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dimanche 11 octobre 2015

Oi barbaroi einai edo

                             " Quel est l'animal qui préfère être informaticien ou médecin qu'égyptologue? "

     Les Français ont bien tort de ne pas lire les journaux suisses. Ils annoncent souvent des tendances qui s'imposeront ensuite chez les voisins européens.

     M. Tibère Adler, du Think Tank "Avenir Suisse" a des propositions quasi japonaises pour l'enseignement et la recherche en sciences humaines en Suisse. S'il regrette le radicalisme japonais en la matière, il propose deux solutions permettant de faire des économies : cesser de faire appel à l'idée d'un "université généraliste" accrochée à l'idéal obsolète du savoir et favoriser les MOOCs. On pourra ainsi supprimer des chaires dans des disciplines inutiles telles que l'égyptologie ou la linguistique. Cela n'impliquera pas l'abandon du savoir, puisqu'il suffira de coller les étudiants qui ont encore envie de s'instruire de ces disciplines devant des MOOCs. En fait, on aurait dû y penser avant. Car plutôt que de se désoler de la perte de Palmyre, on aurait pu se dire que si on avait un MOOC sur le sujet, tout le monde aurait été satisfait. Car pourquoi aller se balader dans un désert syriaque brûlant , infesté de serpents et de terroristes, pour aller voir trois colonnes branlantes? Les palmyrologues seraient bien mieux employés à faire des MOOCs.

    Il y a deux ans, quand j'ai écrit sur les MOOCs et dénoncé le projet rampant de voir des pans entiers des enseignements être purement et simplement remplacés par des MOOCs, et les cours en "présentiel" supprimés, les enseignements avec, pour ne laisser plus que dans les universités des enseignants producteurs de MOOCs, on m'a dit que j'exagérais, que je forçais les choses polémiquement, et que jamais il n'était question de supprimer des enseignements en les remplçant par des MOOCs, mais seulement d'améliorer les enseignements existants. Mais quand on lit ce que dit M.Adler, le projet est sans ambiguïté: 

" Le Japon a récemment transmis à ses universités des directives recommandant d’«orienter les jeunes de 18 ans vers des domaines hautement utiles où la société est en demande». Dans le collimateur: les sciences humaines et sociales (SHS), avec la conséquence prévisible et souhaitée par le gouvernement d’une drastique réduction des dépenses universitaires dans ces domaines. Le Japon fait donc un choix de priorités: les formations répondant bien à la demande du marché du travail seront mieux financées que les autres. En Suisse, l’UDC propose de diviser par deux le nombre d’étudiants dans les SHS ou d’y instaurer un numerus clausus, au motif que ces étudiants ne trouveraient pas d’emploi à leur sortie de l’Université.
Le cas japonais interpelle, car il rappelle crûment que les hautes écoles n’ont pas de ressources illimitées ni de budgets extensibles à l’infini. Même dans la prospère Suisse, elles doivent fixer des priorités pour leur financement. Mais selon quels critères décider? Privilégier les filières les plus porteuses sur le marché de l’emploi? Réduire le financement de celles qui «génèrent» le plus de chômeurs? Plus de médecins, moins de sociologues? Encore plus de juristes?
Le critère de l’utilitarisme sur le marché de l’emploi doit être pris en compte pour définir des priorités de formation: il n’est pas absurde que la Suisse affecte une part croissante de ses dépenses universitaires pour former des informaticiens ou des médecins, plutôt que des linguistes ou des égyptologues. Mais ce critère ne tient pas compte d’autres dimensions de transmission du savoir, considéré comme un rôle de civilisation. Et il serait totalement contre-productif dans la recherche: condamnés à devoir prouver des résultats économiques, les chercheurs vivraient dans la hantise de l’échec, inhibant ainsi tout esprit d’innovation.
De nombreuses disciplines universitaires, dont les SHS, n’échapperont pas à une réduction de leurs ressources financières. Plutôt que d’y voir à chaque fois une «guerre contre le savoir», la Suisse devrait prendre en compte quelques dimensions nouvelles:
– La qualité prime plus que la quantité. La Suisse compte cinq institutions universitaires classées dans le top 100 mondial. La préservation d’un tel résultat exige une concentration des ressources financières sur quelques filières du plus haut niveau. Le Japon n’a que deux Universités dans ce classement, alors que le pays compte près de 180 universités publiques.
– La «vraie» concurrence dans l’excellence est internationale, et non plus interne à la Suisse. Les SHS doivent créer des pôles d’excellence nationaux, et ne pas disperser les efforts et les chaires, sous couvert de maintien d’une Université «généraliste», concept flou qui masque souvent l’incapacité à faire des choix.
– L’accès au savoir international doit être favorisé et préservé. La Suisse n’a pas les moyens d’exceller dans tous les domaines. Mais une renonciation à financer nationalement une discipline ne signifie pas un abandon complet: la Suisse doit tenter de garantir l’accès de ses chercheurs et étudiants les plus motivés aux meilleures filières du monde, à l’étranger (par un système de bourses et d’accords). Bien entendu, une telle politique exige la réciprocité et l’accueil en Suisse d’étudiants étrangers dans nos propres filières d’excellence.
– Le savoir universel n’a jamais été aussi aisément accessible. La transmission du savoir ne doit plus nécessairement être assumée physiquement et localement pour chaque discipline dans chaque institution. Le développement des formations en ligne (MOOCs, pour Massive Open Online Courses) permet aux hautes écoles une large et efficace dissémination du savoir. L’EPFL, mais aussi les Universités de Genève et de Lausanne, sont des pionniers en la matière. Inversement, chaque résident en Suisse a accès aux MOOCs du monde entier. Le rôle de transmission et de préservation du savoir peut donc être partiellement assumé sous des formes moins onéreuses que le financement classique des hautes écoles actuelles."

