monnet et Rober Schumann , faire une sorte de fédération d'états autonomes, ou de cantons suisses. Il entendait rejouer Charlemagne ou César. Donc distinguons nationalisme et impérialisme.

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  15. Opéra bouffe encore, ds l'Enlèvement au sérail le personnage bête & méchant d'Osmin — par opposition d'une part au noble pacha Selim (dont la supériorité morale & la générosité finale s'inscrivent en faux contre le réducteur "trop bon, trop con") & contrasté d'autre part avec son vis-à-vis féminin, la futée Blondchen qui fait tourner en bourrique ce partisan de la manière forte avec les femmes.

    Je me posais la question du sexe, mais Alain Rey qui admet que l'on "peut y déceler des comparaisons désobligeantes pour la virilité" ex "faire qqch. comme un con, attesté fin 18e s." fait aussi l'hypothèse de la confusion entre "cornard" (tjs le dernier au courant, naïf & aveugle ds les fabliaux, ce qui ne présumerait cependant pas de son intelligence ds d'autres domaines, la crédulité conjugale pouvant se manifester chez un commerçant par ailleurs avisé) & "conart/connart" & rappelle par ailleurs que l'emploi non érotique "est parallèle à ceux de cul, couillon".
    Ce qui ns amène à sa source italienne, coglione (sottise & balourdise au masculin ou simplement ds une zone tabou, "basse" & donc insultante ?) Tjs en italien, le con est généralement le stronzo, c-à-d une merde, un déchet puant (la fertilité n'entre manifestement pas en ligne de compte) adressé à une personne "incapace, stupida o malvagia" (méchante, mauvaise — la dimension morale est aussi présente). Fréquent aussi "deficiente" (imbécile, crétin, faible d'esprit).

    Quid des comparaisons ?
    — Con comme la lune (retour au cul évoqué plus haut ? Ou bien la rondeur de la face joufflue associée à la naïveté ?)
    — con comme un balai ?
    Qt au "manche" = maladroit, lourdaud (& "emmanché" = abruti, imbécile ?) s'y croiseraient (tjs selon A. Rey) deux acceptions, "membre viril" (sans dec') & "manchot", estropié.
    On retrouve, semble-t-il, la maladresse à l'origine d'un terme bcp plus spécifique en français, le "cancre" — entré ds l'argot scolaire à travers une extension métaphorique de "la démarche lente & difficile du crabe". Je le mentionne seulement parce que c'est ainsi que j'aurais spontanément traduit "dunce" — grâce à vs (mais vs en avez peut-être parlé ds un article plus ancien puisque le sujet vs passionne) je découvre que le dull-witted student (l'étudiant lent d'esprit, "dur à la détente") a reçu ce nom en référence aux disciples de Duns Scotus. Mieux vaut tard que jamais.
    Enfin pour revenir à l'évangile & au discours sur la montagne, il me semble que l'expression "pauvre en esprit" désigne une pauvreté spirituelle, une humilité, une conscience de sa faiblesse & de son état d'être "manquant" — qui permet d'accueillir la Grâce, alors que le superbe ne soupçonne pas qu'il pourrait en avoir besoin. L'avantage, si l'on ose dire, avantage tt spirituel, du nécessiteux, c'est qu'il ne peut échapper à la conscience de sa profonde indigence, de sa dépendance.
    Le terme πτωχός est utilisé ds le NT pour les mendiants & les miséreux ; son étymologie est remarquablement parlante avec la posture recroquevillée de celui qui doit "faire profil bas" :
    https://www.blueletterbible.org/lang/lexicon/lexicon.cfm?Strongs=G4434&t=KJV

    (Ne pas savoir faire court doit être une forme de connerie)

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  16. Merci beaucoup , Nescio / Elena. C'est exactement le genre de remarques que j'espérais sur ce billet. L'aspect descriptif et taxinomique est essentiel . Je n'en ai que peu dit sur "pauvres en esprit" et vous dites l'essentiel. Le Christ ne proposait pas la rédemption aux idiots.
    Auriez vous des données sur le vocabulaire allemand ? Je suis un peu court là dessus.

