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mardi 4 avril 2023

FENEONERIES 23

 


 

                                              Felix Fénéon, inculpé en 1894 pour attentat anarchiste


Un belge a été tué par une intelligence artificielle.

Un blogueur russe propagandiste de guerre est tué par l’explosion d’un buste doré à son effigie qu' on venait de lui offrir

La porn star Stormy Daniels, accusatrice de Trump et prête à faire la preuve de ses malversations,  s’ appelle en réalité Stéphanie Clifford.

Le carlin de Hogarth, qu'on voit sur son autoportrait , s'appelait Trump.

1749

Le président de la République française a donné un interview dans Pif

Une ministre se fait photographier dans Playboy

Un ministre écrit des romans érotiques.

Il y a sur tik tok des influenceurs en philosophie

Un mari assassine sa femme et la découpe en morceaux. Au procès il défend le perdurantisme et plaide son innocence au motif que son acte faisait partie d'une tranche temporelle différente de celle qu'il occupe présentement

A Grozny s'est ouverte une université des forces spéciales, où l'on enseigne le maniement des armes et le tir, et où l'on apprend à lutter contre le satanisme.

Un exploitant agricole a été victime d'une arnaque au bitume.

Un ancien ministre de la culture publie un livre sur Brad Pitt. 

Cela fait partie du job de ministre de la culture d'aller écouter Jay-Z.

Il lui déclara son amour par e-mail, mais sans réponse, il téléphona. De nouveau sans réponse, il essaya What's  Ap,et sans succès Face book, puis Tik tok. De guère lasse, il recourut à Linkedin, puis Twitter. A la fin , il envoya sur Instagram  des photos de Buster Keaton retardant sa déclaration d'amour. Elle finit par répondre, mais pour l'éconduire.

Les évêques qui ont failli sont envoyés dans des diocèses fictifs.

Le milliardaire Kretinsky veut mettre la main sur l'intelligence française. 

La bibliothèque George Berkeley de Trinity College Dublin a été débaptisée. Le philosophe avait possédé des esclaves. Pour avoir promu l'usage de l'eau de goudron, il fut en son temps proclamé bienfaiteur de l'humanité.

Une ourse a tué un jogger dans le Haut Adige. On envisage de la traduire en justice. 

La Russie a critiqué la France pour la violence policière dans les manifestations.

Un enfant a été dévoré par un lion dans la bande de Gaza.

La liste des fausses Brigitte Bardot depuis Et Dieu créa la femme  n'a  cessé de croître. Elle a connu  récemment un pic.  

L'escroc qui a provoqué le scandale des cryptomonnaies s'appelle Bankman. Il détournait l'argent en sa faveur au nom de la doctrine de l'altruisme efficace.

Même les biscottes sont woke: leur farine est issue des bonnes pratiques de l'agriculture.

Une actrice porno se plaint d'avoir été agressée sexuellement par un acteur porno, qui a lui aussi déposé plainte.

Il y a du porno éthique.

Selon nombre de ses sujets , Charles III doit sa couronne à son mérite. 

Philippe Sollers a fait un éloge de l'infini.

 Poutine vapote.

Il traversa le désert toute sa vie. Il y fut enterré.

On s'est demandé,vu qu'ils avaient mangé un fruit, si Adam et Eve n'étaient pas véganes. 

On fait la queue au sommet de l'Himalaya. 

On a repéré une baleine blanche espionne dans la Baltique.

Cyril Hanouna,présentateur vedette à la télé, s'émeut de ce que les média ne donnent pas assez de place à l'université dans leurs programmes.

Un milliardaire norvégien s'exile en Suisse pour raisons fiscales.Il invoque "les nombreux atouts de ce pays :" montres, banques, chocolat,  fromages, banques, tourisme"

