"It is not
by chance that M. Bergson expresses himself by metaphor piled on metaphor. He
is forced by the necessity of his method to suggest by metaphor what escapes
the limits of clear thought. His metaphors are not mere supertitious adornment,
tricks of oratory, but a vital part of his philosophy. It is, therefore, as has
been frequently pointed out, futile either to argue with M. Bergson or to seek
arguments that support his position. He uses no argument ; he states his views
with eloquence and supports them with metaphors, but he offers no loophole for
discussion. The philosophy of creative evolution is indemonstrable, and he does
not seek to demonstrate it. Either one will accept it and share in the
intuition, or one will not. In either case, there is an end of the matter.
...
…The resort to intuition in metaphysics gives rise to serious difficulties. It involves an extreme individualism. Each individual has his own intuition which cannot be expressed nor defended; there can be only reiteration without argument. Even if the intuition were expressible, it could not be refuted, for, since the appeal is to immediate intuition, there is no criterion that may decide between rival intuitions. It lays itself open, therefore, to many of the objections that have been offered against the ' moral sense." In each case, "orthodoxy is my opinion, heterodoxy is other people's opinions "!
…The resort to intuition in metaphysics gives rise to serious difficulties. It involves an extreme individualism. Each individual has his own intuition which cannot be expressed nor defended; there can be only reiteration without argument. Even if the intuition were expressible, it could not be refuted, for, since the appeal is to immediate intuition, there is no criterion that may decide between rival intuitions. It lays itself open, therefore, to many of the objections that have been offered against the ' moral sense." In each case, "orthodoxy is my opinion, heterodoxy is other people's opinions "!
We are
forced, then, on this theory to conclude that philosophy has no greater
universality than art….Just as there is a science of Aesthetics, so
there is a science of " living “… This science is philosophy. It is
not of course a positive science nor a normative science, but a system of
knowledge which claims universality just as much as the exact sciences do, but
with no more pretension to finality. To argue that, because a man's life
involves a whole metaphysic, that, therefore, metaphysics is the art of living,
seems to me to be analogous to arguing that because bodily movements are in
conformity with, and therefore involve the laws of, positive science, that,
therefore, such science is the art of bodily movement......
The object
of philosophy is the attainment and communication of knowledge of Reality. In
so far as the line between science and art is clearly drawn, philosophy is a
science and not an art. We shall never learn philosophy by living it, any more
than we shall know what justice is only by doing just actions. M. Bergson
is led to adopt the standpoint of art because he holds that to know a thing as
it is, one must be it. The distinction between subject and object, the
antithesis between the act of knowing and the thing known, is thus to be
abolished in the interests of knowledge itself.
Pragmatism
and French voluntarism , Cambridge, Cambridge University Press 1914 ,146-148
Susan L. Stebbing 1885-1943
Pendant trois lignes, je me suis dit : "Marrant, tiens, Revel en anglais".
RépondreSupprimer- yabonn
Ce texte de Stebbing date de 1914. La conférence de Russell "the philosophy of Mr Bergson", faite à l'occasion de la visite du philosophe au chapeau melon à Londres, date de 1912 La même année , Susan Stebbing li devant la même société un article sur "Bergson on Truth" en 1912.
RépondreSupprimerCes auteurs n'avaient sans doute pas eu vent des premières attaques contre Bergson de Borel, Le Dantec, Couturat, qui dataient des premières années du siècle. Encore moins du livre contemporain de Julien Benda, Le Bergsonisme, une philosophie de la mobilité, Mercure de France 1912, qui développe exactement le mêmes points sur la notion d'intuition que Susan Stebbing. Lizzie Stebbing avait-elle lu Benda ? Ce n 'est pas improbable, mais elle ne le cite pas. Mais je doute qu'une philosophe aussi intègre, qui, à la différence des auteurs d'aujourd'hui, reconnaissait toutes ses source et état soucieuse de donner crédit à tout ce qui l'influençait, ait pu lire Benda et ne pas le citer. Pourtant il y a , y compris dans ses livres ultérieurs, des analogies troublantes avec la pensée de Benda.
cf http://www.philosciences.org/notices/document.php?id_document=1754
Quant à Revel, il est indéniable que "Pourquoi des philosophes?" doit beaucoup à Benda, que Revel admirait, et dont il republia La trahison des clercs, dans sa collections "Libertés" chez Pauet dans les années 60 .
