Hôtel Cayré , Bd Raspail
Quand Benda revint à Paris, à l’été
1945, après son “enterrement vif” durant l’occupation qui l’avait conduit de
Carcassonne en 1941 à Toulouse en 1944, où il n’avait échappé à la Gestapo que
grâce au concours de la résistance communiste, il eut du mal à reprendre sa vie d’avant-guerre (essayons d'imaginer quelqu'un exproprié de son appartement, dont toutes les archives et la bibliothèque avaient été détruites par l'occupant).
Il avait 78 ans. Léautaud lui trouve un air de clochard (Journal XVI, 235, cité par Compagnon, Les antimodernes p.351). Mais il se requinque vite. Le même
Léautaud ensuite le « voit avec un beau pardessus de drap chiné noir et blanc ».
Il s’installe à deux pas de la rue Sébastien Bottin, à l’hôtel Cayré à l’entrée du Boulevard Raspail, qui n’a rien d’un garni. On imagine qu’il dînait aux Vieux garçons, 213 Bd Saint Germain.
Il s’installe à deux pas de la rue Sébastien Bottin, à l’hôtel Cayré à l’entrée du Boulevard Raspail, qui n’a rien d’un garni. On imagine qu’il dînait aux Vieux garçons, 213 Bd Saint Germain.
Aux vieux garçons, 213 Bd Saint Germain (le resto a gardé son ancien nom,
mais il a été rebaptisé Aux fins gourmets, les vieux garçons rebutent)
mais il a été rebaptisé Aux fins gourmets, les vieux garçons rebutent)
On
peut penser aussi qu’il s’installe là pour garder le contact avec Gallimard. Il
a participé, d’assez loin, mais assez activement par ses publications comme un antisémite sincère, aux Editions de
Minuit et au CNE. Toujours dépendant de Paulhan et lié à lui, il va publier
chez Gallimard dans les années qui suivent la guerre, La France byzantine, Du style
d’idées, De quelques constantes de l’esprit
humain. Mais il y avait peut-être une autre raison de son installation à l’hôtel
Cayré : c’était jusqu’en 1944 le siège de la Sicherheitspolize
(SIPO) : c’est là que le résistant Jean Ayral échappe lui-même à la
Gestapo en avril 1943, dans un épisode narré par Joseph Kessel dans L’armée des ombres et dans le film de Melville.
Gerbier-Ayral-Ventura dans le film L'armée des ombres au bureau de la SIPO dans l'Hôtel Cayré
(en fait "Majestic" dans le film, autre lieu de la Gestapo, mais la scène eut lieu à Cayré)
Pour toute rectification, consulter Patrick Modiano, Dans le café de la vieillesse perdue
Benda faisait là un clin d’œil à ses quatre ans d’occupation, et narguait les ex-collabos de la rue Sébastien Bottin. Sa vie journalistique reprend, et surtout sa vie politique. Il collabore à L’ordre, et à maints autres journaux qui renaissent à la Libération. Il défend ardemment l’épuration, et approuve tout ce que font les communistes, tout en répétant qu’il ne croit pas un mot au marxisme et s’oppose au matérialisme dialectique. Dans le même temps, il règle ses comptes avec la NRF, et ses relations avec Paulhan s’enveniment, au point qu’en deux ans il a rompu tous les ponts avec son ami, dont il fut le mentor en même temps que ce dernier le considérait plus ou moins comme un père spirituel. Il combat à tout crin l’argument selon lequel les écrivains collaborateurs devraient être graciés parce qu’ils « écrivent bien ». Il fustige Mauriac qui demandait la grâce de Brasillach, en opposant justice et charité.
