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jeudi 4 janvier 2018

Céline et Benda


                                             Gide et Benda, congrès des écrivains, Mutualité, 1935



     L’annonce (Le Monde, janv 4, 2018)  de la publication prochaine, chez Gallimard, des pamphlets antisémites de Céline conduit à s’interroger sur la nécessité qu’il peut y avoir à rééditer ces textes – disponibles depuis longtemps sur internet. Est-ce pour en faire une édition savante, comme on l'a fait pour Mein Kampf ?  Si oui, espérons que les spécialistes seront sollicités. Est-ce parce qu’en les publiant – contre le vœu de Céline et de Lucette Destouches – on désamorce l’effet «  sous le manteau » ? Quoi qu’il en soit, il y a lieu de s’étonner que Gallimard, pourtant sollicité à cet effet, n’ait pas accepté de rééditer les œuvres de Benda qui figurent dans son fonds ( même si Le discours à la nation européenne est toujours in print et que l’édition de 1969 de La jeunesse d’un clerc est toujours disponible), alors qu’il republie des œuvres de Céline, met Drieu la Rochelle en Pléiade, et publie les articles antisémites de Blanchot, dont j’ai déjà parlé ici. Le titre annoncé - Ecrits polémiques - est faible, si je peux me permettre un euphémisme .
    
     Ici je laisserai la discussion générale sur Céline, que j’ai déjà abordée ailleurs en citant, dans mon livre sur Benda, quelques-unes des insultes que Bardèche, Rebatet, Brasillach, et quelques autres lancèrent contre Benda. Cette discussion ne manquera pas de se reproduire, comme elle l’a fait lors de la publication récente du livre passionnant d’Annick Durrafour et Pierre André Taguieff (1) Céline, la race, le Juif : Légende littéraire et vérité historique. Fayard, 2017. Je me contenterai de noter quelques passages des trois pamphlets sur Benda, l’une des principales cibles de Céline, même si ces passages ne sont, comme tout le reste de ces livres, que des morceaux charriés par la lave d’éructations antisémite de l’auteur.  Je mets ces citations en italiques, en gras les références à Benda. (2) 

Bagatelles  (1937, reed. 1943)

[1] « Un raffiné valable, raffiné de droit, de coutume, officiel, d'habitude doit écrire au moins comme M. Gide, M. Vanderem, M. Benda, M. Duhamel, Mme Colette, Mme Fémina, Mme Valéry, les "Théâtres Français"... pâmer sur la nuance... Mallarmé, Bergson, Alain... troufignoliser l'adjectif... goncourtiser... merde ! enculagailler la moumouche, frénétiser l'Insignifiance, babiller ténu dans la pompe, plastroniser, cocoriquer dans les micros... Révéler mes "disques favoris" ... mes projets de conférences...

Je pourrais, je pourrais bien devenir aussi moi, un styliste véritable, un académique "pertinent". C'est une affaire de travail, une application de mois... peut-être d'années... On arrive à tout... comme dit le proverbe espagnol : "Beaucoup de vaseline, encore plus de patience, Eléphant encugule fourmi."
Mais je suis quand même trop vieux, trop avancé, trop salope sur la route maudite du raffinement spontané... après une dure carrière "de dur dans les durs" pour rebrousser maintenant chemin ! et puis venir me présenter à l'agrégation des dentelles !... Impossible ! Le drame est là. Comment je fus saisi étranglé d'émoi... par mon propre raffinement ? Voici les faits, les circonstances... »

[2] Moi, si j'étais dictateur (décidément c'est une manie), je ferais passer une autre loi... une encore et c'est la dernière... Figurez-vous que je connais le bon moyen pour apaiser, pour clarifier, sans délai l'atmosphère internationale... Voici le terme de mon rescrit : en trois simples petits articles...

1°· Tous les Juifs sur ce territoire, dès la déclaration de guerre, de 17 à 60 ans, demis, quarts de Juifs, mâtinés, mariés à des Juives, francs-maçons seront affectés, uniquement, aux unités d'infanterie combattantes, et de première ligne. Aucune infirmité, motif d'ajournement, de réforme ne sera valable pour un Juif ou assimilé. Jamais ce genre de militaire ne pourra dépasser, en aucun cas, le grade de capitaine.

2°· Aucune autre affectation ne pourra être donnée à un Juif, ni médecin, ni brancardier, ni artilleur, ni sapeur, ni scribe, ni aviateur, ni commissaire politique, ni garde-mites, ni chauffeur, ni camoufleur, ni ordonnance, en vertu de ce principe que tout retrait même à vingt mètres de la ligne de feu devient pour le Juif une planque admirable, une occasion immédiate de faire agir ses relations, le premier pas vers les guitounes, la rue de Grenelle, les Loges, et le courant d'air....

3°· Toute infraction à ces articles sera punie de la peine de mort, sans discussion, ni murmures.

