RER B 20 dec 18 |
Quand j’étais enfant, dans l’œuf, je n’aimais pas
le jaune, je ne mangeais que le blanc. Mon grand-père m’avait appris à jouer au
nain jaune. C’était un ancien ouvrier, il me racontait ses exploits à l’usine
contre les jaunes, .qui cherchaient à étouffer la grève. Dans sa jeunesse, il
avait fait la Croisière jaune, et pu observer de près le péril jaune. Moi même quand je grandis, je n'avais peur de rien. je n'étais pas un foie jaune. Mais j'étais trop téméraire. Je
voyageai en Afrique, et attrapai la fièvre jaune. Peu en réchappent, ce fut mon cas. Je crus aussi pouvoir entrer à l'Académie, et échouai lamentablement. J'en fis une jaunisse. Celui qui avait suscité ma candidature à cette noble institution trouva le moyen, comme pour m'excuser, de faire gaiement mon éloge, en laissant entendre que j'étais bien au dessus de ces alea électoraux. Mais je riais jaune à ces propos guillerets. Je me consolai avec du vin jaune, en relisant La marque jaune et des livres d'histoire. L'autre jour il y avait en solde des pulls jaunes au Prisunic. Je n'ai pas eu envie d'en acheter un.
Pourquoi tout dans Moonrise Kindgom est il en jaune? |
Il y a pas mal de commentaires sur cette fascination du jaune chez Anderson . Mais je n'ai
pas encore percé la clef de l'énigme.
Dans le tabeau de Mantegna, Minerve chassant les vices du jardin de la vertu , Minerve est figurée avec une toge (un gilet? ) jaune d'or. Les Montagnes en arrière plan aussi. Pourquoi cette couleur ?
PS 29/01/19 Je pense avoir trouvé la clef de l'énigme du jaune andersonien
Mais le doré n'est-il pas aussi un jaune?
RépondreSupprimerAinsi la couleur qui fait briller encore Versailles de ses mille feux de la royauté est-elle devenue l'emblème de ceux qui veulent à nouveau suspendre à un pique la tête du Président soleil?
Et en peinture, cette couleur est difficile à utiliser, difficilement manipulable précisent certains de nos critiques modernes patentés ( exceptons le jaune de Naples...?)...allez, un coup de Malevitch et ça repart au rond point de l' espoir!
https://www.almanart.org/IMG/Image/permanentes2/malevitch_homme-chemise-jaune_30_MNatRusse-st-petersbg.jpg
Merci pour Malevitch
RépondreSupprimerOn dit aussi que Picasso a eu une période jaune, mais
que toutes les toiles de cette époque (1907) ont disparu...
Peut-être... et ce manque nous a sans doute valu une surdétermination interprétative sur les œuvres dites de la période bleue ainsi que de la période rose.
SupprimerIls y en a même certains - cela doit se trouver dans l' histoire savante de l' art - qui énonceraient dans une théologie négative des couleurs, l' absence présence du jaune!
https://it.wikipedia.org/wiki/Giallo_(genere)#Il_termine_%22giallo%22
RépondreSupprimerGrazie mille. Io non aveva pensato all giallo
SupprimerInteressante di sapere ché il "film noir" é giallo!
Vous avez, dans votre retrospective à tendance citron, oublié de mentionner un élément "jaunesque" qui n'a certainement pas dû échapper à votre culture cinéphilique avertie, je veux parler du tailleur jaune de catherine deneuve dans les parapluies de Cherbourg et de sa chevelure dorée
RépondreSupprimerhttp://www.parisfaitsoncinema.com/cache/media/parapluies%202/cr%2C640%2C450-bc25af.jpg
https://cdn.shopify.com/s/files/1/1351/2613/products/IMG_8005_1024x1024.jpg?v=1519246389
En matière de cinéma "coloré" on ne pourra jamais faire l'économie d'une mention du sieur Demy:
https://www.youtube.com/watch?v=JwO0NnJ9WiE
En quand le jaune virera au rose et que les gilets roses manifesteront on ira de ce côté-ci:
https://www.youtube.com/watch?v=uopjMuYY3F8
Certes, et vous aurez aussi, je suppose, pensé à la couleur du peignoir de Bardot dans Le mépris.