    "Dunce", selon ce que j'ai lu moi aussi, viendrait de Duns Scot, écossais dont les religieux anglais se moquaient pour ses doctrines. Ce serait le seul cas ( unique à ma connaissance) où un philosophe a donné son nom à une insulte. Même aujourd'hui on ne dit pas "Vas donc, espèce de Zizek!" Voyez cependant le philosopher's lexicon .

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  17. Me sont d'abord revenus mémoire "dumm" & "doof" (& les s. Dummkopf & Doofkopp) — ce qui m'a fait prendre conscience que j'avais oublié en anglais "dumb", de même origine — l'un & l'autre associés à l'incapacité de parler, à la mutité. Infirmité complémentaire, doof correspondrait en bas allemand à taub, sourd.
    Blöd se rapprocherait de "débile" par son lien avec la faiblesse, la fragilité.
    J'ai découvert "einfältig" &"tôricht" ds les dictionnaires ainsi que "albern" dont l'étymologie (alawāri = freundlich) présente un certain intérêt. Le sens de "daft" a connu en anglais une évolution semblable — avec quelle facilité glisse-t-on de la gentillesse ou de la confiance à la bêtise. "Language shows that the world seldom appreciates virtue" en conclut Anatoly Liberman, qui examine par la même occasion "silly", "imbecile", "fool" & "crazy" :
    http://blog.oup.com/2013/09/etymology-word-origin-daft-deft-silly-fool/
    (Voir aussi le lien à partir de cette page pour un autre article sur "simpleton" — qui mentionne Les Aventures de Simplicius Simplicissimus de Grimmelshausen).

    Quitte à divaguer, je me demande s'il y a un enseignement à tirer des nuances ds la traduction du titre générique des manuels "for dummies" — pour les nuls chez ns & per negati de l'autre côté des Alpes.

    Je reviens encore à l'italien, avec "sciocco" (bête, stupide, obtus) pour lequel Treccani mentionne non seulement le défaut d'intelligence mais aussi de circonspection & fournit parmi les ex d'usage : sei proprio sciocco a fidarti di gente simile.
    On trouve aussi "grullo" et "goffo" (double sens de gauche, emprunté, timide, maladroit mais aussi incapable, inepte). Sont-ils étanches ou bien faut-il s'interroger sur le caractère localement invalidant ou suspect d'un aspect ou de manières frustes & d'un manque de désinvolture ? (di persona rozza nell’aspetto e nei modi, mancante di disinvoltura, impacciata nei movimenti e nel comportamento).
    Enfin ds les récits siciliens de la bêtise personnifiée, le personnage de Giufà est une sorte d'idiot du village qui tombe ds ts les pièges qu'on ne manque pas de lui tendre (il faut bien s'amuser un peu & sa crédulité fournit d'excellents divertissements) mais qui s'en sort tjs. Ds la version qu'en donne Leonardo Sciascia (ds le recueil Il mare colore del vino) malice & stupidité coexistent à moins qu'elles ne s'échangent & s'inversent. (Ce qui permet d'ailleurs au récitant ou à l'auteur, à l'abri de la "littéralité" de son héros, des doubles sens audacieux)

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  18. j'ai répondu à cette réponse, mais je ne la retrouve plus. Dumm ich

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  19. La réponse à la réponse n'a pas refait surface, dommage.
    Au risque de faire doublon, j'aimerais revenir brièvement sur le bouquet de polarités suggérées par "dull" : lent vs. vif, terne vs. brillant, & "mousse"/ émoussé (// "blunt") vs. piquant, affûté/futé ("sharp" & "Scharfsinn", acumen, agudeza)
    Voir la phrase d'Austen : ‘I do not write for such dull Elves As have not a great deal of Ingenuity themselves.'

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    1. En gros : je vous y remerciais d'être la seule à m'avoir apporté de l'eau au moulin en me donnant ce vocabulaire.
      Selon mes amis , "Torheit" a, contrairement a "Dummheit" un sens éthique: bêtise morale, folie, sottise par opposition à bêtise intellectuelle, stupidité. Mais c'est à vérifier. En italien j'use de Fruttero et Lucentini , Il cretino in sintesi.
      J'ai négligé ingénu, naïf, qui ont encore un autre sens.