Gerbier-Ayral-Ventura dans le film L'armée des ombres au bureau de la SIPO dans l'Hôtel Cayré
(en fait "Majestic" dans le film, autre lieu de la Gestapo, mais la scène eut lieu à Cayré)
Pour toute rectification, consulter Patrick Modiano, Dans le café de la vieillesse perdue
Benda faisait là un clin d’œil à ses quatre ans d’occupation, et narguait les ex-collabos de la rue Sébastien Bottin. Sa vie journalistique reprend, et surtout sa vie politique. Il collabore à L’ordre, et à maints autres journaux qui renaissent à la Libération. Il défend ardemment l’épuration, et approuve tout ce que font les communistes, tout en répétant qu’il ne croit pas un mot au marxisme et s’oppose au matérialisme dialectique. Dans le même temps, il règle ses comptes avec la NRF, et ses relations avec Paulhan s’enveniment, au point qu’en deux ans il a rompu tous les ponts avec son ami, dont il fut le mentor en même temps que ce dernier le considérait plus ou moins comme un père spirituel. Il combat à tout crin l’argument selon lequel les écrivains collaborateurs devraient être graciés parce qu’ils « écrivent bien ». Il fustige Mauriac qui demandait la grâce de Brasillach, en opposant justice et charité.
Mais même si le vieillard Benda – qui était
déjà un vieillard dans les années 30 - semble en pleine forme après-guerre, sa
source se tarit. S’il publie ses livres chez Gallimard, ce sont ceux qu’il a
écrits dans sa chambre de Carcassonne pendant la guerre. Ceux qu’il publie
après, comme Exercice d’un enterré vif,
Du poétique ou Trois idoles romantiques le sont à Genève, et il perd
progressivement ses appuis littéraires anciens. Il est passé de mode. L’existentialisme
prend toute la place. On raconte que quand Jean Paul Sartre prononce sa fameuse
conférence L’existentialisme est un
humanisme, en octobre 1945, Benda donne au théâtre de l’Atelier le même
soir une conférence sur son livre La France
byzantine, auquel Claude Mauriac venait de consacrer un pamphlet outré, La trahison d’un clerc, qui ne parle que
de La France byzantine, mais qui
suggère aussi en filigrane le passage de Benda à l’ennemi communiste, et règles les comptes du père contre le vieux Benda. La conférence de
Sartre eut le succès que l’on sait, narré par Boris Vian. Benda n’eut quasiment
personne pour l’écouter, puisque tout le monde était à Sartre. Ce dernier
enfonça le clou en 1947 dans Qu’est-ce
que la littérature ? où il brocarde Benda. A la même époque Bataille
fondait Critique, où en 1948 il
publia « Benda ou le clerc malgré lui » de Paulhan. Bataille fit
aussi un compte rendu méchant de l’Exercice
d’un enterré vif. A la même époque, Benda put aussi assister à l’ascension
de Maurice Blanchot, ex fasciste qui l’avait traîné dans la boue (voir ce blog
: http://lafrancebyzantine.blogspot.fr/2014/08/blanchot-et-benda.html ), devenu, grâce à l’approbation de Paulhan, grand prêtre de la littérature pure
qu’il fustigeait. Benda se débattit. Il publia Tradition de l’existentialisme en 1948, réaction vigoureuse contre
Sartre, Beaufret, Heidegger (dont il voit le nazisme philosophique
immédiatement). La conception sartrienne de l’humanisme était justement celle
qu’il rejetait dans La trahison des
clercs. Mais il avait perdu la partie. Il se retrouvait dans ses attaques
contre Sartre l’allié objectif, et bientôt subjectif, de Kanapa.
L’âge, la fatigue, les conflits politiques
aigus de la libération et de l’après-guerre où le temps qui passe, le fait qu’on
ne peut pas être au sommet de la vague toute sa vie, expliquent beaucoup le
fait que Benda brilla à cette époque de ses derniers feux. Mais il y a une
raison plus simple de sa défaite. Quand on quitte Paris, ne serait-ce que pour
quelques années, on est très vite plus dans le coup papa. Esse est percipi. On ne voit plus les gens aux dîners. D’autres
vous ont remplacés et des jeunes loups montent en graine. Les mille petites
relations qui font la « vie littéraire » et éditoriale, qui mettent
souvent des années à se conquérir, ont disparu. D’autres viennent, pas
nécessairement bons, mais nouveaux, vous remplacer dans le cœur des éditeurs.