Le Temps, 10 oct. 2015

samedi 9 août 2014

PASTICCIO PARA LA MASAS





  La révolte des masses on line: Ortega y Gasset tournant un MOOC (Madrid 1931)
  

Dans le New York Review of Books du 14 Aout 2014, on trouve un excellent compte rendu (par David Bromwich d'un film sorti aux US, Ivory Tower, sur le "mess high tech de l'enseignement supérieur". On y lit notamment :

" At the utopian edge of the technocratic faith, a rising digital remedy for higher education goes by the acronym MOOCs (massive open online courses). The MOOC movement is represented in Ivory Tower by the Silicon Valley outfit Udacity. “Does it really make sense,” asks a Udacity adept, “to have five hundred professors in five hundred different universities each teach students in a similar way?” What you really want, he thinks, is the academic equivalent of a “rock star” to project knowledge onto the screens and into the brains of students without the impediment of fellow students or a teacher’s intrusive presence in the room. “Maybe,” he adds, “that rock star could do a little bit better job” than the nameless small-time academics whose fame and luster the video lecturer will rightly displace.
That the academic star will do a better job of teaching than the local pedagogue who exactly resembles 499 others of his kind—this, in itself, is an interesting assumption at Udacity and a revealing one. Why suppose that five hundred teachers of, say, the English novel from Defoe to Joyce will all tend to teach the materials in the same way, while the MOOC lecturer will stand out because he teaches the most advanced version of the same way? Here, as in other aspects of the movement, under all the talk of variety there lurks a passion for uniformity.

[....]

A MOOC lecturer may interact with a small cross-section of students, but in the nature of the artifice, where class enrollments may soar upward of 100,000, this will never be more than a specimen group. A conventional delivery system for “the personal touch” in the MOOC format is the so-called “flipped classroom.” Here a teaching assistant circulates in a roomful of students who have watched the assigned video, and helps them to sort out questions about details. The assistant—as Ivory Tower suggests with a single understated caption—will often turn out to be somebody who was once a professor but whom economies facilitated by MOOCs have demoted to the status of section leader. At the heart of the MOOC model is the idea that education is a mediated but unsocial activity. This is as strange as the idea—shared by ecstatic communities of faith—that the discovery of truth is a social but unmediated activity.


Nous sommes quelques uns à avoir dit cela aussi.

Cela peut peut-être inciter à (re)lire un vieux classique oublié, le livre de Georges Gusdorf, Pourquoi des professeurs, Payot, 1963: "Enseigner, disait le vieux Gusdorf, ce n'est pas parler en l'air, c'est parler à quelqu'un , c'est parler pour quelqu'un, ce qui suppose la réciprocité des perspectives". Le MOOC suppose que , comme cette réciprocité ne peut évidemment pas se faire entre l'enseignant ou les enseignants qui apparaissent dans le MOOC et les milliers d'étudiants virtuels qu'il est supposé drainer, elle se fera par un dialogue entre les utilisateurs, qui entreront en communication entre eux. Ils feront par eux mêmes la réciprocité des perspectives...Le modèle c'est celui de l'autodidacte, qui est à lui même son propre professeur. Mais Gusdorf cite ici Leonard de Vinci: "Triste e quel discepolo che non avanza il suo maestro".

