La colonie pénitencière |
Le voyageur avait diverses questions à poser, mais à la vue de l’homme il demanda seulement :
– Connaît-il sa sentence ?
– Non, dit l’officier qui entendait reprendre aussitôt le cours de ses explications. Mais le voyageur l’interrompit :
– Il ne connaît pas sa propre condamnation ?
– Non, répéta l’officier qui s’arrêta un instant comme pour demander au voyageur de motiver plus précisément sa question, puis reprit : Il serait inutile de la lui annoncer, il va l’apprendre à son corps défendant.
Le voyageur s’apprêtait à se taire quand il sentit le condamné tourner vers lui son regard ; il paraissait demander s’il pouvait souscrire à la description faite. Aussi le voyageur, qui s’était à nouveau carré dans son fauteuil, se pencha-t-il de nouveau et demanda :
– Mais qu’il est condamné, il le sait, tout de même ?
– Non plus, dit l’officier en souriant au voyageur, comme s’il s’attendait encore de sa part à quelques déclarations étranges.
– Non ! dit le voyageur en se passant la main sur le front. Ainsi cet homme ne sait toujours pas comment sa défense a été reçue ?
– Il n’a pas eu l’occasion de se défendre, dit l’officier en détournant les yeux comme s’il se parlait à lui-même et ne voulait pas gêner le voyageur en lui racontant ces choses qui pour lui allaient de soi.
– Il a bien fallu qu’il ait l’occasion de se défendre, dit le voyageur en se levant de son fauteuil.
.....
-Vous saisissez le fonctionnement ? La herse commence à écrire ; une fois que l’inscription a fait un premier passage sur le dos de l’homme, la couche d’ouate se déroule et fait lentement tourner le corps sur le côté, pour présenter à la herse une nouvelle surface. En même temps, les endroits lésés par l’inscription viennent s’appliquer sur la ouate qui, par la vertu d’une préparation spéciale, arrête aussitôt le saignement et prépare une deuxième administration, plus profonde, de l’inscription. Ces crochets-ci, au bord de la herse, arrachent ensuite la ouate des plaies lorsque le corps continue à tourner, ils l’expédient dans la fosse, et la herse a de nouveau du travail. Elle inscrit ainsi toujours plus profondément, douze heures durant. Les six premières heures, le condamné vit presque comme auparavant ; simplement, il souffre. Au bout de deux heures, on retire le tampon qu’il avait dans la bouche, car l’homme n’a plus la force de crier. Dans cette écuelle chauffée électriquement, près de sa tête, on met du riz bouilli chaud, que l’homme peut attraper avec sa langue, autant qu’il en a envie. Aucun ne manque cette occasion. Je ne pourrais en citer un seul, et mon expérience est longue. Ce n’est que vers la sixième heure qu’il n’a plus plaisir à manger. Alors, généralement, je m’agenouille là et j’observe le phénomène. L’homme avale rarement sa dernière bouchée, il se contente de la tourner dans sa bouche et il la crache dans la fosse. Il faut alors que je me baisse, sinon je la prends dans la figure. Mais comme l’homme devient alors silencieux, à la sixième heure !L’intelligence vient au plus stupide. Cela débute autour des yeux. De là, cela s’étend. À cette vue, l’on serait tenté de se coucher avec lui sous la herse. Non qu’il se passe rien de plus, simplement l’homme commence à déchiffrer l’inscription, il pointe les lèvres comme s’il écoutait. Vous l’avez vu, il n’est pas facile de déchiffrer l’inscription avec ses yeux ; mais notre homme la déchiffre avec ses plaies. C’est au demeurant un gros travail ; il lui faut six heures pour en venir à bout. Mais alors la herse l’embroche entièrement et le jette dans la fosse,où il va s’aplatir dans un claquement sur la ouate et l’eau mêlée de sang. Justice est faite, alors, et le soldat et moi nous l’enfouissons.
Voilà ce qu'on entendait à la Fac de Vincennes. Chez Kafka et le dernier Proust, la loi n'est plus seconde par rapport au Bien, c'est la Loi qui dit le bien.
RépondreSupprimerLa loi est devenue intotalisable par un Logos. Elle est constituée de fragments cloisonnés, qui ne communiquent pas entre eux. C'est la Muraille de Chine, ou le Château constitué de bâtiments disjoints, que découvre de près l'Arpenteur de Kafka.
La loi devient inconnaissable par nous. Elle se fait connaître en nous appliquant sa sanction avant d'avoir jugé, et en marquant notre chair, puis en démembrant notre corps. On ne répond à cette loi qu'en lui obéissant, et donc en étant coupable : c'est ainsi qu'elle nous détermine.
Pourtant, il semble que Kafka et Proust n'aient pas la même conscience moderne de la loi. Vis-à-vis d'elle, la conscience de Kafka est dépressive, alors qu'elle est schizoïde chez Proust. Pour celui-ci, la culpabilité est liée à l'homosexualité, et elle est niée sur un mode imaginaire, pour la faire échapper à la punition : voir l'analogie fantasmatique de l'homosexualité non-binaire avec l'hermaphroditisme végétal, qui "naturalise" l'homosexualité pour lui épargner la sanction.