Donc, tous les Juifs en première ligne! pas de billevesées, pas d'estouffades! et pendant toute la durée de la guerre! Aucun privilège admis. Les blessés juifs ne seront jamais évacués de la zone des armées... Ils crèveront s'il le faut dans la zone des armées... Ils féconderont la zone des armées. Il faut se méfier toujours des Juifs, même quand ils sont morts.

Puisque les Soviets, c'est la guerre! Bien... Soit!... si l'aventure tourne mal, comme c'est en somme assez probable, il faut pas que nos Juifs se débinent. Il faut qu'ils payent toute la casse, il faut qu'ils dégustent jusqu'au bout. Il faut qu'ils deviennent otages, immédiatement, d'ores et déjà, qu'ils garantissent de leurs peaux cette émancipation humaine dont ils parlent toujours. On verra comment ça se goupille.

Puisque les Juifs sont nos maîtres, puisqu'ils représentent le Sel de la Terre, la Lumière du Monde, Puisque c'est eux qui doivent rendre la terre habitable, alors c'est le moment de commencer! Tous en première ligne! Nom de Dieu! et pas de défaillances! C'est le moment qu'ils nous régalent, je veux les voir illuminer moi, en première ligne! Rendre les premières lignes habitables. Voici ce merveilleux spectacle : le plus beau théâtre juif que l'on aura jamais vu.

Ce sera beau à s'en faire mourir! Pas cave pour un signe je promets de lever le rideau personnellement, d'y rester tant qu'il faudra pour voir enfin tous les youtres sauter le parapet, pour admirer ce sport splendide, pour voire enfin Mr. Blum tomber la bavette et puis les " Benda Brothers " monter à l'assaut, nous méprisant à tout rompre, avec mille baïonnettes dans le cul!


[3] Les versions latines, le culte des Grecs, les balivernes prétentieuses et tendancieuses, enjuivées des Alain, des PluriBendas... auront toujours raison dans l'esprit du bachelier contre l'expérience directe, les émotions directes dont la vie simple et vécue directement avec tous les. risques personnels abonde... Il est inverti du "sympathique" le bachelier, dès la "sixième" et c'est encore plus grave que les premières branlettes et les inversions "d'oigne"... La vie est un immense bazar où les bourgeois pénètrent, circulent, se servent... et sortent sans payer... les pauvres seuls payent... la petit sonnette du tiroir-caisse... c'est leur émotion... Les bourgeois, les enfants petits bourgeois, n'ont jamais eu besoin de passer à la caisse... Ils n'ont jamais eu d'émotions... D'émotion directe, d'angoisse directe, de poésie directe, infligée dès les premières années par la condition de pauvre sur la terre... Ils n'ont jamais éprouvé que des émotions lycéennes, des émotions livresques ou familiales et puis plus tard, des émotions "distinguées"... voire "artistiques"... Tout ce qu'ils élaborent par la suite, au cours de leurs "oeuvres" ne peut être que le rafistolage d'emprunts, de choses vues à travers un pare-brise... un pare-choc ou simplement volées au tréfonds des bibliothèques... traduites, arrangées, trafiquées du grec, des moutures classiques. Jamais, absolument jamais, d'humanité directe. Des phonos. Ils sont châtrés de toute émotion directe, voués aux infinis bavardages dès les premières heures de l'enfance... comme les Juifs sont circoncis, voués aux revendications... Tout cela est biologique. implacable, rien à dire. Leur destin de petits bourgeois aryens et de petits juifs, presque toujours associés, engendrés, couvés par les familles, l'école, par l'éducation, consiste avant tout à les insensibiliser, humainement. Il s'agit d'en faire avant tout des fourbes, des imposteurs, et des cabots, des privilégiés, des frigides sociaux, des artistes du "dissimuler"...


L’école des cadavres (1938)

[4] Le livre est dédié à « Julien L’apostat »

[5] Aucune illusion à se faire, les judéo-américains (c’est-à-dire en somme toute l’Amérique) ne nous rendent l’estime, ne commencent à nous considérer qu’au moment où le clairon rallie nos viandes, si corrompues déjà, vers les boucheries rédemptrices, les grands abattoirs batailleurs. En ces occasions flamboyantes l’on nous pardonne tous nos vices, nos tares pendables, notre crapulerie légendaire. Pourvu que la barbaque s’élance, tout va bien, c’est l’amnistie ! Tout fait carnage ! Tout fait charnier ! Tout fait commandes ! La gangsterie du dollar se montre d’un seul coup extrêmement indulgente. Elle passe l’éponge. Elle ne nous piffe pour résumer qu’en temps de guerre. En temps de paix, c’est
les pincettes, le pilori permanent. À part Messieurs Benda, Maurois, Jouhaux, Max Lintran, et puis encore trois ou quatre autres, de grands apanages, Juifs de naissance, ou synthétiques, quelques Maréchaux quémandeurs, l’Amérique ne nous conçoit guère que maquereaux, ruffians, larbins de cuisine mendigots. C’est pesé une bonne fois pour toutes. Nos femmes, bien plus serviles, encore, se livrent pour des petits pourboires, toutes cavaleuses, vieillotes, jacassières, ventres pourris, trop heureuses quand on leur fait signe.  Elles ont beau se rendre très aimables, elles ont bien de la peine à se défendre. Elles retiennent l’homme qu’au pompier. Sur l’article, alors, imbattables !