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  20. Il ne s'agissait pas en l'occurrence de "ingenuousness" (l'ingénuité du candide) mais bien de "ingenuity", l'ingéniosité de celui qui est doté d'esprit (wit voire genius), qui fait preuve de subtilité ou d'inventivité — de la capacité à penser vraiment, c-à-d à prendre "une vue enrichissante" sur la réalité, à réagir au donné au lieu de le subir pour reprendre les définitions de Benda.
    C'est ma faute, le mot est double et d'autant plus traître ici qu'il était employé dans une phrase à la forme négative.
    Je me demande si cette duplicité de formes existe dès l'origine dans la mesure où l'ingénuité, l'innocente "franchise" de l'ingénu a d'abord une connotation favorable (une certaine noblesse d'âme), comme il convient à une personne née de parents libres (qui n'aurait pas eu besoin de ruser, mentir pour parvenir, & qui n'aurait pas de raison de douter de la sincérité des autres, contrairement à l'affranchi, libertinus ?) Je brode & j'extravague, mais c'est tentant. Tout dépend du rapport entre ingenuitas et ingenium.

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  21. Ah , je pensais que vous donniez une liste de termes dépréciatifs. Ingéniosité est évidemment autre chose d'ingénuité.
    L'ingénu de Voltaire n'est pas si idiot que cela. Ni le naïf de Paul Guth, ou le Valentin Bru de Queneau.
    Ni Simplicius Simplicissimus, que Grass a réinventé dans Le Tambour.
    Les simples d'esprit ont le sens moral, que n'ont pas les gens qui sont dotés de bêtise intelligente, ie, les sots.

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  22. Le "Naïf aux quarante enfants" de Paul Guth vaut un détour. Les vacances approchent et le Pr Scalpel tolérera bien un peu d'école buissonnière !
    Son histoire se passe sous la Quatrième République, dans le monde disparu de l'enseignement des humanités, où tout le monde joue le jeu et y croit. C'est aussi un peu l'histoire du "Cercle des Poètes Disparus", qui pose le problème de la désobéissance du prof qui modernise l'enseignement. Le Naïf est le prof de rêve que nous avons tous voulu avoir, celui qui parvient à faire aimer sa discipline, malgré un cadre rigide, parce qu'il l'aime vraiment. C'est un prof comme les autres, mais qui ne fait rien comme les autres. C'était Deleuze enseignant, même si Deleuze disait dans une interview que la vie des professeurs était rarement intéressante !
    Paul Guth était désuet et antimoderne, sans se faire de complexes, sous un aspect anonyme et banal. On notera tout de même quelque chose de curieux. Il a recommandé la pédagogie de la scientologie à ses collègues, à la fin de sa vie ! Mais en un sens, pour mettre les gens au travail, on n'a jamais fait mieux que les méthodes sectaires.
    Dans la « Khâgne des Années folles », c'est aussi l'époque où l'on commence à vouloir de moins en moins être prof. Aujourd'hui, il y a même un Club des Normaliens dans l'entreprise. Mais le novateur, parmi les condisciples de Paul Guth, sera Georges Pompidou, le dernier Président de l'ère de la prospérité. Après l'agrégation de lettres classiques et un peu d'enseignement, Georges Pompidou entrera à la Banque Rothschild grâce à l'oncle de François Fillon, avant de faire la carrière politique que l'on sait, et en nous léguant une Anthologie de la poésie française. Quelle époque bénie, où les humanités classiques menaient à tout !

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  23. Deleuze ( que je n'ai connu qu'à Vincennes) est le plus grand professeur que j'ai connu. Mais - je ne m'en suis aperçu que plus tard - tout ce qu'il disait était faux, et même profondément faux. Cela montre que le professeur du Cercle des poètes disparus a juste comme rôle de donner le goût de son sujet , et pas celui d'apprendre au sens de donner un savoir.

    Mais enfin de là à priser un Paul Guth, je ne vous suivrai pas. Nous regrettons certes ces professeurs humanistes, mais nous avons aussi terriblement souffert de leur étroitesse d'esprit. On ne leur demandait pas de nous commenter Le Festin Nu de Burroughs ou même juste On the Road de Kerouac, mais quand même ils auraient pu faire mieux.

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