Chez Proust, la culpabilité déterminée par la loi est donc apparente. Proust est dans la décadence fin de siècle. Chez Kafka, la culpabilité est réelle. Kafka est vraiment dans le monde moderne, dans le XXème siècle du totalitarisme politique qu'anticipe la littérature d'avant-garde.
Fort utile commentaire, et même venu de Vincennes, fort juste je crois. Que la loi domine le bien, cela était déjà chez Kant, non? Mais elle était dicible et connaissable. Chez Kafka, il y a la notion judaïque de la Loi, ou je me trompe? Mais Kafka a bien saisi la figure moderne : ne sait pas ce qu'est la loi, mais elle s'applique. Notamment dans les camps du XXeme siècle et leur survivance dans le XXIeme.
RépondreSupprimerA propos du "cas" Kafka, donc ... Qui me titille particulièrement depuis longtemps.
RépondreSupprimerJe l'ai beaucoup aimé, même si aujourd'hui j'ai plus de réserves. Vous ne vous trompez pas : le lien avec le judaïsme..., mais aussi avec la figure du père (quoique pas systématiquement celui aux cieux...), sont des points importants dans son oeuvre et sa vie, "intimement" liées. Tout en gardant une portée universelle plus large ... que K n'articule pas généralement à un cadre temporel et historique précis dans ses fictions, pour ne pas dire ses paraboles. La remise en cause de l'approche théologique ou métaphysique morale me paraît plus importante chez lui que l'interprétation plus socio politique historique qu'on en fait souvent. Bien que cette dernière n'y soit pas inexistante non plus loin de là bien-sûr, et ne serait-ce d'abord que parce que son époque ne prêtait plus guère au risque de l'excommunication (voire si elle n'est pas justement d'entrée intrinsèque à la condition humaine moderne chez lui ... d'ailleurs il n'échappera pas à l'autodafé nazi mais c'est une autre histoire ...), ni cependant non plus à la possibilité du salut par intervention divine pour le coup ..., l'enjeu propre à une modernité s'éloignant de l'idée devenue moribonde de Dieu (ou de tout autre fondement absolu ?) s'y entrelace donc (bien que cette idée reprenne des couleurs aujourd'hui, pas forcément les plus belles, si tant qu'il faille leur en reconnaître, mais passons). Et certains détails biographiques de la vie de K, apparemment prosaïques, s'avèrent révélateurs de cet aspect proprement moderne. Par exemple, sa profession dans les assurances liées aux risques du travail ... qui a certainement contribué à cette acuité spécifique de son point de vue sur la rationalisation extrême administrative de la société, alors en pleine éclosion et développement en ce début du XXème ... Et lui a sans doute donné l'opportunité d'un éclairage plutôt visionnaire quant à l'inhumanité latente, potentielle, derrière l'apparente neutralité "fonctionnelle" croissante. Si on articule cet angle privilégié sur son époque à ses études de droit, à sa lecture du Talmud, de Kierkegaard, Dostoïevski, Schopenhauer et Freud, on obtient cette curieuse synthèse qu'il représente. Sans insister sur la singularité propre à sa judaïté au croisement de trois langues et au sein d'un empire austro-hongrois crépusculaire (mais très fécond alors sur le plan culturel).
Une remarque de K, fort intéressante car un peu éclairante, du moins sur ce que lui veut signifier, voire plutôt montrer de la limite à signifier, se tient dans ses carnets (je n'ai plus la date exacte, ni si c'était avant ou pendant la rédaction du Procès, à vérifier), c'est une des rares fois où il propose plus directement une clé possible de sa propre interprétation de ce qu'il fait : "Le Mal est d'avoir fait de la connaissance un but, là où elle n'était qu'un moyen." . Remarque très discutable. Mais on peut l'entendre de plusieurs façons. J'y reviendrai. Avant d'aborder plus avant le questionnement de fond, et celui du rapport entre Loi et Bien, je vais passer par un aspect plus biographique et psychologique, mais bien pour le relier ensuite à la thématique plus proprement universelle de son oeuvre. Si cela bien sûr ne vous paraît pas trop déjà déborder le format de ce blog (auquel cas, il vous suffira de ne pas publier, je comprendrai).