SupprimerJe me suis demandé les relations entre Anderson et Demy. L'une de ses références est Truffaut. Mais Truffaut est tout sauf un coloriste.
Je réfléchis aussi à la relation avec Douglas Sirk et Almodovar (qui lui donne dans le rouge)
Ce que vous dites, en fait, depuis quelques billets d'humeur, a été par avance parfaitement exprimé - en une formule justement célèbre - par un des philosophes les plus importants du siècle dernier, en l'occurrence Sartre : "l'enfer, c'est les autres".
RépondreSupprimerPour que tout cela corresponde davantage à votre "sensibilité" on pourrait reformuler cette remarque au travers d'une affirmation de l'antécédent (où l'antécédent serait lui-même une formule complexe) : s'il est impossible de ne pas avoir affaire aux autres et que par surcroît ils représentant la source principale de notre malheur, alors nous ne pouvons que craindre l'existence. Or il est impossible de ne pas avoir affaire aux autres et par surcroît ils représentant la source principale de notre malheur, donc nous ne pouvons que craindre l'existence.
(Bien entendu, cette interprétation n'est pas la seule possible, mais la formule de départ, il faut en convenir, "donne à penser", c'est-à-dire qu'elle se prête généreusement à nos efforts de charité).
Bref, la couleur jaune révèle surtout le Sartre qui sommeil en vous !
Je suis bien d'accord : l'enfer c'est les autres
RépondreSupprimerpourquoi blogue-je ? Sartre me l'aurait dit.
Il manque l'horrible jaune de la couverture des Classiques Garnier (dont on se souvient avant tout des Oeuvres philosophiques de Descartes)
RépondreSupprimerOui c 'est vrai, cette édition est moche. Mais les anciens classiques Garnier étaient jaune aussi, mais pas d'un jaune criard. Ce qui me gêne, en fait avec le jaune, c'est qu'il soit citron, ou fluo.
RépondreSupprimerNombre d'éditeurs à présent choisissent des couverture fluos à couleur agressive
https://www.ithaque-editions.fr/science-et-metaphysique
https://zilsel.hypotheses.org/3462
Cela suppose, si je comprends bien, que le lecteur sera attiré en librairie. Mais pour ma part, il me suffit de voir une couverture de cette couleur pour ne pas acheter le bouquin.
Sans doute suis je snob. Les Cahiers Verts de Grassert, jadis, étaient aussi moches
https://www.google.com/search?q=cahiers+verts&client=firefox-b&source=lnms&tbm=isch&sa=X&ved=0ahUKEwir-bixodffAhVQ-YUKHY29D1kQ_AUIDigB&biw=1186&bih=613#imgrc=8gBawNt1rpvcLM:
Mais le jaune des Garnier n'est pas tout à fait fluo ni citron, mais plutôt celui des engins Caterpillar. C'est un jaune bulldozer en somme.
RépondreSupprimerOui, je n'avais jamais remarqué, mais les maisons d'éditions font dans le criard. Les PUF ont assombri leur orange semble-t-il, qui est devenu très plaisant ; il me fait penser aux carrières d'ocre du Luberon. Il offre par ailleurs l'avantage de repérer très rapidement l'emplacement des oeuvres de Bergson dans les bibliothèques, bien qu'elles soient déjà souvent en bonne place...
Je ne sais pas en effet quoi faire, dans ma bibliothèque , de ces rangées de jaune Garnier des années 70. En revnache les anciens Garnier, qu'on trouve encore chez les bouquinistes, ont de l'allure.
RépondreSupprimerJ'ai aussi enduré des années l'orange de la collection epiméthée des PUF, qui était jadis jaune pâle du temps de Jean Hyppolite. Les bibliothèques sérieuses de jadis n'avaient pas ces couleurs là.
La biologie évolutionniste nous dit que les mâles chez les oiseaux ont des plumages plus colorés que les femelles , pour pouvoir servir de cible aux prédateurs et permettre aux femelles d'éviter ceux ci. Une autre explication tient à sélection sexuelle: le mâle doit attirer la femelle. Est-ce que la couleur criarde des livres d'aujourd"hui relève de la première ou de la seconde explication? Met on les Annales bergsoniennes en orange pour attirer les prédateurs et épargner Duns Scot ? Ou pour séduire les lectrices?