Les beaux draps (1941) 

Trusts des cerveaux !... Barbares qui conçoivent mal les choses ! petits cassis vils purotins… trusts des esprits… Le sien tout de suite !... Et les affres de Mr Benda ? Du coup alors il participe ! pour le juif jamais trop de voeux, jamais trop de tendres alarmes, de révérences, de genoux fléchis… Encore deux trois devoirs en Loge… quelques bonnes notes du Vénérable… fiston débouche en pleine élite… Il escalade deux trois salons… mais faut pas qu’il s’en trouve ébaubi !... Penaud qu’il oublie son “peutt ! peutt !” au moment convenable !... Catastrophe ! défrise les génies qu’il fréquente !... les princesses de la distinction… Sarah Barbizol-Cudégonde née Schwob-Arzincourt et l’éblouissant Durand-Kahn qui est Montaigne actuel en  Sorbonne… qu’est si sceptique qu’il en dort plus… qu’est un tel trésor casuistique qu’il fait de la merde mangeant du pain !... Que tout le monde en reste ébloui… Que ça fait des thèses mémorables dès qu’une seule lui sort au derrière… Voilà comment ça marche l’élite !... Le petit pote faut pas qu’il s’endorme, il serait dépecé par la meute… On fréquente ou on ne fréquente pas ! Ah ! Ah ! Attention ! C’est du “peutt peutt !” ou la mort ! Peutt ! Peutt ! en mépris mi-dégoût avec un quart sourire blasé pour tout ce qui n’est pas merde juive… C’est tout plein de nuances tout ça aussi… faut pas abuser des babines… On est à la cour à Mammon, à la cour du grand Caca d’or ! On décourage les importuns… Le courtisan joue les babines. Certes ! pas trop n’en faut !... à bon escient !... C’est la fonction, le privilège, la fière défense du Tabouret. Il serait éminent aux Finances, de tout premier ordre aux Phosphates, bouleversant aux élevages de Porcs, de haute puissance dans les Betteraves, il serait Michel-Ange en culottes, ça lui servirait pas grand’chose si il sait pas faire les “peutt ! peut !” Ô l’impitoyable exclusive, l’ordalie féroce !
    

   Le dernier passage est publié en 1941, au moment où Benda vit « enterré vif » à Carcassonne et échappe de peu à la Gestapo.  Parmi ceux qui le dénoncent, on retrouve Robert Brasillach, comme de bien entendu ( une expression formidable, qui dit tout).


                                         article de Brasillach dénonçant les écrivains autour 
                                                                  de Joe Bousquet à Carcassonne (1943)


   Mis à part cela, ces morceaux céliniens sont intéressants parce que Céline ne s’attaque pas tant à Benda comme juif que comme écrivain. Il lui reproche son « raffinement », son style classique, de "troufignoliser l’adjectif", et il le met dans le même sac que Valéry et Gide - ironie quand on sait le peu d'amitié de ces auteurs pour les juifs et le dreyfusisme -  et qu’Alain.  Cela pose la question de savoir, comme l’a jadis noté Antoine Compagnon, si Céline avait vraiment lu Benda, ou s’il ne s’était pas contenté de reprendre les insultes régulières dont le couvraient Je suis Partout , Gringoire , et autre feuilles dans les années 30 et 40. Mais la référence à la culture grecque et latine des "Pluribenda" laisse entendre que Céline a dû au moins lire La jeunesse d'un clerc, où Benda décrit son amour de la culture classique, acquise au lycée républicain. On peut aussi se demander si l'allusion à "l’éblouissant Durand-Kahn qui est Montaigne actuel en  Sorbonne…"  n'est pas à Léon Brunschvicg, professeur de Sorbonne, et mari de Cécile Kahn, secrétaire d'état à l'enseignement supérieur du Front populaire. Mais si c'est le cas, pourquoi Céline dit-il qu'il est un "Montaigne" et "sceptique", alors que Brunschvicg était le représentant du rationalisme? Sans doute Céline ne fait-il pas la différence entre un juif rationaliste et un juif sceptique. Les idées ne comptent en rien pour lui, juste la race, la haine qu'elle lui inspire. 
    
   Le passage le plus intéressant est [3]. Céline reproche à Benda (et Alain, et autres écrivains distingués) d’écrire sans émotion : Ils n'ont jamais eu d'émotions... « D'émotion directe, d'angoisse directe, de poésie directe, infligée dès les premières années par la condition de pauvre sur la terre... Ils n'ont jamais éprouvé que des émotions lycéennes, des émotions livresques ou familiales et puis plus tard, des émotions "distinguées"... voire "artistiques"...