La question du péché originel (beaucoup d'aphorismes là-dessus) et celle de la possibilité ou non de distinguer clairement bien et mal, est un thème récurrent chez lui. Voire obsessionnel. Il est plus un névrosé anxieux de ce type que dépressif, je crois. Son problème relève moins de la perte du goût de vivre que de la peur de la perte du Sens. Pas dépourvu d'enjouement mais toujours sur un fil ténu, fébrile. Sa correspondance avec Milena par exemple en témoigne, c'est un tempérament plus enclin à l'inquiétude qu'à la tristesse. Le genre, lorsqu'il se détend, qui vous fait deviner moult qualités, notamment de conteur plein d'humour, et qui se rétracte soudain dès que vous esquissez de l'approcher de plus près. Il se savait alors déjà condamné par la tuberculose (ici on est dans la période de la rédaction du Château)... et un passage de son journal qui en parle directement, montre moins une tendance à se morfondre ou se plaindre (ça, c'est plus son côté sociophobe, ou son regard sans concession sur la qualité de ce qu'il écrit) qu'à persister à chercher une signification qui lui aurait échappé, et qui peut d'ailleurs légitimement apparaître comme un raisonnement biaisé, il tendait à se penser responsable de sa maladie, si ce n'est pas coupable ... Cela lui faisait certes peur mais pas seulement ..., peut-être qu'en vérité le simple constat que sa maladie ne relève plutôt d'aucun sens moral le perturbait encore davantage que la possibilité d'une ... "punition", ou du moins d'y voir une conséquence découlant de sa façon de vivre, propice à sauver un minimum de Sens, quand bien même en sa défaveur ? Il s'est longtemps reproché ou accusé de ne pas répondre aux exigences familiales et sociales de son milieu, torturé par ses échecs répétés dans ses tentatives de mariage, auxquelles il revenait et allait pourtant à chaque fois à reculons, alors qu'il revendiquait plaidait d'autres fois la "pureté" de la solitude de son travail nocturne d'écriture..., tout en reconnaissant par ailleurs qu'il s'y enfermait dans une sorte de prétexte de fuite (et ceci explique peut-être aussi non seulement son engagement décisif à privilégier la vocation de l'écriture, à s'y consacrer, et qu'au final il aît demandé à ce que tout en soit détruit ... bien que certains suggèrent qu'il savait que Max Brod n'en ferait rien... mais le simple fait de le demander en dit déjà beaucoup). Il oscille entre une critique de l'aliénation sociale ou celle de son ego, moult remarques... en plutôt un sens puis l'autre... dans son Journal ... Bref, pas qu'un exemple de parfait équilibre mental, mais qui le savait, qui en avait même quelque peu une conscience à vif, sans doute exagérée ... Et qui rejoint au fond pas mal d'"originaux" littéraires (et certes, ce sont des "figures" plutôt liés à notre modernité) présentant plus ou moins des problèmes de socialisation. Son désespoir me semble plus venir de sa traque désespérée d'une raison d'espérer, donc d'un désir persistant bien que conflictuel, ne trouvant pas de résolution suffisante -en tension constante, que disons d'un désespoir définitif plus passif. Une nuance surprenante toutefois (mais qui montre que André Breton, ou surtout un de ses traducteurs, Alexandre Vialatte, ne se trompaient pas sur lui...) : autant son oeuvre (ici je parle du Procès, mais l'impassibilité incongrue en contraste avec l'horreur de la situation, qu'on trouve dans La colonie pénitentiaire, s'y prête aussi bien-sûr.) peut apparaître d'une grande noirceur, autant il semblerait que lorsqu'il en lût les premiers passages à ses amis, l'ambiance était ... à la franche rigolade ... Mais pas sûr que ce fût tant par pure dérision, plutôt que par nécessité subtile ici du tragi-comique, qui ne serait pas si surprenante après tout : ne dit-on pas que l'humour est la politesse du désespoir.
RépondreSupprimerJe ne peux m'empêcher de me demander cependant s'ils auraient encore autant ri une fois arrivés à la dernière phrase -terrible- du roman, de mémoire : "Et ce fût comme si la honte devait lui survivre."(Si le procès n'a pas de fin, c'est peut-être encore pire que s'il en a une ? D'un autre côté, dans le chapitre qui précède, le prêtre dit à Joseph K : "La Loi ne vient que si tu la cherches et s'en va quand tu la laisses.". Ce qui laisse ouvert un espoir quant à sa propre responsabilité dans le démarrage ou l'interruption du procès... mais certes... quand bien même elle n'en tirera peut-être jamais un sens conclusif clair... ce qui demeure pour le moins ambigu.).
RépondreSupprimerAlors ici, je vais m'arrêter là, bien que je sache que l'approche biographique en elle-même ne peut suffire, que ce qui compte c'est bien davantage l'universalité de la thématique qu'il en a dégagé ensuite, j'ai donc bien un développement sur la question du fond, et du rapport entre Loi et Bien (qui est d'une quantité à peu près équivalente, je ne me suis pas aperçu de la longueur de suite, dans le flux ... à mesure que je tapais, donc je coupe) mais je préfère d'abord m'assurer que vous ne trouviez pas ça d'un développement excessif pour votre blog, même si je subodore que la question de fond, je veux dire celle plus universelle et sur la modernité, vous intéresserait davantage (cependant j'avais besoin du détour biographique pour éclairer le développement). Bref, si trop long ou pas bon, ou simplement pas à sa place ici, pas grave, on passe à autre chose, et si en revanche vous publiez, j'enverrai le reste. Comme disait Morand : "Pardonnez-moi si je n'ai pas pris le temps de faire court !"
Merci de ces commentaires, que je trouve fort judicieux. Mais je pensais qu'on avait saisi l'allusion à l'actualité, vu la photo. Ou peut être cela vous semble-t il trop trivial?
RépondreSupprimerJe ne l'avais pas bien regardé de près ... Autant pour moi !
RépondreSupprimerQuant à la question de savoir s'il s'agit d'être d'accord avec la proposition de K cité ci-dessus (le Mal par la connaissance comme but là où il n'y avait que connaissance comme moyen, donc) : cela demeure fort discutable. Par exemple, on pourrait se demander si le problème du mal relève tant de la connaissance comme fin en soi, de par son caractère -au moins par principe en tous cas- neutre impartial et désintéressé (même si le terme de désintérêt est trompeur, car s'il s'agit bien de désintérêt exclusivement personnel, cela reste bien-sûr une question d'intérêt mais au sens général...) ; et si cette connaissance comme but en soi n'est pas justement moins susceptible de dérives morales que l'autre type de connaissance dominant aujourd'hui : à savoir justement celui principalement tourné vers le développement des moyens techniques matériels ... et donc le pouvoir qu'ils permettent (au détriment souvent de son caractère vraiment conséquent, voire moral, lorsqu'il se généralise, et ce à une échelle planétaire, dont l'état global commence à nous dépasser quelque peu, et c'est un euphémisme ...).