ed. Massin & Meylan, Ithaque
   



samedi 29 septembre 2018

TRIVIALITES






   Enfant, je riais aux trivialités, aux grossièretés : j’aimais faire des concours de pets avec mes camarades, dire des gros mots comme oh ! con! Putain ! Fan de pute ! Oh fan ! punaise !, les histoires de Toto qu’on racontait dans la cour de récré, les coussins péteurs et le fluide glacial, les farces et attrapes. C’était d’autant plus aisé que j’étais dans le Midi, avec beaucoup de marseillais, de niçois, d’italiens, de milieu populaire, et qui n’étaient pas très raffinés. Ma vulgarité était renforcée par mon accent du midi. On faisait des cagades, on était escagassé ou on se faisait traiter de fada ou de cougourde. J’adorais la lecture des Pieds Nickelés de Pellos, parce qu’on y parlait argot à chaque page, et que le dessin montrait des femmes fessues, des escrocs et des gens vulgaires. J’étais mûr pour apprécier, la décennie suivante, Hara Kiri. J’aimais les Caves Ricord à Nice, où les murs étaient ornés de dessins de Dubout. Je me tenais mal à table, et ne savais pas tenir mes couverts. Avec un de mes copains italiens, nous jouions à pisser du haut d’une fenêtre sur les gens qui passaient en bas. L’un de nos jeux favoris était d’aller dans les décharges pour y récupérer des débris intéressants.  C’est ainsi que je découvris que le trivial contenait des pépites.

    Je réalise que j’ai passé la majeure partie de ma vie philosophique à traiter de trivialités, de banalités et de platitudes, et à essayer de les expliquer et d’en faire des sujets d’intérêt. Bien d’autres philosophes ont dit cela : Husserl, Wittgenstein, David Lewis. Mon tout premier article en 1979 portait sur le bon usage des banalités et recommandait au philosophe de les cultiver, à condition qu’elles soient intéressantes et fructueuses. C’est une des raisons pour lesquelles j’ai été attiré par la logique, car on y trouve beaucoup de banalités. 

     La première banalité à laquelle je me suis consacré est celle qui s’attache à l’identité. Frege se demande quelle différence il y a entre a=b, qui est informatif, et a=a, qui est trivial. Presque tous les principes de la théorie formelle de l’identité sont triviaux. Et pourtant ils ne sont pas évidents, et suscitent des disputes. 

    La seconde banalité qui m’a intéressé est celle qui est propre à la notion de vérité : « P » est vrai si et seulement si P. Tout le monde reconnaît ce principe d’équivalence comme correct. Mais que veut-il dire exactement ? Toute la philosophie de la vérité y est contenue. 

   La troisième banalité qui m’a intéressé est celle qui s’attache aux explications de signification. Que veut dire « La neige est blanche » ? Cela veut dire que la neige est blanche. Mais peut-on expliquer le sens de la neige est blanche en mentionnant le fait qu’il est vrai que la neige est blanche ? Autrement dit est que l’on peut expliquer la signification par la vérité ? 

   La quatrième banalité qui m’a intéressé est celle qui est liée au paradoxe de l’analyse : si une analyse donne le sens d’un terme ou d’un concept, alors elle est correcte, mais elle est alors triviale. Et si elle n’est pas triviale, elle est informative. Mais alors peut-elle être correcte. 

   La cinquième banalité est le paradoxe de l’inférence que Stuart Mill a mis en valeur sur le syllogisme : un syllogisme n’est valide que si les prémisses contiennent déjà la conclusion ; mais si c’est le cas comment une inférence peut-elle ne pas être triviale ? 

   La sixième banalité qui m’a intéressé touche à la croyance : une croyance est correcte si et seulement si elle est vraie. Cela semble faire de la vérité la norme de la croyance. J’essaie d’expliquer que c’est intéressant, mais tout le monde fait les yeux ronds.  

   La septième banalité concerne les tautologies, telles que « le voisin du dessus habite au-dessus » que Locke appelait triviales, trifling. Elles sont vides ou analytiques. Mais le même problème se pose qu’avec le paradoxe de Moore : p,mais je crois que non p

  La huitième banalité est une métabanalité. La bêtise, comme l’on remarqué tous les auteurs qui en ont traité, est logée très souvent dans le lieu commun, le cliché. 

   La neuvième banalité qui m' intéressé est celle ci: si l' on sait que P, alors P. 

   La dixième est celle de savoir si les proverbes, la sagesse des nations,fondent la morale.

    J’avais ainsi accompli mon trivium.


    Un jour, je rencontrai – à Nice précisément – un philosophe célèbre. Je lui expliquai que je travaillais sur les conséquences de traiter les noms comme des désignateurs rigides dans a=b. Il me dit : « Et cela vous intéresse ? »