    Or c’est bien ainsi que très souvent Céline caractérise sa révolution en littérature ( voir son entretien avec le professeur Y), et ce dont on le prise quand on l’apprécie : d’écrire en permanence sous le coup de l’émotion. On voit ce que cela donne: on n'attaque ni ne défend plus les gens pour leurs idées et leurs thèses, et même plus pour leurs opinions, mais pour leur race.

      Notre époque est très célinienne en ce sens, même si elle a une volonté réelle de se garder du racisme : elle ne cesse de priser l’émotion.  Mais si elle suit cette voie , ne risque-te-elle pas de retomber dans les gouffres dont Céline ne fut qu'un des épisodes il y a un siècle?  L'émotion peut être républicaine mais elle peut être aussi , et le plus souvent, son exact contraire. Je soupçonne que les pamphlets antisémites plaisaient, et vont plaire encore une fois réédités sous couverture Gallimard, par leur potentiel émotionnel. Les écrivains de la raison, comme Benda, ennuient. Mais ils nous mettaient au moins en garde.

     Benda n’a jamais parlé de Céline dans ses oeuvres littéraires, à ma connaissance, sauf à un seul endroit, dans La France byzantine, Gallimard1945, p. 120.

    


Benda ne pouvait pas ignorer que Céline, depuis la moitié des années 30, le clouait au pilori. Il ne pouvait pas non plus lui avoir échappé que le Voyage au bout de la nuit avait eu un immense succès. Avait-il lu Bagatelles ? Mais ce seul passage de son oeuvre où il parle de Céline est très bref, couché dans une allusion qui vise aussi Romain Rolland, Breton et Aragon (qui l'avait traité de "clown" dans Traité du style) porte sur « la spontanéité » contre la pensée. » Est-ce un écho au passage [1] où Céline parle de "raffinement spontané" ?  Je trouve formidable que la réponse de Benda à Céline porte sur ce point seul .




                             Konrad Haiden, Histoire du national socialisme, préfacé par Benda 1934


(1)   Voir le CR de Cécile Dutheil dans En attendant Nadeau

      (2) Pour plus de détails, voir  l’excellent travail d’Alice Kaplan, Relevé des sources et citations dans Bagatelles pour un massacre 1987


26 commentaires:

  1. Je crois que la veuve et l'avocat ont viré casaque. Au total, la publication est judicieuse, et l'on peut aisément en courir le risque, d'autant que le génie de Céline est un peu surfait, et les pamphlets racistes éclaireront les deux premiers romans

    Andy Warho

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  2. Oui apparemment.
    En effet l'intéressant est qu'il y a une grande continuité entre les romans et les pamphlets antisémites. Donc pas de raison de faire le partage entre un Céline Dr Jekyll convenable, littéraire d'un côté, et un Céline Mr Hyde, antisémite, violent, piloresque , de l'autre. C'est le même....
    Maintenant tout dépend de ce que l'on appelle " éclairer" . Pour moi tout est clair !
    ici je ne me suis intéressé qu'àla relation Celine Benda, dont je sais qu'elle n'intéresse personne - raison pou laquelle je m'y intéresse

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  3. Confier la réédition des pamphlets de Céline à des spécialistes... Pour ma part, je verrais dans ce rôle un psychiatre plutôt qu'un historien. La bêtise, comme l'humour, perd tout son charme dans l'analyse savante. Non, cette édition devrait être confiée à un imbécile (parmi les plus likés sur les réseaux sociaux) afin de conserver au texte sa saveur intemporelle. Le spécialiste ici (comme le talent) n'est qu'une feuille de vigne destinée à dissimuler l'"inépuisable sujet". Benda, qui rêvait d'une "Affaire Dreyfus constante" n'aurait-il pas souscrit à ce projet?

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  4. Les spécialistes sont utiles, notamment en histoire. J'ai personnellement beaucoup appris de Philippe Roussin, de Taguieff et Duraffour , et d'Alice Kaplan. On sait un peu tout sur la collaboration à présent. On ne sait pas encore bien ce qu'étaient les mentalités. Les fascistes prisaient le sentiment et l'émotion contre la raison et l'analyse, et je pense que si Céline traite Alain de juif , c'est parce qu'il voit en lui un représentant de la raison. A fortiori Benda et Brunschvicg. Certes c'est du délire. Mais tous ces délirants, relevant de la psychiatrie, avaient assez de bon sens pour dénoncer, tirer profit du vent en poupe et de l'aubaine qui les mettait au pouvoir. Dans ces activités dénonciatrices, ils étaient tout sauf fous, ou même esthètes.