RépondreSupprimerOn ne sait pas toujours bien si K veut souligner avant tout des limites épistémiques irréductibles dans le champ moral qu'on ne pourrait que subir, ou dénoncer une saisie épistémique certes mal ajustée à ses limites conditionnelles, mais aussi de par notre responsabilité inconséquente, à travers une sorte de ratiocination à vouloir trop saisir et perdant de vue son humanité, voire par notre manque d'humilité (?). Même si cette deuxième interprétation semble moins pertinente pour l'ensemble de son œuvre, la demande pour mieux comprendre de Joseph K semble légitime, et la limite récurrente à lui concéder une quelconque prise en réponse est inhumaine. Qui est alors le coupable : le système, nous, l'Autre, ou juste lui-même ? Tous et aucun ? Une dénonciation critique vraiment ciblée de sa part aurait demandé davantage à exprimer un caractère suffisamment sensé, qui chez lui demeure tout de même le plus souvent réduit à ses dernières extrémités, quand il ne tourne pas à vide. Mais il est vrai que K, dans sa phrase, semble davantage proposer un sens possible, même si limité. Peut-être alors propose-t-il simplement ici l'idée d'une connaissance possible à condition de respecter ses limites, respect que nous perdons nous la rendant impossible (?), mais ça ne tient pas : l'ensemble de son oeuvre appuie tout de même bien plus sur ces limites comme écrasantes que ne suggère ces conditions de possibilités même minimales. Il n'en reste pas moins que K se place la plupart du temps surtout dans le champ ouvert large et conflictuel de l'interrogation existentielle, qui peut intégrer la contradiction, mais sans y proposer ni même suggérer -ou si peu- une quelconque résolution possible (Pour en revenir à la phrase toutefois : peut-être une critique de la tentative de réduction de la morale à la connaissance théorique, au lieu d'une sagesse qui offrirait surtout des moyens pratiques ou/et psychologiques pour mieux vivre ... ? Mais je doute de cette interprétation, ça le rapprocherait alors d'une tendance discutable focalisée sur le mieux-être et très à la mode, or chez lui l'enjeu est tout de même plus moral qu'uniquement psychologique, bien que de source aussi très personnelle : le choix de la lettre K dans ses deux grands romans pour nommer le personnage principal n'est pas anodin. Quoi qu'il en soit, K (l'auteur ici) souligne avec insistance le plus souvent une sorte de contraste de fossé entre toute prétention à maîtrise techniciste ou fonctionnelle et un sens final moral qui lui échapperait. Alors disons plutôt : rappel à un sens divin ou "juste" métaphysique ne se réduisant pas à notre faculté de connaître, mais la permettant, et que nous négligerions ? Ou a contrario : du leurre d'un quelconque sens divin ou métaphysique ... Mais serait-ce à cause de son inaccessibilité ou de son inexistence ...).
Dit autrement : à moins qu'il ne veuille critiquer la connaissance comme construction sociale ou institutionnelle, là où elle devrait être un moyen au service d'un principe qui ne se réduirait pas à elle ? Ou bien encore une fois ... ce serait à la prétention au principe lui-même qu'il s'attaquerait ? Ce n'est pas un auteur dont on saisit aisément l'intention, s'il n'en a qu'une ..., et si lui-même la ou les saisit, ou si encore une fois ce ne soit pas la limite à saisir qu'il illustre (Ce qui reste sans doute l'interprétation la plus probante, avec ou sans Dieu ... Même si par rapport à un Beckett par exemple, tout ne s'y réduit pas autant à l'impasse disons attentiste, il demeure une velléité, une tension de... quête, quand bien même elle s'avère vaine. Un Sherlock Holmes -qu'il aimait lire- métaphysique, mais voué à ne pas trouver la solution de l'énigme ? En passant, et plus malicieusement, ne pas avoir la solution, si cela ne permet certes pas forcément d'envisager de l'avoir un jour, cela n'oblige pas plus à considérer qu'on ne l'aura jamais ... Mais bon, là, je flirte avec l'acrobatie purement rhétorique et donc douteuse. Et la suspension conclusive quant au Sens que fait Kafka sent souvent tout de même plus le pessimisme que le pur scepticisme. Et pourtant ...: il semble que, selon ses notes, le K du Château devait lui-aussi mourir sans réponse, mais comme dit plus haut, il n'est pas forcément dit que celui du Procès en finisse pour autant avec le procès, et ce même après son apparente exécution ... Le sens tiendrait plus de la question, sans exclure nécessairement toute réponse, ni la garantir ? Remarquons toutefois deux différences essentielles entre les deux romans : le K du Procès a encore un prénom ..., et le Système quand bien même inaccessible en ses rouages l'accuse et l'exécute directement, là où dans le Château il se contente de lui proposer une place sans jamais y donner suite.).