Un autre système s'est mis en place, dont vous ne faites plus partie. Les esprits ont changé. On ne croit plus aux valeurs éternelles, mais à la contingence historique, on n'est plus libre selon la raison, mais selon son choix, face à un monde qui n'est plus peuplé d'idées, mais d'absurde. Vous devenez une veille lune. Vous allez voir les éditeurs qui vous avaient accueilli jadis les bras ouverts, mais qui à présent font comme si vous n'existiez pas. Qui va à la chasse… Benda pensait sans doute que,
les collaborateurs à la NRF une fois
éliminés, la vieille garde reviendrait. Mais même s’il percevait très justement
les nouvelles modes, et se battait comme un lion, il était devenu vieux,
cette fois réellement. Pire : il constatait, une fois de plus, que tout ce qu'il avait combattu toute sa vie durant était en fait toujours là, revenait sans cesse sous de nouvelles formes, et qu'il avait à jamais perdu la partie. Pire: quand vous êtes out , non seulement vous n'existez plus, mais vous existez encore, car le meilleur moyen de vous faire disparaître, c'est de de vous pomper et de vous parodier :
Sartre prenait des allures de clerc , il était devenu le Benda des zazous!
Bon franchement, ça m'a un peu cassé le moral. Un peu comme lorsque j'ai entendu; "Il n'y a plus rien à tirer de Davidson, tout a été fait". J'en suis resté fort marri. En même temps, si j'ai bien compris, il répugnait la compassion. Je me demande tout de même comment reste-t-on insensible à ces soucis pratiques, surtout lorsque l'on défend les valeurs de la vérité et de la justice. Ne s'est-il pas souvent demandé "A quoi bon?"
RépondreSupprimerAchetez vous un bon manteau, allez manger une bonne blanquette, arrosée de Bordeaux, avec un Paris-Brest au dessert.
RépondreSupprimerL'ultime rencontre, 14 juillet 1953 :
RépondreSupprimer"Je l'aurais rencontré dehors, je ne l'aurais pas reconnu. Je l'ai trouvé enfoui dans un fauteuil (il ne peut plus marcher), le visage creusé, déformé, une bouche à la Voltaire de la fin (il ne doit plus avoir de dents), la peau du visage d'un blanc de papier, les jambes enfermées dans une couverture, un seau hygiénique près de lui. À mon arrivée, il lisait deux volumes de Voltaire. Pendant ma visite, s'il a prononcé dix mots, d'une voix blanche et embarrassée, c'est tout. Pour sa femme, assez grande,elle a dû être jolie, mais à bien la regarder, sans trop savoir quel âge lui donner (je ne suis pas fort sur ce point), elle a le visage strié de rides, certes assez légères. Assez prétentieuse, visant à brille comme causeuse. Le grotesque complet pour moi, c'est de l'entendre, à chaque instant, appeler cette ruine de Benda : mon amour... mon chéri... (elle lui dit vous). Qu'elle se livre à ces douceurs dans l'intimité, passe. Devant un visiteur, c'est dommage comme absence du manque du sens du ridicule. Et lui-même, Benda, ce ridicule d'être appelé de ces petits noms devant un tiers, il ne le sent pas ? A-t-il baissé à ce point. Je crois me souvenir qu'il a deux ans de plus que moi. Il est donc dans sa 84e année. Avec seulement deux ans de moins que lui, je suis, auprès de lui, par la vivacité d'esprit et de conversation, de jugement, ma mémoire, ma facilité de gestes, mon rire, une sorte de jeune homme."
Sursum corda !
"une bouche à la Voltaire de la fin"
RépondreSupprimer" A mon arrivée il lisait deux volumes de Voltaire".
Petite précision : en 1953 Benda n'avait pas 84 ans, mais 86. Il est mort en juin 1956, à 89 ans. Quant à Léautaud, il avait parlé un peu vite : il mourut lui aussi en 1956, en février, 6 mois avant Benda !
Notons que Benda publia en 1953 son dernier article dans la NRF : "Qu'est-ce que la critique ?" que j'ai déjà commenté sur ce blog.
Pour le portrait des vieux garçons d'avant-guerre, il y a eu "Les Célibataires" de Montherlant et un film mémorable de Sacha Guitry, "Ils étaient neuf célibataires". On dit que la pression sociale pour se marier était énorme. Les célibataires étaient des marginaux qui faisaient rire, comme les homosexuels. Mais pour penser et pour écrire, ne vaut-il pas mieux être seul ou à la rigueur prendre une gouvernante ? C'était l'avis de Léautaud.