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  5. Comme Jean d’O après lui, Céline a occupé la place du grand écrivain par défaut pour le public français, dans un monde littéraire en crise. Avec Céline, c'était dans une version maudite, mais il faut reconnaître qu’ il a tout fait pour y parvenir.
    Ce qui est frappant, quand on y pense, c’ est sa capacité inouïe de survivre et de se mettre en réseau, jusqu’à constituer un véritable lobby où se mélangent les générations et les tendances politiques. C’ est ce qu’ il reprochait à ses ennemis.
    Pourtant, se mettre en réseau pour devenir un grand écrivain par défaut, c’ est certainement ce que Benda aurait détesté faire.
    Si Céline a eu du génie, c’ était celui de se tirer d'affaire pendant les deux conflits mondiaux.
    Il ne fait presque pas la Guerre de 14, qui sera pour lui une source d'inspiration constante. Il est tout de suite blessé, sans amputation ni gueule cassée, réformé et médaillé. À la fin de la Deuxième Guerre, les écrivains de la Collaboration sont tous faits comme des rats. Lui s’enfuit à Sigmaringen, ce qui valait la peine de mort, puis au Danemark, d’où on ne l’ extrade pas.
    Son réseau s’est reconstitué pour le faire amnistier et revenir mourir en France, mais le plus difficile reste encore à faire, même si l’on nous dit qu'il faut tout accepter de Céline, ou bien lire autre chose. L’ antisémitisme de Céline ne passe vraiment pas.

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  6. La réédition des pamphlets de Céline jugée honteuse, Carmen qui tue don José, à quand le suicide de Monsieur Bovary ?

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    1. Charles Bovary n'avait pas besoin de se suicider, comme la fin de l'histoire le dit, il meurt bêtement au fond de son jardin. Céline n'a jamais songé à se suicider, apparemment. Cela aussi est une marque de la bêtise. Pire, à mes yeux, que la folie.

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    2. Oui, bien sûr, Charles Bovary meurt comme il doit mourir, comme don Jose... Mais ce qui m'inquiète ici, c'est autant la réticence à publier les oeuvres que l'inclination à les réécrire, non pour en produire de nouvelles ! mais pour en enlever ce qu'elles offrent en réalité de connaissance du mal.
      Quant aux pamphlets de Céline, leur abjection morale va de soi mais ils sont peut-être sauvés par le style, comme les films nazis de Leni von Riefenstahl sont sauvés par leur forme... Le désir de les interdire va de pair, je le crains, avec la raréfaction d'une culture littéraire en mesure de voir les oeuvres aussi stylistiquement (et pas seulement comme connaissance) et aussi bien, de les juger en leur genre, dans le cas qui nous intéresse, le genre pamphlet.
      Il va de soi en tout cas que la publication de ces pamphlets céliniens n'a pas du tout le même degré de nuisance morale selon qu'ils sont publiés sous l'Occupation allemande ou aujourd'hui, mais pour faire la différence, il faut un sens des réalités qui suppose une culture historique (ici, en Catalogne, on ne l'a pas toujours, aussi imagine-t-on Rajoy comme un avatar de Franco...)

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    3. Quand vous dites que les pamphlets de Céline sont, quoique abjects, sauvés par le style, vous adoptez exactement la thèse à laquelle Benda (et moi même) s'oppose : qu'il y aurait un Céline Mr Hyde antisémite, lâche et ignoble et un Céline Dr Jekyll romancier, beau styliste et grand écrivain. La continuité, l'unité des deux au contraire saute aux yeux, et en ce sens la publication des pamphlets est utile, et montre que que c'est le même styliste admirable qui écrit pour clouer les juifs au pilori et qui manifeste son humanité dans Mort à crédit. Tout le point est : mais pour quel style ? quelle écriture ? Ce que j'essayais de dire dans ce billet était : pour une écriture tout entière tendue vers l'émotion, à la gloire du spontané. L'inverse de ce que les classiques ont toujours prôné. Céline en était fier, et les passages que j'ai cités sont clairement contre cette esthétique classique, qu'il jugeait "enjuivée". Notre époque est anticélinienne parce qu'elle est moralisante, victimiste, pleurnicharde. Mais elle est tout autant célinienne par son culte de l'immédiate, de l'émotion, et du spontané, et son goût de l'écriture "avec les tripes". Personne ne remet en question cet héritage célinien là. Benda,ai-je suggéré, l'avait par avance condamné.

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    4. Je n'ai pas dit que Céline est tantôt abject par son antisémitisme, tantôt admirable par son style ; les deux sont liés,comme vous le dites ; il exprime quelquefois de manière remarquable un antisémitisme toujours abject.
      Certes Céline n'est pas La Bruyère formellement parlant mais le Céline du "Voyage au bout de la nuit" a quelque chose du moraliste désespéré. Et puis on peut identiquement aimer des styles qui s'excluent, l'un venant momentanément soulager de la lassitude née des manies de l'autre.