RépondreSupprimerEnfin, je terminerai sur la question névralgique de la Loi qui précéderait le Bien comme enjeu contemporain ... Cela me rappelle un passage de Ray Monk dans sa biographie de Wittgenstein, et où il confronte ce dernier à la position philosophique de Spinoza, à savoir : est-ce que Dieu le veut parce que c'est le Bien (position de S en gros, à quelques réserves près, je crois que S dirait plutôt... bon... sans majuscule, mais au sens de naturel, pas individualiste ou culturel), ou est-ce le Bien parce que Dieu le veut (position de W, dans la mesure où il y aurait une limite à la justification ou au fondement ultime explicable ?). Manque bien-sûr alors la position plus prosaïque et athée, d'abord axiologiquement neutre, et jusqu'où elle est effectivement susceptible de s'articuler à et de justifier nos jugements de valeur. Ou pas.
Reste aussi l'idée que la construction sociale serait ce qui finit par recouvrir artificieusement le bien véritable, avec alors tout de même retour de la question de ce qu'est ce bien en soi dont devrait découler ou au moins procéder pour partie la connaissance (à moins qu'on ne considère qu'il n'y ait pas de Bien qui précède notre façon de connaître), Kafka en tous cas ne semble pas n'être que dans la dénonciation de ce qui fonctionnerait mal socialement, car il ne propose et même ne montre en contrepartie aucun bon fonctionnement, aucune issue, que ce soit par une connaissance plus ajustée ou l'intervention de quelque grâce divine.
C'est pas la question de l'Euthypron ?
SupprimerBon là, je m'emporte dans l'interprétation, c'est sans doute de revenir à une lecture de jeunesse, mea culpa si j'ose dire ...
RépondreSupprimerQuelle imagination singulière tout de même, que ce soit dans des récits comme L'artiste de la faim, Le terrier, ou parfois ramassés en quelques lignes. Je pense à cette phrase de Breton : "Chère imagination, ce que j'aime chez toi, c'est que tu ne pardonnes pas". Et je tends à croire que Kafka en a payé en partie le prix pour en disposer, et qui est sans doute qu'en retour elle a un peu disposé de lui (c'est juste une image hein, ça ne reste que lui, mais jusqu'où déterminé par elle ou la déterminant...). Disons qu'il me semble qu'un peu plus de mise à distance de l'enjeu qu'il soulève par cette au moins aussi chère raison (qui tout de même ne se résume pas à la ratiocination perpétuelle qu'il expose -avec complaisance ?) n'aurait pas été un luxe superflu, même si l'oeuvre en aurait été sans doute sensiblement modifiée. Un problème est aussi que l'art peut souscrire parfois à une priorité de la façon et de l'effet sur le sens ... auquel la philosophie consent moins aisément et à juste titre. Quant à savoir si tout cela au final en valait la peine, il n'est plus là personnellement pour nous donner sa propre sentence, mais n'a pas eu l'air de se montrer clément envers ses écrits vers la fin..., reste que la postérité ne les a pas jugés totalement vains. Du moins jusqu'à aujourd'hui. Mais peut-être davantage comme symptôme révélateur d'une époque plutôt que meilleur soin à lui prodiguer ... Sauf à considérer l'irrésolution de son questionnement comme intemporelle.
Il y a une tendance observable à souvent envisager que le problème contemporain reviendrait à une limite inhérente à notre rationalité ... quand ce n'est pas alors aller par réaction excessive jusqu'à le confondre totalement avec la rationalité elle-même comme coupable ..., là où la question relève tout de même surtout de l'usage qu'on fait de cette rationalité ... et qui ne relève souvent justement hélas pas assez d'elle. Sans que je ne sois certain non plus qu'il soit toujours si évident de s'y articuler clairement en tous points. S'agit-il de mieux définir un fondement ou de se rendre à ce qu'il n'a pas que de définissable (et serait-ce alors dans le sens de souligner qu'il n'est pas suffisant ou qu'il peut suffire néanmoins ?).
Ne s'agirait-il pas prioritairement d'essayer au moins de sauver ce qui peut l'être du degré de responsabilité que peut permettre cette rationalité, de mieux comprendre cerner donc dans quelle mesure cette compréhension s'avère possible, plutôt que de jeter bébé et mémé avec l'eau du bain dans les orties par dépit, alors qu'on leur en aurait peut-être trop demandés...?
Allez, pour enfin conclure, une autre anecdote biographique de Monk à propos des deux qui nous intéressent ici. Lorsque Wittgenstein rendit les ouvrages de Kafka à Anscombe qui avait pris l'initiative de les lui proposer, il lui fît ce commentaire : "Cet homme se crée beaucoup de problèmes pour ne pas résoudre les siens.".
RépondreSupprimerMais un Popper un peu fielleux aurait peut-être considéré que chez W non plus, la mouche ne trouvait pas aussi clairement que prétendu le chemin pour sortir de la bouteille ...
Je n'en sais rien, je me contente de remarquer le désaccord (quant à savoir si les motivations de Popper, dans ses critiques sur W, étaient bien uniquement philosophiques, je ne m'avancerai pas non plus sur ce point).
Bon c'est déjà bien si LW a lu FK, mais son verdict est un peu court. W avait les mêmes problèmes.
