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dimanche 16 novembre 2014

L’anonymat des écrits





    Dans la NRF d’août 1935 (repris in Précision, Gallimard, 1937, seconde ed. 1964, p. 102), Benda demande l’anonymat des écrits. Sa raison est que, quand on prend des positions, on emploie toujours l’argument génétique et ad hominem et qu’on n’examine jamais si la position est vraie ou correcte. Par exemple quand il demande que la France s’arme contre l’Allemagne on dit qu’il prend cette position parce que juif, quand il prône le français comme langue commune européenne on dit que c’est parce qu’il est un bourgeois français, quand il critique la propagande marxiste, on l’accuse de ne pas parler de Marx alors qu’il le devrait comme clerc.
 
    « Il y a là un tour d’esprit caractéristique du littérateur moderne et qui l’oppose à l’homme de science ; considérer les idées d’un ouvrage, non en elles-mêmes, mais par rapport à la personne de leur auteur.
    Pas de critique des idées tant qu’on n’aura pas voté l’anonymat des écrits »

    Benda reprit ce thème derechef en bien des endroits - on ne s’intéresse pas aux idées, mais aux personnes, pas à ce que les gens disent mais à leur biographie - et dans son tout dernier article de la NRF, « Qu’est-ce que la critique ? » que j’ai déjà eu l’occasion de citer ici ( « polémique », 18 mai 2014). 

      L’usage de l’argument génétique (tu dis cela parce que tu viens de tel passé, as telle origine), ad hominem (tu dis cela parce que tu es tel ou tel, appartiens à tel ou tel groupe, telle classe, « d’où parles-tu ? »), ou tu quoque (ou argument de la cour de récré : « c’est celui qui le dit qu’il y est » ) est si fréquent qu’on est tenté en effet de supprimer les noms d’auteurs. 

      Après tout, n’était-ce pas ce que l’on faisait au XVIIIème, quand être un auteur vous rendait immédiatement suspect et embastillable ? La plupart des pamphlets de Swift, par exemple, sont anonymes, et nombre de textes de Voltaire, comme la fameuse Diatribe du Docteur Akakia  (1752) . En 1827, Barbier écrivit un Dictionnaire des ouvrages anonymes etpseudonymes  qui révélait les clefs.

N’est-ce pas ce que les tenants de la mort de l’auteur comme Michel Foucault ne cessèrent de demander ?
  Le maître poitevin ne disait-il pas, en 1969 à la Société française de philosophie [1] , dans une curieuse ( mais en fait seulement apparente) convergence avec Benda : 

« L'auteur - ou ce que j'ai essayé de décrire comme la fonction auteur - n'est sans doute qu'une des spécifications possibles de la fonction-sujet. Spécification possible, ou nécessaire ? À voir les modifications historiques qui ont eu lieu, il ne paraît pas indispensable, loin de là, que la fonction-auteur demeure constante dans sa forme, dans sa complexité, et même dans son existence. On peut imaginer une culture où les discours circuleraient et seraient reçus sans que la fonction-auteur apparaisse jamais…La vérité est tout autre : l'auteur n'est pas une source indéfinie de significations qui viendraient combler l'oeuvre, l'auteur ne précède pas les oeuvres. Il est un certain principe fonctionnel par lequel, dans notre culture, on délimite, on exclut, on sélectionne. Bref, le principe par lequel on entrave la libre circulation, la libre manipulation, la libre composition, décomposition, recomposition de la fiction. Si nous avons l'habitude de présenter l'auteur comme génie, comme surgissement perpétuel de nouveauté, c'est parce qu'en réalité nous le faisons fonctionner sur un mode exactement inverse. Nous dirons que l'auteur est une production idéologique dans la mesure où nous avons une représentation inversée de sa fonction historique réelle. L’auteur est donc la figure idéologique par laquelle on conjure la prolifération du sens. »

  Mais l’auteur bien repéré  de Les mots et les choses s’empressait d’ajouter : 

"En disant cela, je semble appeler une forme de culture où la fiction ne serait pas raréfiée par la figure de l'auteur. Mais ce serait pur romantisme d'imaginer une culture où la fiction circulerait à l'état absolument libre, à la disposition de chacun, se développerait sans attribution à une figure nécessaire ou contraignante. Depuis le XVIIIe siècle, l'auteur a joué le rôle de régulateur de la fiction, rôle caractéristique de l'ère industrielle et bourgeoise, d'individualisme et de propriété privée. Pourtant, compte tenu des modifications historiques en cours, il n'y a nulle nécessité à ce que la fonction-auteur demeure constante dans sa forme ou sa complexité ou son existence. Au moment précis où notre société est dans un processus de changement, la fonction-auteur va disparaître d'une façon qui permettra une fois de plus à la fiction et à ses textes polysémiques de fonctionner à nouveau selon un autre mode, mais toujours selon un système contraignant, qui ne sera plus celui de l'auteur, mais qui reste encore à déterminer ou peut-être à expérimenter. »

    Bref, la fonction auteur n’est qu’une fonction, elle est contingente, elle pourrait disparaître en principe, mais elle reste quand même là. Foucault ne se mouille pas. Benda était plus radical. Lui-même pourtant continua, tout comme Foucault, de signer ses livres. 