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    5. Je réagissais à cette phrase:

      "Quant aux pamphlets de Céline, leur abjection morale va de soi mais ils sont peut-être sauvés par le style, comme les films nazis de Leni von Riefenstahl sont sauvés par leur forme... "

      Si l'idée est que le style "sauve" l'écrit abject , c'est justement ce à quoi je m'oppose. C'est un point crucial car au moment de l'Epuration l'argument principal pour acquitter Brasillach était : " Quel salaud, mais quel grand écrivain" . C'est à dessus que Benda ne transigea pas.


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    6. Donc la bonne formule serait-elle : " Quel grand écrivain mais quel salaud !" ?
      On peut en effet penser que la faute morale, loin d'être éclipsée par l'excellence stylistique, est aggravée par elle, la nouveauté linguistique contribuant à diffuser maximalement les idées abjectes.

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    7. Sur cela parfaitement d'accord avec vous.
      cela dit, je crois que ces jugements , qui entendent contrebalancer l'abjection célinienne avec son génie comme écrivain et son style, sont ambigus. Car ils reviennent à dire qu'on juge la littérature uniquement sur des critères esthétiques, selon la conception mallarméo-blanchotienne selon laquelle elle est un monde clos sur lui-même, immune par rapport aux valeurs éthiques. Or même si Gide a raison sur la relation de la littérature aux bons sentiments - illustrée par toute la littérature victimiste d'aujourd'hui - une littérature sans pensée , uniquement émotionnelle et sans éthique - n 'est pas de la bonne littérature. Ce qui peut aussi faire tolérer mieux Céline est qu'on aime choquer ,que ce soit en racontant le sexe ou en tissant des rapports troubles avec la politique ou la religion. Le cas Houellebecq n'est pas loin. Voir aussi le livre de Carrère sur l'individu trouble Limonov. Cela ne veut pas dire évidemment que je prise uniquement les livres de la bibliothèque rose ou ceux de Daniel Rops.

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  7. Ce n'est pas seulement de l'antisémitisme. C'est de l'appel au meurtre caractérisé ( du même ordre que celui de l'article de Brasillach que je reproduis ici et qu'on trouve sur le site :

    http://musiqueetpatrimoine.blogs.lindependant.com/archive/2015/08/29/le-dernier-ghetto-ou-l-on-cause-213677.html

    A une époque où la milice opérait, publier ce type d'article revenait à diriger ses membres vers le "ghetto" de Carcassonne, et à faire de la délation. Notez qu'Alquié était membre du groupe de Joe Bousquet, sa ville natale.

    Céline n'est pas non plus simplement polémiste, ou pamphlétaire. Benda aussi était très polémique, très dur, et même, dans certains passages, peu prompt à ce que Alain Minc a appelé, dans son portrait de Benda que j'ai déjà cité ici, au "réflexe de solidarité juive" . il n'aimait pas les juifs qui défendaient Dreyfus juste parce qu'il était juif , et trouvait leurs raisons aussi mauvaises que celles des antisémites qui disaient que Dreyfus était coupable juste parce qu'il était juif.
    Ce qui est intéressant n'est pas simplement qu'il théorise son appel à l'émotion, mais qu'il en fait une esthétique, et admet qu'il est lui même un "raffiné", mais dans le registre de l'émotion. Même Rebatet, Brasillach et Béraud ne sont jamais allé jusque là. Certains journaux collaborateurs avaient d'ailleurs peur de publier Céline, car ils trouvaient qu'il allait trop loin.

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  8. Pour les affaires de délation de Céline, là encore il a eu beaucoup de chance ou d’habileté. L’ arrestation de Desnos n’ était pas prioritaire pour les Allemands. C’ est quelqu’un d’autre qui fera remonter sa priorité plus tard, tandis que Desnos, prévenu, aurait eu le temps de fuir.
    Pour le ghetto de Carcassonne, là aussi ce n'était pas prioritaire, ni pour la Milice, ni pour les Allemands. Pour eux, les maquis des Glières et du Vercors étaient plus importants, car ils allaient aider les Alliés remontant d’Italie à atteindre l'Allemagne. Dans le Sud-Ouest se trouvait aussi Brunschvicg, sous l'identité de M. Brun.
    Il y a également le cas du refuge du Chambon-sur-Lignon, déjà utilisé par les Protestants et réinstallé par Georges Canguilhem, pour héberger notamment Aragon, Camus (qui le transposera dans « La Peste ») et Francis Ponge. On dirait que Céline ne le connaissait pas.
    Ce qui est ahurissant, c’ est la contradiction entre l’ éthique professionnelle du Dr Destouches et les conséquences des dénonciations de Céline. Il faut dire que Céline était un médecin eugéniste, comme le Dr Mengele, qui avait dû faire, comme on dit, le Serment d’Hypocrite.
    On a du mal à faire le lien entre le paisible médecin de famille de Meudon, un peu clochard philosophe, qui inspire les auteurs de BD au réalisme poétique, et le Céline des pamphlets et de la Collaboration.
    Alain, le « Juif blanc » de Céline avait fait trois ans de guerre dans l’artillerie, avec à la fin un pied broyé. Céline avait fait trois mois de guerre, en comptant les journées d'hôpital. C’ était un cuirassier à cheval, vestige des guerres du XIXème siècle. En principe, il aurait dû être décimé avec son régiment, en chargeant les lignes de mitrailleuses allemandes.