SupprimerPrécision : non, je ne pense pas que le lien avec l'actualité soit trivial, même si j'ai tendance souvent à y prendre mes distances. Sans doute à tort. Reste que je trouve que votre photo montre en un seul coup d'œil pas mal de points de ce que je dis beaucoup plus laborieusement. Maintenant, je brasse peut-être aussi trop large ? En tous cas, au risque certes de la surcharge, mais si aviez combiné en plus dans votre image, je ne sais pas moi, une décharge industrielle avec la Silicon Valley et Disneyland, alors le tableau aurait rassemblé davantage toute la famille. Non pas cependant que je les mette tous au même degré de parenté non plus. Mais peut-être que trop causer métaphysique est parfois une façon d'éviter une actualité qui me paraît au moins aussi si ce n'est plus compliquée... A moins qu'elle n'y soit d'autant plus nécessaire. Selon où on juge aussi de sa propre efficacité.
RépondreSupprimerEuh l'actualité le 17 fevrier etait assez criante
RépondreSupprimerL'Eutyphron, je ne connais pas ... Je vais me renseigner. Sur W, qui ne m'est pas que d'un accès facile sans commentateur, que je connais donc moins, mais en effet j'ai pressenti quelque affinité de profil psychologique entre eux. Pour le 17 février, vous avez raison, là je suis complètement à côté ... Enfin, pour finir, il y a un oubli dans mon texte juste au niveau de votre commentaire à propos de l'Eutyphron où j'enchaîne juste après sur mon emportement interprétatif, qui devient du coup peu compréhensible sur ce que je voulais dire (ça se situe donc juste avant ou après votre remarque). C'est court hein mais c'est un point aussi soulevé par Marthe Robert qui ne me paraît pas dénué d'intérêt malgré tout. Donc je vous l'envoie. Et j'arrêterai enfin là. Pour finir : merci beaucoup de votre attention, j'appréhendais que vous ne trouviez ça tout de même excessif. Bon, vous l'avez deviné, c'est un sujet qui me tenait à cœur, mais avoir eu votre oreille le temps de quelques lignes, bein c'est ptêtre bête, mais c'est pas rien pour l'autodidacte qui n'a pas fait d'études que je suis.
RépondreSupprimerLe passage qui manque, donc : A moins que ce soit le soin apporté à la forme et au style de son écriture, comme le suggérait Marthe Robert, au déploiement si particulier de son ...phrasé... comme une coulée ample en ses méandres de détails, cette précision dans le choix de ce qui est étendu ou elliptique en ses descriptions, qui ne suggère -pour l'oreille qui l'entend- quelque sens autre, moins explicite, par contraste avec celui manifeste ou plutôt de son absence ? Le salut éthique in extremis par l'esthétique du style ? Bien qu'il ne soit pas le genre à en rajouter dans les "effets" littéraires, il use plutôt de parcimonie et de sens du détail, l'allemand n'était pas d'ailleurs sa seule langue ..., mais c'est celle qu'il choisit. Bon là, je m'emporte dans l'interprétation, c'est sans doute de revenir à une lecture de jeunesse, mea culpa si j'ose dire ...
RépondreSupprimerL'irrésolution et l'escalade d'une certaine violence ont proprement quelque chose de Kafkaïen. Et que le conflit soit en l'homme se relie en effet au fait qu'il soit entre les hommes.
RépondreSupprimerRetour sur le lien entre K et W. Il y aurait peut-être aussi une interrogation précise à se faire sur une tendance peut-être quelque peu romantique et surtout fantasmée, mais assez spécifique à la contemporanéité, une sorte de troc qui aurait été fait entre la perte de Dieu et la construction d'un nouveau mythe ou plutôt d'une sorte d'idole : à savoir une fascination discutable pour la figure du génie exceptionnel et maudit, à qui on passerait beaucoup plus aisément ses troubles psychologiques, là où on les accepte moins ou les toise davantage avec condescendance pour l'individu soit-disant lambda. Reste que W semble avoir une conscience du risque d'un certain privilège accordé à l'individualisme egocentré qui ne reconnaîtrait pas sa relation à une communauté une collectivité (quant à savoir jusqu'où il était cohérent en application), d'un autre côté lorsqu'il exprime son désaccord avec Ramsey (dont je ne comprends pas tous les tenants et aboutissants) il expose l'idée que le philosophe n'appartient à aucune communauté d'idées "c'est même ce qui en fait un philosophe" (dans le sens où il interroge davantage les fondements plutôt que de se contenter de légitimer ce qui marche à peu près ?).
RépondreSupprimerPlus largement : ça peut nous amener à la question du devoir d'engagement ou non et celle donc du rapport à l'actualité...
W citait Spinoza
SupprimerCar c'est aussi justement un des rares points suggérés par Kafka sur une explication possible de la culpabilité de Joseph K, notamment dans ses rapports sociaux familiaux : son manque d'attention aux autres, son petit égoïsme auto centré quotidien ... Même s'il manque en effet un contexte (géo ?)politique précis. Bon, personnellement, je ne cherchais pas forcément à relancer un débat précis, ni proposer de réponse définitive, simplement suggérer hein.