RépondreSupprimerÀ la Libération, chez les écrivains, vivre à l'hôtel était à la mode. Sartre et Beauvoir le faisaient, rue Cels. L'Hôtel Cayré fait évidemment penser à "L'armée des ombres" et à la Résistance montrée au cinéma. Dans ce film, le chef de la Résistance, Luc Jardié, est un mixte de Jean Moulin et de Jean Cavaillès. L'ingénieur joué par Ventura lit ses ouvrages d'épistémologie, quand il se réfugie à la campagne.
La fin de Julien Benda, vieux roi abandonné et trahi, est théâtrale. Elle est pathétique et tragique. Mais à cette époque, la vie des octogénaires est un naufrage. Ils ne sont pas, comme maintenant, la classe d'âge la plus dynamique, potentiellement transhumaine. Il y a aussi le problème du second souffle, chez les auteurs. Bergson, embaumé de son vivant dans sa gloire, a une extraordinaire force vitale de renouvellement, quand il publie "Les deux sources de la morale et de la religion". Benda est tombé en panne, malgré son génie. Il n' a pas eu l'instinct de survie inouï du second Foucault, avec son souci de soi. Ou c'était par lassitude d'avoir trop combattu. L'ingénieur de "L'armée des ombres" se fait tuer parce qu'il en avait marre de courir.
Il y aurait aussi à dire sur l'éminence grise des Lettres, le Sainte-Beuve du XXème siècle, Jean Paulhan, qui faisait le goût esthétique de l'époque. Ou sur la dictature de Gallimard, qui décidait de ce qui était publiable.
Très bien vu. les liens du célibat et de la créations remontent à plus loin , au XIXeme, à Baudelaire, Huysmans , Kafka, Duchamp , etc. Voir aussi l'excellent Jean Borie, le célibataire français, 1977. Benda s'opposa à Mallarmé, à Valéry et même à Gide, qui tenaient à être mariés. Paris était la capitale des bordels, jusqu'au années 50, il y en avait autant que des bougnats. Marthe Richard mit fin à cela.
RépondreSupprimerMais je ne vous suivrai pas sur Bergson. je ne trouve pas Les deux sources un renouvellement du tout, mais simplement une consécration de l'embaumement, du rapprochement avec les catholiques qui l'avaient mis à l'index, et la montée vers la mystique, dont Benda avait parfaitement prédit ( commme Russell) dès les années 1910 qu'elle était le terminus ad quem de la doctrine de l'évolution créatrice. Je ne vois pas trop le renouvellement de Foucault avec le souci de soi. Cela me semble le droit fil de ses idées antérieures, le domaine grec excepté.
Quant à Benda, son renouvellement eut lieu pendant la guerre, avec la France byzantine et ce qu'il écrivit dans son sillage: l'exercice d'un enterré vif, Du style d'idées, de Quelques constantes, sans compter le chef d'oeuvre méconnu dont j'ai déjà parlé ici, La grande épreuve des démocraties. Certes ces livres ressassent les thématiques que le vieux garçon avait déjà élaborées, mais Benda, célibataire à Carcassonne fut plus énergique que jamais pendant la guerre, c'est à dire pendant ses années de septuagénaire. Il est vrai que ses autres livres qu'il écrivit post 1945 ne sont la plupart que des conférences où il répète sa marotte, souvent pas mal ( De quelques constantes, 1948). Et en effet, privé de son magistère gallimardesque , de Paulhan, bataillant contre une maison Sébastien Bottin où l'épisode collabo avait du mal à être digéré ( la revue NRF ne s'en ai jamais vraiment remise, malgré la reprise en main paulhanienne), il était devenu seul.
Vous comparez Ces destinées ne sont pas comparables. Benda est encore actif jusqu'à 80 ans, Foucault est mort à 54 ans, Sartre passé 65 ans, n'a plus produit que des interviews, Deleuze n'a guère passé les 70 ans. ( Et moi même je ne me sens pas très bien)
Croyez vous vraiment que l'octogénaire soit la classe d'âge la plus dynamique ? Oui, si on lit les magazines de fitness et les catalogues de croisières.