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  9. Aristote disait : Ce n'est pas l'homme que le médecin soigne, mais Callias. Destouches pouvait être humain avec ses patients de banlieue, et inhumain avec la juiverie universelle qu'il croyait dénoncer. Mais quand il écrit des livres, il cesse de traiter l'individuel, il passe au collectif et à l'humain. Il est absurde de penser qu'il est plus aimable et responsable quand il traite Callias que quand il dénonce Süss.

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  10. Le livre de Duraffour et Taguieff aborde aussi la question du négationnisme de Rassinier et de Bardèche, l'alter ego de Brasillach qui avait bénéficié d'une indulgence étrange à la Libération. Céline a participé à la naissance du révisionnisme depuis le Danemark, via son réseau d'amis pacifistes face au nazisme. Néanmoins, la question du pacifisme est compliquée, car Alain, auteur de "Mars ou la guerre jugée" (que j'ai trouvé excellent) le sera aussi, de façon ambiguë, à partir des Accords de Munich.
    Le négationnisme, avec sa théorie de Nuremberg comme justice des vainqueurs, justice de faux-monnayeurs selon Bardèche, entrait dans la stratégie de justification de Céline. Puisque certains firent le procès du Procès, il faut dire à la décharge de Nuremberg qu'aucun des accusés ne trouva un argument en faveur du nazisme.
    Je crois que Céline préférait la justification littéraire de son antisémitisme : ce n'était que de la rhétorique, dans la grande tradition du pamphlet à la française. Sollers dira que Céline avait "voltairisé" la langue française, et qu'en littérarisant l'antisémitisme, il en avait fait simplement du biologisme.
    Sollers était un ancien Hussard, du groupe des dandys dont le plus notoire, Roger Nimier, ira faire allégeance à Céline en voiture de sport avec une amie suédoise, mais Sollers restera toujours célinien. À partir, des années 60, Céline sera ajouté au Panthéon des grands auteurs, avec Joyce, Proust et Kafka. Mais personne n'écrira de grand livre sur lui, pas même Deleuze, alors qu'il avait adopté la langue parlée jusque dans ses cours, pendant lesquels il causait célinien ("Allez, plus qu'on a ça, plus qu'on fait ça !"). Dominique de Roux, autre Hussard, publiera un mémorable Cahier de L'Herne sur Céline au début des années 60, avec d'illustres contributions, mais on ne voit rien d'autre. Il y aura aussi un Cahier de L'Herne sur Maurice Sachs. Afin de justifier Céline, certains le rapprochent de Sachs, pour en faire un personnage modianesque, ce qui change tout. D'ailleurs, Modiano avoue sa fascination à la fois pour Céline et pour l'auteur du "Sabbat". On pourrait ajouter Jean Genet et sa vision scandaleuse, mais justifiable d'un certain point de vue, du nazisme et de la Collaboration, dans "Pompes funèbres", pour excuser Céline.

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  11. Oui, la défense des écrivains ayant appelé au meurtre , comme Brasillach et sa fameuse déclaration «Débarrassez-nous des juifs en bloc, et surtout n'oubliez pas les petits» dans Je suis partout en 1942, prend souvent l'allure de ce que l'on pourrait appeler l'excuse du style. "Je n'appelais pas au meurtre , je faisais des figures de style ( ici l'hyperbole)". " Je ne faisais pas de la propagande fasciste, j'exerçais ma rhétorique" , " Je ne véhiculais pas la haine, j'exprimais les sentiments humains dans une oeuvre littéraire". Rappelez vous que Gide trouvait les pamphlets de Céline des "prouesses littéraires" et de fait , elles en sont. Mais pourquoi un écrivain devrait il toujours être jugé uniquement comme écrivain et pas comme salaud ordinaire quand il lui arrive ( comme c'est le cas de beaucoup d'écrivains) de l'être?

    Personne n'est obligé de lire Sollers. Mais détrompez vous, il y a de bons livres sur Céline. Je trouve très bon celui de Philippe Roussin, Misère de la littérature, terreur de l'histoire. Céline et la littérature contemporaine, Gallimard 2005 . Il replace la question de langue dans un contexte plus vaste.

    Au sujet du pacifisme, excusez moi de toujours revenir à ma marotte bendesque,mais je vous rappelle que, contre Alain , Romain rolland et tous les pacifistes, Benda n'eut de cesse dans les années 30 et avant d'appeler à la guerre contre l'Allemagne, à la remilitarisation. Il préfaça dès 34 le livre de Conrad Heiden sur l'histoire du nazisme. Voyez le CR de la Trahison des clercs par Canguilhem.