RépondreSupprimerQuant à la situation propre à certains conflits dans le monde, je dirai : "Et pour quelques hectares de plus", ou des histoires millénaires de cassage de gueule à la cour de récré mondiale, perpétuellement à l'affiche, sauf qu'on n'est plus au cinéma... et que certes les raisons souvent d'abord fort embrouillées (bien qu'assez classiques sur le fond) du conflit peuvent finir par laisser place à des situations réellement sérieuses extrêmes de survie. Qu'on remarque entre deux pages de publicités...
La littérature peut paraître assez impuissante sur ce point, si ce n'est peut-être qu'elle suggère la modeste éventualité de "pouvoir" s'occuper autrement que par le seul affrontement frontal au pré carré avec son voisin, si chacun daigne en laisser à peu près la possibilité sans excès de convoitise, et qui sait alors, de remarquer ici et là quelques points d'embryons d'universalité commune avec celui-ci. Et ce sera ma conclusion provisoire, si point de réaction de votre part.
RépondreSupprimerla littérature, c'est l'ironie. Elle peut taper, mais sans gourdin.
RépondreSupprimerD'accord, je croyais que l'absence de certains de mes envois procédaient de mes oublis, c'est très bien hein : votre sélection me permet de mieux comprendre ce que vous privilégiez comme approche. Allez, peut-être à une autre fois sur un autre sujet, en essayant pour ma part de plus rester en lien avec l'allusion que vous proposerez.
RépondreSupprimerDésolé si des commentaires ont sauté. Mais je croyais les avoir tous acceptés. Je ne peux répondre à tout mais les vôtres sont intéressants
RépondreSupprimerC'était sans doute un bug, ils y sont bien tous maintenant. Et il n'y avait bien entendu aucun souci pour moi de toutes façons, mais je me suis simplement demandé alors s'il y avait des raisons éventuelles, là où il n'y avait que des causes au final. Alors merci encore, je vous soumettrai sans doute bientôt quelque chose sur un autre de vos sujets (peut-être la philo comme sport de combat, l'idée m'intéresse, et aussi les propos échangés...). J'essaierai de dispatcher davantage mes envois, j'ai conscience d'avoir tendance à m'étirer. Et je ne veux rien forcer ou accaparer du rythme et du temps de chacun.
RépondreSupprimerAussi brefs soient-ils, j'ai apprécié vos précisions sur Spinoza, sur votre conception de la littérature, mais aussi déjà le simple fait qu'on puisse accorder un intérêt à mes tentatives.
Donc mes envois dépendront toujours de votre réceptivité et selon que vous y donnez suite ou non, sans rien forcer. Et je reste bien-sûr ouvert à toute critique, correction, contre argumentation, occasion d'apprendre, etc.
mon blog est un peu une sorte de contrepoint de mes écrits publiés. J'ai dit dans un billet ancien comment je l'utilise: un peu comme un brouillon de ce que j'écris par ailleurs, raison pour laquelle ce sont souvent des notes allusives.
RépondreSupprimerhttp://lafrancebyzantine.blogspot.com/2013/08/to-kill-blogging-bird_21.html
Pour moi, votre blog, c'est aussi une occasion de s'exercer, mais sans projets précis ensuite en cette drôle d'activité qu'est écrire, ou disons en les caressant de très loin. Si j'écrivais ailleurs et pas seulement d'abord pour moi (bien que si on l'écrit, l'inscrit, il y a toujours une idée même vague d'un lecteur potentiel quelque part d'après moi, et le blog quand il se déroule bien me semble encore plus dans l'esprit d'un contact ou du moins ... d'une relation avec son prochain, surtout il peut permettre d'articuler un besoin de temps solitaire pour une certaine réflexion avec ensuite le partage éventuel, je ne suis pas un adepte du monologue, mais je concède que mon besoin souvent de m'étirer quand je m'exprime peut avoir quelque ambiguïté... pour la réception, mais j'aime moi-aussi retourner plusieurs fois la plume dans l'encrier pour reprendre votre belle formule... avant de me lancer, et ensuite plus tard bien-sûr je peux aussi alors me lâcher dans un échange plus vivant ...), si donc je publiais vraiment : je me montrerai forcément beaucoup plus court ici. L'écriture à but de publication doit solliciter pas mal niveau énergie mine de rien, et ce sans parler de l'exigence de rigueur spécifique à la philosophie (saviez-vous qu'un joueur d'échecs peut perdre jusqu'à dix kilos en matchs de championnat du monde ?), et les gens qui exercent une profession intellectuelle ne m'impressionnent pas moins que ceux dans un travail physique, car si je m'exerce personnellement néanmoins suffisamment pour m'en rendre compte, cela reste dans le luxe dilletante de mon temps libre, et ce n'est pas la même chose lorsque c'est davantage un métier, je le conçois aisément.
RépondreSupprimerJe vais envoyer lundi quelque chose sur la page de votre article référencé To kill... (que je n'ai pas trouvé par l'adresse indiquée ... mais en tapant simplement le nom de votre blog et le titre de l'article, au cas où ça pourrait vous être utile de le savoir). N'étant pas sûr de votre réception puisque c'est ancien, vous me direz juste si c'est la bonne façon de procéder. Bon, ce sera ptêtre encore un peu long, mais votre article m'a inspiré... Et bien qu'il m'ait fait comprendre la dimension de mon ignorance sur ce qui se fait sur le web, il m'a aussi conforté quant à ce que j'avais pû déjà deviner de certains aspects que vous soulevez. J'ai pas mal découpé mon futur envoi, mais pour vous faciliter un tri ou une remarque éventuelle, juste au cas où. Et si la longueur vous dérange, n'hésitez pas à me le signifier.