      Mais imaginons un instant - qui est peut être déjà arrivé - que l'enseignement passe entièrement sur internet via les MOOCs. De tristes épisodes comme celui-ci ne se produiront plus.  Et tout le monde sera bien tranquille.

samedi 18 janvier 2014

Au seCoursera ! Plaidoyer pour l'alphabétisation des MOOCs


 
                                                   Si Sabra mas el discipulo ?


    La plateforme en ligne  Coursera, qui abrite (entre autres) bon nombre de MOOCs  francophones,  dont ceux de l'ENS Ulm, de l'EPFL, ou de Polytechnique, semble avoir une confiance illimitée dans le logiciel de traduction de Google (ou on ne sait quel autre logiciel de traduction), puisque son texte de présentation, transcrit directement de l'américain et bourré d'anglicismes grossiers et de fautes d'orthographe, est écrit dans un français que les singes dactylographes eux-mêmes hésiteraient à imiter.  Voici seulement quelques échantillons parmi d'autres, mais qu'on en juge (en laissant aux lecteurs le soin, comme exercice, de relever les autres perles, qui seraient dignes du Bac de français si elles n'avaient pas été écrites  - mais en est-on sûr après tout? -   par un robot) :


"Notre but est de rapprocher les gens à l'enseignement de pointe...
Nous croyons que leur objectif le plus importants est celui d'encourager l'apprentissage et la rétention des concepts à long terme....
La mesure dans laquelle l'enseignement en ligne est aussi efficace que l'enseignement classique ou présentiel fait l'objet d'une controverse...
la vidéo s'arrête souvent, et les étudiants sont demandés de répondre à une question simple afin de tester....
Les recherches ont montré que mêmes les questions simples...
En utilisant ce type d'algorithmes, nous nous attendons, en ayant de nombreux étudiants qui évaluent chaque travail, nous serons capables d'atteindre une précision comparable ou supérieure à celle fournie par un seul enseignant....
Beaucoup d'entre nos institutions partenaires prévoient d'utiliser les capacités de notre plateforme..."

Parmi des dizaines d'autres exemples , on trouve des pluriels là où il devrait y avoir des singuliers, des temps verbaux non accordés, etc.
    Autrement dit les promoteurs des MOOCs francophones , issus  "des universités et organisations prestigieuses dans le monde", n'ont même pas pris le soin de faire relire leur texte de présentation par un locuteur "présentiel" - disons humain - de la langue cible (je n'ai pas vérifié avec les autres langues , mais je serais prêt à parier que les textes espagnols, italiens, allemands ou autres sont truffés de tels barbarismes). Pire les institutions "prestigieuses" en question, ENS, Grandes Ecoles , qui ont remis leurs cours en ligne entre les mains de Coursera sont si peu regardantes  ou si pressées qu'elles n'ont même pas vérifié si la présentation en français correspondait même vaguement à l'orthographe et à la grammaire de cette langue. Et pire encore, personne, parmi les millions ( 17 000 000, venus de 190 pays selon le site) de soi-disant étudiants virtuels de ces cours, n'a jugé bon de signaler aux concepteurs que leurs textes étaient truffés de fautes d'orthographe. Ce qui laisse entendre, ou qu'ils n'ont pas lu la présentation, ou qu'ils ne sont pas allés sur le site de coursera, ou plus simplement encore que les cliqueurs francophones sont une minorité, au sein de laquelle une minorité encore connaît l'orthographe et la grammaire galliques.

        Si ces MOOCs francophones sont supposés représenter la production française et marquer son autonomie par rapport au tout-anglais de ces plateformes, c'est un peu raté. 

        Faut-il alors leur conseiller de mettre en ligne un MOOC d'alphabétisation "orthographe et grammaire du français"  faisant office de patch ou de rustine? Vite un robot pour corriger les logiciels de traduction !   Mais qui alors corrigera les erreurs de ce robot ? Pourquoi pas tout simplement un bon vieil instituteur en présentiel, issu des Ecoles normales inférieures? 