     La revendication de Benda, les prophéties de Foucault, portaient surtout sur l’écriture littéraire. Benda aurait aimé que la littérature fût comme la science, un lieu public, neutre, collectif, où l’œuvre est le produit d’une création et d’une critique publique et objective, en un sens assez popperien. Il est loin d’être évident que ce fut l’idéal de Foucault ou de Blanchot dont il s’inspire. Quand ces derniers constatent, et peut être réclament l’effacement de l’auteur, ce n’est pas au nom de l’Offentlichkeit  kantienne ou de la neutralité de la science, ou en raison d’une quelconque vénération pour la vérité objective. Entre le ressassement éternel de l’écriture et le neutre qui parle de nulle part  prônés par le maître de Quain (Saône et Loire) et son disciple de Poitiers (Vienne), et l’idéal platonicien du Clerc parisien (4eme arr.), pas de commune mesure : jamais Blanchot ni Foucault, et encore moins leurs successeurs structuralistes et post-structuralistes n’ont eu la moindre sympathie pour Benda et ses idées Troisième République. Au contraire, tout comme Bataille, qui le haïssait, ils voyaient en lui la figure même de l’écrivain classique, celle qu’il faut abattre, ou simplement ignorer – car dans le monde de l’esprit, point n’est besoin d’abattre qui que ce soit, l’ignorance, le mépris glacé et le silence suffisent largement. 

    L’anonymat des écrits est-il un si bon principe ? Certes il permet d’échapper à la censure dans les régimes dictatoriaux et autoritaires et il a la vertu d’épargner à leurs auteurs la prison ou le bannissement.  Mais quid quand les écrits en question sont diffamatoires, injurieux, racistes, etc. ? Quand, comme dans les blogs (heureusement pas celui-ci) les anonymes postent des commentaires insultants et se réfugient derrière l’anonymat pour commettre leurs forfaits ? Et si les écrits sont anonymes, le plagiat ne va-t-il pas devenir universel ? On pourrait soutenir qu'il n'y aura plus de plagiat, puisque la "fonction auteur" aura disparu. Tout sera accessible, mais aussi à quoi bon copier, puisque tout sera à tout le monde. Mais aussi : à quoi bon écrire, puisqu'on écrira pour les autres et non pour soi, et qu'on ne sera plus propriétaire de son copyright ? ( soit dit en passant, c'est à peu près ce qui tend à se faire sur internet: beaucoup de gens pensent que du moment que quelque chose est sur le web, il est en accès libre et gratuit, et pillable ou piratable).


    Voici un autre exemple qui rend l'anonymat problématique. Une récente revue en ligne, Inference , se propose les objectifs suivants : 
   Science, it is often said, is a uniquely self-critical institution. Questionable theories and theoreticians pass constantly before stern appellate review. Judgment is unrelenting. And impartial. Individual scientists may make mistakes, but Science as an institution is irrefragable because its judgments are collective.     The editors of Inference: International Review of Science believe this view to be both wrong in conception and pernicious in effect. The process of peer review by which grants are funded and papers assigned to scientific journals does not—and it cannot—achieve the ends that criticism is intended to serve. The editors are for this reason persuaded that the sense of skepticism engendered by the sciences would be far more appropriately directed toward the sciences than toward anything else.


   Il s’agit donc de critiquer la science dans ses prétentions à la critique, à l’objectivité. Curieux programme. Quand on voit que la revue en question laisse la part belle à des articles critiques de la théorie de l’évolution et des conceptions officielles du climat et de la santé, on a une vague idée des objectifs de la dite revue, qui sent à plein nez la propagande discrète pour l’intelligent design

    Mais chose encore plus curieuse, les « éditeurs » de la dite revue restent, et entendent rester anonymes. Aucun comité de rédaction, aucun comité scientifique n’est donné sur le site, avec cependant des conditions assez drastiques du point de vue légal. 

Les éditeurs nous disent aussi qu’ils n’ont pas de comité de lecture et ne prennent que les articles qui leur « plaisent ». Ils critiquent le « peer refereeing »:

Although the editors appeal to experts for advice, Inference is not peer-reviewed. Writers must please the editors. They need please no one else.
The editors of Inference would prefer to remain anonymous.