Merci de me signaler cela. Le format blog est à présent un peu obsolète: on préfère face book ou twitter! A moi il convient.
SupprimerPrécision ici juste sur ce que j'ai dit, ma comparaison avec le jeu d'échecs me paraissant discutable sur un point important : exigence de travail propre à la pensée sur le long cours n'a certes pas non plus à se confondre toute toujours avec immédiateté de la performance sportive qui peut être critiquable également ... Je vous enverrai donc mon texte à la page de votre article dans la journée.
RépondreSupprimerLa meilleure étude littéraire de Kafka est celle de Pietro Citati, relue par Fellini. On y voit l'opposition du Kafka optimiste d'"Amerika", qui rêve de Terre Promise, et du Kafka sombre, celui de la Loi de l'Europe Centrale. À la fin de sa vie, Kafka est enfin en couple, il a un rapport de paternité carrollien avec une fillette qui a perdu sa poupée, et il projette d'émigrer en Palestine. Citati fait voir la géopolitique de Kafka. C'est très actuel. Aujourd'hui, il n'y a personne pour penser le dilemme poltique du Moyen-Orient. Personne ne se risque à une analyse méta-politique, parce qu'elle fait partie des questions mortelles. Le dilemme de la Guerre Froide, Julien Benda l'avait posé à sa manière, dans l'optique d'une éthique de la vertu.
RépondreSupprimer9 Palotin An 151
Merci de cette référence. Citati est un grand auteur.
SupprimerCependant, je redis que dans ce billet mon intention n'était pas de commenter Kafka, mais de réagir à un événément , la mort de Navalny dans une colonie pénitentiaire. Quand on fait une allusion, il est pénible de devoir l'expliciter, mais c'est quelquefois nécessaire.
Eh bien c'est quelque fois utile..., mais désolé : je n'avais pas compris en effet la référence exacte. Il faut dire que le même jour, un certain conflit au Moyen-Orient faisait aussi pas mal parlé de lui. J'ai confondu le bulbe orthodoxe avec un montage de dôme de mosquée surmontée d'une croix. Ce qui est assez drôle comme erreur d'interprétation.
RépondreSupprimermes billets sont souvent des allusions directes à l ''actualité, mais commentée indirectement. Peut être avez vous cru que Navalny était dans une colonie pénitentiaire en Ouzbekistan..
SupprimerTant qu'il est bien assuré qu'un intervenant qui vous parlerait de la politique de Poutine ne se verrait pas rétorquer que vous y parlez du récit de Kafka, voire seulement de Navalny..., je suppose alors que je parviendrais à éviter une éventuelle confusion...
RépondreSupprimerMais c'est bien ce dont il s'agit: la politique de Poutine, et
RépondreSupprimerdu Kremlin en général encore plus le Goulag est kafkaienne.
Poster le jour où l'on apprend la mort de Navalny dans une colonie pénitentiaire russe, et où tous les journaux et télé s'en font l'écho est parfaitement légitime. C'est vrai que mon commentaire est un peu décalé cependant . Mais comme vous savez expliquer ses blagues en détruit l'effet.
C'était ici quelque peu provocateur mais décalé moi-aussi... L'intervenant peut aussi jouer. Mais en effet jouer à la fois sur l'allusion et l'exigence de précision peut prêter parfois à ambiguïté ou confusion des registres. Cela reste l'administrateur qui donne le LA, je n'ai pas de problème là -dessus. Mais je crois qu'il y a un problème davantage lié au medium qu'à ses participants et quand bien même le sujet précisément établi, parce qu'on doit y être capable de défendre son approche devant une contradiction éventuelle de son interlocuteur mais qu'on n'y a pas toujours vraiment l'espace possible de développer son argumentation. Au demeurant, votre blog est ce qu'il y a de mieux par rapport au reste de ce qui se fait du web, du moins que j'ai vu. Mais le risque du dialogue de sourds et de l'unilatéral quant-à-soi qui coupe court y reste important. Soit on fait bref mais allusif, au risque de l'obscur, soit on précise ses raisons : mais là y'a pas toujours le choix, soit la concision demeure possible, soit cela nécessite un développement... alors même que le médium incite à se limiter. C'est un problème plus inhérent au medium qu'aux seuls participants, il me semble. Mais bon, c'est un autre sujet que celui traité ici ....
RépondreSupprimerSi je parle de Soljenitsyne, je peux perdre le lien avec l'aspect plus actuel, si je parle de l'autoritarisme en général je peux perdre la spécificité du contexte poutinien, si je parle de Poutine je peux perdre le lien avec Navalny, et si je parle juste des deux je peux finir par verser dans la seule description qui n'y rajoute rien... Soit j'ai à justifier davantage le lien, et en ce cas on me laisse la possibilité de m'expliquer, soit on considère que je suis vraiment trop à côté et on coupe court, soit on m'accorde qu'il s'agit de simples pistes de suggestions, et soit on m'en demande de davantage creuser ou soit on ne m'en demande pas plus... Mais ici, il n'y a qu'un seul arbitre, c'est vous, et m'est avis d'ailleurs que ce ne doit pas y être qu'une position toujours facile ou ludique.
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