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  12. http://www.lemonde.fr/livres/article/2018/01/11/gallimard-suspend-son-projet-de-reedition-des-pamphlets-antisemites-de-celine_5240448_3260.html

    Je pense que les pamphlets de Céline méritent réédition, raison pour laquelle je me suis autorisé à reproduire des extraits, juste au sujet de Benda, non sans avoir l'impression de me brûler les doigts. Mais je suis d'accord, et salue , la décision sage d'Antoine Gallimard. Les conditions ne sont pas réunies en France encore.

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  13. L’exposition du Musée d’Orsay sur Degas et Valéry a ravivé de mauvais souvenirs. On reparle de l'antisémitisme d’artistes comme Renoir et Degas, et on rouvre le dossier de l'antidreyfusisme. On reparle de la Ligue des Patriotes Français, qui changea le patriotisme ouvert en nationalisme fermé.
    L'antisémitisme de Degas semblait proche de celui de Wagner, que Taguieff a analysé.
    À cause de ses opinions, Degas perdit des amis précieux et des relations d'affaires qui s’ intéressaient vraiment aux artistes.
    Lors de la rétrospective sur Degas de 1988 au Grand Palais, cette question ne fut pas abordée. Par contre, on découvrait les derniers tableaux de Degas, vraiment étonnants, dans lesquels il n’y avait que des matières, et plus de formes, à cause des progrès de sa cécité.
    Un film sur la vie de Gauguin a été également l’occasion de mettre à jour les zones d’ombre d’un grand peintre, mais pour d’autres raisons.

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  14. Si même il serait établi que les deux grands romans de Céline (Le voyage et Mort à crédit)sont contemporains de ses pensées et de certains de ses écrits antisémites, et ne les précèdent pas (comme dans une première époque, qui serait encore saine), il est vrai quand même qu'ils sont exempts de racisme, de "pensées" prénazies ou pronazies, comme si les écrits antisémites avaient joué le rôle de station d'épuration d'une personnalité particulièrement dérangée (petit-bourgeois paranoïaque en crise sociale...les années 30...). Difficile de nier la valeur littéraire de ces deux romans, malgré toutes les objections qu'on peut avoir contre une écriture qui parait procèder des tripes - disons plutôt une écriture qui vise la protestation sociale par la recherche de l'oralité, et trouve cette oralité dans les bas-fonds de la société(sur le plan social et moral), plutôt que dans le grand monde comme Proust.

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    1. Je suis d'accord que les écrits antisémites de Céline sont des exutoires, mais cela revient à les absoudre. On ne pose pas n'importe
      où, n'importe quand, une station d'épuration. Et surtout, je ne suis pas d'accord sur la discontinuité avec les deux grand romans Le voyage
      et Mort à crédit. Car mon point était que, derrière les masses d'insultes, il y avait dans les pamphlets toute l'esthétique de Céline, celle du primat
      de l'émotion, de la tripe. Or cette position mène directement à la déjection: de l'intestin à l'antisémisme, il n'y a qu'un pas. Vous me direz qu'il
      y a des antisémites distingués en littérature, pas portés nécessairement sur la tripe littéraire et que l'émotion peut aussi conduire à de toutes
      autre oeuvres. Mais chez Céline, sa haine de la raison est en ligne directe avec sa haine du juif.

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  15. "Quoi qu’il en soit, il y a lieu de s’étonner que Gallimard, pourtant sollicité à cet effet, n’ait pas accepté de rééditer les œuvres de Benda qui figurent dans son fonds"

    Quand on voit les rééditions de Léon Bloy et de Maurras (dans la collection Bouquins chez Robert Laffon), on se mord les doigts de voir que nous n'avons pas de volume équivalent pour Benda. Chez Gallimard, entre les droits à la haine d'un Céline et les devoirs de la raison d'un Julien, ce sont les premiers qui sont plus, comment dire... rentables et, comme on dit, dans l'air du temps. Reste plus qu'à racheter le fonds.

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  16. Ne vous inquiétez pas, cela se fera un jour: quelqu'un ira présenter le projet à ma place, et ils l'accepteront. On parie?

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  17. Si nous étions dans un roman de PG Wodehouse, cela serait tellement plus simple, il me semble. Vous n'auriez qu'à mettre une barbe postiche et des lunettes et ainsi être pris pour quelqu'un d'autre. Si vous êtes contre les déguisements, vous pourriez toujours vous faire passer pour un Professeur italien travaillant sur Benda (personne ne vérifiera ; si ?). Dans les deux cas, et admettons que l'éditeur n'y voit que du feu, vous pourriez alors dire: "Il signore Scalpel m'aidera pour il progetto". Mais bon c'est vrai que la vie n'est pas la littérature, et heureusement d'ailleurs, même si certains pensent le contraire.

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    1. oui,si je me fais passer pour Onfray, je vais me faire éditer. j'ai la même corpulence. C'est déjà çà.

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