À l'origine du renouvellement des penseurs, qu' y a-t-il ? Le changement de la mode, de l'air du temps, du socle épistémologique (soyons prétentieux) ? Et il y a eu l'accélération de l'Histoire provoqué par les deux guerres. Avec, à la fin de la Deuxième Guerre, la découverte d'Auschwitz, puis Hiroshima. On a dit que c'était la mort de l'humanisme et que cela avait même eu des conséquences sur l'enseignement des humanités gréco-latines. Elles n' avaient pas empêché un génocide.
RépondreSupprimerPour un rationaliste qui avance très loin en âge, il doit être dur de voir les idées et les valeurs vivre et mourir, dans le ciel des vérités éternelles.
Qu' est-ce qui fait l'originalité de Benda, par rapport à Alain ou Brunschvicg, qui seront cités dans les manuels ? On a dit que Benda posait le problème du fanatisme, du sentimentalisme de la raison. De même, Russell et Wittgenstein avaient été confrontés à la question de la radicalité logiciste.
En ce qui concerne Bergson, l'originalité des "Deux sources" tient au fait qu'il se mesure à Freud, sans jamais le nommer. Pour le pardessus, Benda était un rentier élégant, un mondain.
Il y a en effet des changements d'époque. après la seconde guerre, une nouvelle donne arrive. Le marxisme, déjà puissant, devient dominant. On prête à Robert Blanché ce mot : " en 1945, à peine les chars allemands avaient-il quitté Paris , que la métaphysique allemande y faisait son entrée." comprenez : non pas Kant, ni même le premier Husserl, mais Schelling, Hegel, Nietzsche, Heidegger. Benda fut toute sa vie hostile à cette métaphysique, qu'il tient comme responsable de la première guerre, et même de la seconde. En 1945, elle domine. Sartre sut saisir l'air du temps, et l'incarna même. Benda ne fut jamais dans l'air du temps. Même à l'époque de Dreyfus. encore moins dans les années 30. Mais son discours faisait quand même sens, car face à la montée du fascisme , un certain rationalisme de gauche était encore entendu. Passée la guerre, la gauche pensante devient irrationaliste. On adopte le slogan de Hegel : "la philosophie saisit son propre temps dans la pensée", elle ne peut pas sauter le rocher de Rhodes. Sartre, Merleau, foucault,ne disent pas autre chose. Ils sont tous très profondément hegeliens. Benda au contraire veut sauter au delà de son temps. Cela le condamne aux yeux de ses contemporains, et cela explique en large part son insuccès.
RépondreSupprimerVous me demandez ce qui fait l'originalité de Benda par rapport à Brunschvicg ou alain. Je vous conseille de lire là dessus les bons auteurs
" Vous devenez une veille lune."
RépondreSupprimerQuel beau lapsus, cher Ange Scalpel, que j' avais relevé à ma première lecture de votre message!
Vous vouliez sûrement écrire cette pensée : "les vieilles lunes veillent"?
"Je ne suys point clerc pour prendre la lune avec les dents"
RépondreSupprimerRabelais
Pour remédier à la solitude des vieux garçons, le stendhalien Léon Blum avait une solution bizarre et un peu choquante, dans son livre "Du mariage".
RépondreSupprimerEt en ce qui concerne la description de la vie de Benda avec sa femme, elle n'avait rien de surprenant.
Elle en disait surtout long sur son auteur, Paul Léautaud !
Le dialogue retranscrit, entre Benda et Léautaud, à partir des entretiens radiophoniques de celui-ci avec Robert Mallet, est particulièrement savoureux.
Benda parlait à la radio. C'était déjà un penseur médiatique. Il serait passé à la télévision, chez Raphaël Enthoven, notre précieux philosophe du dimanche.
Benda a toutes sortes de solutions dans ses mémoires. Une de ses techniques était de s'inviter chez les gens. Il ne s'est marié que vers 1950, avec une amie d'enfance, et sans doute quand il s'est trouvé incapable de mener sa vie quotidienne.
RépondreSupprimerBenda était en effet un penseur médiatique, un journaliste. Il honorait ce métier. S'il avait parlé à la radio aujourd'hui quelle différence avec les tenanciers des ondes .