    Je dois dire que, même à l'époque des revues littéraires comme la NRF en littérature, de Mind  ou de la Revue philosophique, qui étaient dirigées par un petit groupe de gens suivant un potentat littéraire ou philosophique, je n'ai jamais entendu l'un quelconque de ces directeurs de revue ou leurs comités dire qu'ils publiaient les articles qui leurs étaient soumis simplement parce que cela leur plaisait. Prétendre appliquer ce principe pour la littérature , passe encore - bien que la littérature à mes yeux relève de principes de jugements aussi objectifs que possible - mais dire cela pour une revue qui entend publier des articles de science, c'est pour le moins inédit!
      Refuser la lecture "anonyme" et "blind" n'est cependant pas en soi une si mauvaise chose dans la mesure où le peer referreing a aussi ses défauts, même si en fait je suis pour le blind refereeing. Mais il ne faut pas cacher aussi qu'il favorise, notamment,  le conformisme et la courbe de Gauss dans la qualité des articles. Mais pourquoi , si les rédacteurs de cette revue Inference  refusent cette science publique et anonyme, restent-ils eux mêmes anonymes et  n'assument ils pas en leur nom propre leurs choix éditoriaux? D' autant qu'ils n'appliquent pas cette règle à leurs auteurs. Car les auteurs du premier numéro sont , à la différence des editors, parfaitement identifiés. Ils ont même leur caricature attitrée comme avec les dessins de David Levine dans la NYRB. 
 
    Cet exemple montre que l’anonymat des écrits peut servir toutes sortes d’objectifs, et n’est pas nécessairement la marque d’un souci d’objectivité et de neutralité scientifique. Au contraire.











[1] En 1969, voir Dits et Ecrits Tome I texte n°69. Foucault, pourtant si peu institutionnel dans ses allégeances exprimées, eut droit à deux séances de la Société française de philosophie, puisqu’il y parla, une quinzaine d’années plus tard de Qu’est ce que les Lumières ?

24 commentaires:

  1. Une des bonnes fonctions de l'anonymat est de permettre en fin de compte à un auteur de pouvoir assumer sans honte, sans crainte et en son nom propre ce qu'il soutient.

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  2. en son nom propre, à condition que celui ci soit caché ! donc l'anonymat favorise la "fonction auteur" ! plus on est anonyme plus on est auteur.

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  3. non, je voulais dire en son nom propre, dans un second temps, après que son nom a été caché.

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    1. vous voulez dire, une fois l'anonyme démasqué? "Ah c'était donc vous, Dominique Aury, l'auteur d'"Histoire d'O" ! " Ah c'était vous Emile Ajar ! Mais alors pourquoi ces auteurs se cachent ils sous un pseudo ?

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    2. Non, je pense à l'évaluation anonyme d'un article : l'identification des faiblesses par l'évaluateur permet la correction et production en son nom propre par l'auteur d'un texte sans faiblesses (du moins identifiables par la communauté des pairs) ; l'anonymat fait l'économie d'une blessure d'amour-propre (après publication) et maximise les probabilités d'une satisfaction d'amour-propre (après publication). Certes l'auteur prenant connaissance de l'évaluation peut se sentir blessé mais ce qui a été repéré par l'évaluateur, ce sont les défauts d'un texte, pas les siens, en tant que chercheur déterminé.

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    3. as l'évaluation anonyle est une chose l'anonymat de l'article publié une autre: on évalue les articles anonymement, autant que possible , mais quand ils paraissent ils sont signés. Croyez vous que votre remarque tiendrait si les articles étaient aussi publiés de manière anonyme après évaluation anonyme?

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    4. Si les articles étaient publiés anonymement après évaluation anonyme et si en plus les revues publiaient des critiques anonymes de ces articles anonymes, ça permettrait en fin de compte à l'auteur d'améliorer ses positions ; mais il serait souhaitable qu'à un moment ou à un autre l'anonymat soit levé, car il n'est pas sûr que soient nombreux ceux qui accepteraient de progresser en termes de connaissance sans que les rivaux, un jour ou l'autre, aussi éloigné soit-il, ne puissent le savoir.....

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    5. oui mais quand on parle d'anonymat des écrits on parle d'un vrai anonymat, qui n'est pas levé. Au XVIIIeme on désignait souvent un auteur au moyen de la description définie "l'auteur de X" , ex "l'auteur des voyages de Gulliver" , " l'auteur du Traité Z" . est ce que l'on serait prêt, de nos jours, à parler de "l'auteur de la rue des boutiques obscures" et de "la place de l"étoile" sans jamais savoir son nom ? Pourrait on décerner un prix Nobel à l'auteur inconnu? Et vous avez raison l'anonymat vous livre pieds et points liés à vos rivaux. Mais pour les pamphlets on est souvent anonyme , car dire des méchancetés n'est pas bien vu. Ce qui ne va pas dans les signatures anonymes sur les blogs est qu'ils interviennent le plus souvent sur des blogs dont les auteurs ne sont pas anonymes (même s'ils se cachent sous des pseudonymes).