Pour l' anecdote, cher Scalpel, Jean François Revel sonna la charge de l' anti bergsonisme dans cette collection puisqu'il y publia le Politzer, Bertrand Russel, et son Pourquoi des philosophes?
RépondreSupprimerAutres détails, Le cas Wagner est préfacé par C. Rosset et le Sade par M. Blanchot...
( Petit collection personnelle avec quelques autres titres.)
LIBERTÉS NOUVELLES
la littérature de combat de tous les temps et de toutes les tendances
1. T.TZARA
Les manifestes Dada
2. H.-D. THOREAU
La désobéissance civile
3. G. POLITZER
La fin d'une parade philosophique : le bergsonisme
BAUDELAIRE
Polémiste
F. NIETZSCHE
Le cas Wagner et
Nietzsche contre Wagner
J. GIVET
La gauche contre Israël?
7. P. DEMERON
Contre Israël
8 BOSC
Si De Gaulle était petit
(dessins)
9. M. MAC CARTHY
Vietnam
MORVAN LEBESQUE
Chroniques du Canard
J. PAULHAN
Lettre aux Directeurs
de la Résistance
J.-F. REVEL
Pourquoi des philosophes?
C.P. SNOW
Les deux cultures
J. DUBUFFET
Asphyxiante culture
J.-B. MAUROUX
Du bonheur d'être Suisse sous Hitler
M. CLAVEL
Combat de franc-tireur
pour une Libération
B. RUSSEL
Pourquoi je ne suis pas
chrétien
E.ZOLA
La vérité en marche (J'accuse)
BAKOUNINE
La liberté
SINE
Dessins politiques
L. TROTSKY
Leur morale et la nôtre
23. SADE
Français encore un effort
Bien à vous.
La collection de Revel était formidable, et aujourd'hui encore on est heureux quand on peut en trouver d'occasion un des volumes qu'on n'avait pu acheter à l'époque.
RépondreSupprimerMais Revel n'avait certes pas la primeur de l'antibergsonisme, phénomène qui remonte, je crois, à Benda, sous la forme polémique du moins, car les critiques universitaires de Bergson avaient commencé bien avant ( oir F. Azouvi, La gloire de Bergson, Gallimard 2006)
« - Oui, je sais bien, nous [les femmes] nous mêlons de tout maintenant, nous feignons de nous intéresser à des tas de choses qui ne nous regardent pas ; nous voudrions tant nous intéresser à quelque chose ! Je fais comme les autres. Je m'occupe de patronages, de comités de bienfaisance. Je suis des cours de la Sorbonne, des conférences de Bergson et de Jules Lemaître, des concerts historiques, des matinées classiques, et je prends des notes, des notes... je ne sais pas ce que j'écris !.. et je tâche de me persuader que cela me passionne, ou du moins que c'est utile ! Ah ! comme je sais bien que c'est le contraire, comme tout cela m'est égal, et comme je m'ennuie !.. »
RépondreSupprimerRomain Rolland, Jean-Christophe, 1912, Albin Michel, pp.699-700.
Arnaud M.
Cela fait penser au Journal de Catherine Pozzi, qui raconte son enthousiasme initial pour Bergson, qu'elle traite pourtant de "sirène à tête de poulet", ce qui semble suggérer, outre le fait que son coup devait être long et son crâne petit, qu'il parlait d'une voix de fausset.
SupprimerPozzi était une enthousiaste des essais de Benda sur Bergson, et eut avec lui ( Benda!) une amitié amoureuse ,
quand elle quitta Valéry. cf la biographie de Valéry de Michel Jarrety
oups ! cou et non coup ! I blush
SupprimerC'est la référence à Bergson qui, seule, éveille ici l'intérêt relativement au thème du "bashing". En revanche, si on se penche (brièvement) sur la conception que R.Rolland propose ici des femmes (il a le culot d'en faire parler une au nom de toutes), la déception est terrible : le passage se résume à déclarer que le rôle des femmes est de se préoccuper prioritairement du mariage (quelques lignes plus loin nous le confirment) et non de philosophie. Lorsqu'elles suivent des cours de la Sorbonne ou des conférences de Bergson, c'est qu'elles font semblant !.. On imagine les cendres de Susan Stebbing se révolter. C'est tout juste d'ailleurs si celle-ci ne reproche pas à Bergson de mettre trop de féminité dans sa philosophie en accordant le beau rôle à l'intuition; qu'elle soit "métaphysique" ne constituant en aucune manière une circonstance atténuante.
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