Ecoutez ces extraits
http://www.franceculture.fr/emissions/macadam-philo/julien-benda#
et par la même occase un commentateur
http://www.franceculture.fr/emissions/le-journal-de-la-philosophie/les-lois-de-lesprit
Depuis le 12 mars, la nouvelle librairie des PUF est ouverte, au 60, rue Monsieur-Le-Prince. Je vais aller me faire imprimer en flux tendu "Les Lois de l'esprit", avec l'Espresso Book Machine, la machine qui imprime un livre devant vous. Grâce à l'EBM, le livre ne va pas mourir. Mais il faudrait que les éditeurs débloquent leurs fichiers PDF !
RépondreSupprimerMais le livre est parfaitement disponible chez Ithaque. Les éditeurs et les auteurs ne vont pas débloquer leurs pdf pour que les livres s'impriment sans droit d'auteur !
RépondreSupprimerhttp://www.ithaque-editions.fr/livre/36/Les+Lois+de+l---esprit+-+Julien+Benda+ou+la+raison
Le Robot EBM est impressionnant ! Il imprime et relie les livres, avec une belle couverture blanche. On vous sert un café en attendant.
RépondreSupprimerLe Robot n' imprime que les livres des PUF. Pour les autres, ceux d'Ithaque, etc., cela posera d'inimaginables problèmes de droits d'auteur.
J'ai trouvé les "Lois" dans la Rue des Écoles. Je le lisais sur un pied à la FNAC, mais je ne m'y faisais pas. Je vais le reprendre.
Je vois des chercheurs qui rangent Benda dans les intellectuels ésotériques, comme René Guénon, qui jugeait le monde moderne à l'aune de la mystique soufi.
Ce qui m'intéresse aussi, c'est le dilemme de l'engagement politique après la Guerre. Benda n' était pas curieux d'une troisième voie, comme Camus dans "L'homme révolté", le lointain ancêtre du mouvement des indignés.
À la librairie, j'ai vu que l' on éditait enfin les cours de Bergson au Collège de France.
Qui a dit que Benda était un intellectuel ésotérique comme Guénon ? Je serais curieux de le savoir !
RépondreSupprimerQuant aux cours de Bergson au Collège de France, est-ce que le robot EBM peut les imprimer sur du papier toilette ? En ce cas j'achète.
Un groupe de chercheurs a publié, aux PUF en 2012, "Les intellectuels et le pouvoir. Déclinaisons et mutations". S'ils rangent Benda dans les intellectuels ésotériques, avec Guénon, Benda leur a ouvert un boulevard pour cela, en écrivant que le clerc, "en quelque manière", affirmait : " Mon royaume n' est pas de ce monde".
RépondreSupprimerIl y a sans doute beaucoup à apprendre de la mystique.
Les maîtres hindous nous ont transmis la logique non-dualiste des Upanishad. Ainsi, un hymne du Yajur Veda dit : "Du Tout, le Tout se manifeste. Quand le Tout est nié, ce qui reste du Tout est le Tout." C'est génial. Cela faisait sûrement rêver Schopenhauer !
En ce qui concerne Bergson, c'est le cours de 1902-1903 sur l'histoire de l'idée de temps, qui est publié. C'était le rendez-vous du Tout-Paris. Bergson recevait des lettres parfumées des dames. Il devait bien y avoir quelques marquises éprises d'épistémologie parmi elles.
Il faut reconnaître que l' entreprise de Bergson reste unique. Il a pris acte de la révolution de la physique moderne, et il en a tiré toutes les conséquences. C'était un véritable savant, qui avait des connaissances scientifiques profondes et étendues. Il a même fait une critique de la théorie de la relativité dans "Durée et simultanéité". À mon humble avis, malgré la clôture hégélienne, il est parvenu à renouveler la métaphysique, de façon très convaincante.
Le Bergson Bashing a des limites, surtout venant d'un mathématicien qui se prenait pour un philosophe, et qui sur le tard s'est même pris pour le Bon Dieu, avec un Tribunal Russell.
J'avoue ne pas voir en quoi Benda aurait cette attitude mystique. Si on lit la Trahison des clercs, la phrase du Christ a un tout autre sens.
RépondreSupprimerQuant à Bergson, il a en effet tiré toutes les conséquences, au sens où Sydney Morgenbesser disait
d'un autre philosophe ( Santayana) : " Il affirmé que P et non P, et en a tiré toutes les conséquences"...