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    6. Oui, les effets de l'anonymat sur Internet laissent penser que la disparition de la possibilité d' attribuer des propos à son auteur permet de fait au pire de l'homme de se manifester sans crainte (cf les dénonciations anonymes sous l'Occupation). Ce serait seulement dans des communautés très vertueuses épistémiquement qu'il pourrait avoir des effets bénéfiques en termes de connaissance de la vérité à condition qu'il soit partiel (l'éditeur connaît l'identité de l'auteur et du reviewer) et provisoire.

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  4. A fortiori le pseudonymat ?

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  5. Si on pousse cette logique, on va finir par dire le plagiat permet de s'affirmer comme auteur. Après tout on a souvent vu les plagiaires avoir plus de succès que les originaux, et recueillir les éloges. Peut être ont ils amélioré l'original, et donc ont-ils leur droit au succès aussi. Après tout, sans deux les idées de l'original - même volées - seraient restées méconnues.

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  7. IL y a des vérités qui sont plus difficiles à dire qu'à entendre, surtout dans un milieu où l'on doit garder une sociabilité "normale", à moins de vouloir aggraver le taux de consommation d'anxiolytiques et autres psychotropes et anti-dépresseurs, dans notre beau pays aux mille fromages. Mais il faut bien que certaines choses soient dites et entendues, d'où l'anonymat, non? Merci pour votre blog en tout cas.

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  8. Voulez vous dire que plus les vérités sont bonnes à entendre mais pas aisées à dire plus il est recommandé de recourir à l'anonymat ? ET quad quand les vérités sont anodines ou peu dangereuses on peut signer de son nom?

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    1. Non, surtout pas. Ma proposition était particulière: parmi les vérités difficiles à dire, certaines requièrent l'anonymat.

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  9. le problème est qu'il y a toutes sortes de gens qui veulent - par exemple - la mort de leurs ennemis qui seraient contents de les clouer au pilori anonymement. ET comment juger si ce sont des vérités si personne n'en répond ? Celine aurait il dû publier ses pamphlets anonymement? si je dis la vérité, aussi désagréable soit elle, je tiens que je dois la dire en la signant. Et si je me trompe qu'on me réponde à moi, pas à un anonyme

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    1. Certes, là vous me convainquez.

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    2. Certes mais l'exemple de Céline, ici précisément, est égarant car 1) il ne disait pas la vérité mais croyait sans doute la dire et 2) on ne pouvait pas lui répondre par la même voie.

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    3. Céline écrivait en son nom!
      Mais si on pouvait lui répondre par la même voie. Je suis frappé du fait que les antisémites des années 30 écrivaient en leur nom, sans aucune vergogne. J'ai fait un billet sur les textes antisémites de Blanchot qui signait en son nom dans les feuilles fascistes; Mais c'est le même homme qui, dix ans plus tard, défend une conception de la littérature comme effacement de l'auteur, que reprendra Foucault.

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    4. Oui, c'est vrai, pour Céline, vous avez raison si on pense à "Bagatelles pour un massacre" et à "L'école des cadavres" mais pour "Les beaux draps" publié début 1941 dans Paris occupé, c'était une autre paire de manches...

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    5. Ah mais à l' époque, y en avait de l'anonymat! Et que je te dénonce! et que je cafte! et que je balance! et que je moucharde! et que je te donne !

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  10. Je crois que quand Voltaire écrivait sous pseudo , ou anonymement, il voulait échapper à la police. Mais aussi qu'il n'aurait pas été mécontent, si celle ci l'avait laissé en paix, de signer en son nom.
    je connais des cas d'anonymat récents pour la fiction (( Emile Ajar, JK Rowling) et le cas des nègres travaillant pour nos politiques . Mais dans le domaine des idées, je ne connais pas d'écrits anonyme, sauf le nommé Agathon, qui se révéla être un journaliste.

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    1. À une époque de télé-réalité, où chacun est encouragé à afficher publiquement "ses choix" dans les limites du politiquement correct et où dans un tel cadre la moindre opinion est censée avoir droit à l'expression, à une époque où l'insignifiant et le médiocre sont parés de la valeur qu'on accorde à l'expression prétendument non refoulée de soi, il faudrait être singulièrement résistant pour ne pas répondre en son nom propre de ses idées, entendu par là que la production d'idées n'est pas identique à la simple confession médiatique de ses impressions...
      L'anonymat court le risque d'être seulement le refuge de tous ceux qui, dans un tel contexte "tolérant", sont interdits et qui sont sans doute, malgré leur proclamation et pour la plupart, moins en mesure de mettre en évidence les limites du politiquement correct que d'en confirmer, malgré eux, le bien-fondé, je veux dire les racistes, les machistes, les antisémites, les islamophobes et autres phobes...

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