                                             Ecole normale d'instituteurs de Quimper, la bibliothèque

                                                  Ecole normale d'instituteurs de Quimper


jeudi 9 janvier 2014

La voiture éducative qui se conduit toute seule



 
                   un Mooc se conduisant tout seul à travers le cyberspace


     De même que la bulle internet et autres bulles économiques, la bulle MOOC pourrait bien exploser  comme la bulle immobilière dans la crise des subprimes.  Sebastian Thrun , le fondateur de la plateforme Udacity, qui a plus ou moins  démarré  le mouvement des MOOCs dans la Silicon Valley il y a quelques années en lançant son cours d'intelligence artificielle suivi par 160 000 personnes de par le monde, et provoqué la soi-disant révolution que l'on sait, vient d'annoncer qu'il abandonne sa tentative d'éduquer en ligne toute la planète pour se lancer dans une entreprise plus modeste et d'autres aventures tout aussi business like.
      Un article  récent du journal de business technologique Fast Company , écrit dans le langage high tech et cool qui sied au genre,  nous annonce : “The man who started this revolution no longer believes the hype”. La raison de son raccrochage, nous explique-t-on, est qu'il s'est rendu compte que ses MOOCs ne marchaient pas:

   "As Thrun was being praised ... for having attracted a stunning number of students--1.6 million to date--he was obsessing over a data point that was rarely mentioned in the breathless accounts about the power of new forms of free online education: the shockingly low number of students who actually finish the classes, which is fewer than 10%. Not all of those people received a passing grade, either, meaning that for every 100 pupils who enrolled in a free course, something like five actually learned the topic. If this was an education revolution, it was a disturbingly uneven one. 

     Dans un cours de maths à San José State University, seulement 25% des étudiants réussissaient le programme, et un étudiant prenant le cours d'algèbre de la manière "normale"  avait 52% de chances de plus de réussir. Il payait 150 $  pour suivre le MOOC, soit trois fois moins que la "tuition" normale, mais avec des chances de succès divisées par 4.

    Pour toute personne sceptique quant aux capacités des MOOCs à obtenir réellement l'équivalent d'une éducation en "présentiel", ces résultats n'ont rien d'anormal. Le  fondateur d'Udacity expliqua alors qu' en fait cet échec venait du fait que les étudiants de San José State venaient de "milieux défavorisés" : autrement dit les MOOCs marchent mieux sur les riches que sur les pauvres. Adieu veaux, vaches, cochons, couvées !

    Echec éducatif, et surtout échec financier,  conduisirent, nous dit-on, le fondateur d'Udacity, vanté sur tous les medias comme "l'entrepreneur" ( un mot que, paraît-il, les Français n'ont pas) de la décennie, à changer de cap, et à se détourner de leur grand rêve d'un MOOC Global  et à prendre des partenariats plus modestes avec Georgia Tech University. Qu'on se rassure, le profit sera toujours là, mais à plus petite échelle que les milliards de dollars promis, car l'idéal de l'online education gratuite a vécu, et on fait à présent payer les mouqués pour des interactions  avec les professeurs:

     "It's a bold program, partly because it is the first accredited degree to be offered by a provider of massive open online courses, but also because of how it's structured. Georgia Tech professors will teach the courses and handle admissions and accreditation, and students will get a Georgia Tech diploma when they're done, but Udacity will host the course material. Thrun expects the partnership to generate $1.3 million by the end of its first year. The sum will be divided 60-40 between the university and Udacity, respectively, giving the startup its single largest revenue source to date."
  
   Non seulement cette orientation était prévisible - there is no free lunch - mais l'échec de la tentative initiale de masse l'était. ce qui est sidérant est le fait que ces entrepreneurs de plateformes éducatives sur MOOCs aient pu avoir l'illusion qu'ils allaient donner le même enseignement qu'à Harvard ou Stanford en ligne à la terre entière sans utiliser le moindre professeur ancienne manière. Avec une ingénuité touchante, le journaliste rapporte:

   "Still, I couldn't help but feel as if Thrun's revised vision for Udacity was quite a comedown from the educational Wonderland he had talked about when he launched the company. Learning, after all, is about more than some concrete set of vocational skills. It is about thinking critically and asking questions, about finding ways to see the world from different points of view rather than one's own. These, I point out, are not skills easily acquired by YouTube video." 
     
     Mais la chose la plus étonnante que l'on apprend en lisant cet article est que le même Sebastian Thrun avait, avant de se lancer dans l'entreprise MOOC, mené des travaux d'IA avec Google en vue de faire la voiture qui se conduit toute seule :

 "Thrun and his team originally planned to spin their research out into their own company that would create detailed images of the world's roads, using car-mounted cameras like the ones used to steer Stanley. Page offered to hire them instead. The collaboration helped lay the groundwork for Google Street View, and eventually for the fleet of self-driving Google-branded Priuses that these days navigate rush-hour traffic on Bay Area freeways without incident."

   L'idéal des premiers fondateurs de compagnies MOOCs s'éclaire : ils voulaient créer l'enseignement qui se conduit tout seul , comme on avait crée l'aspirateur qui aspire sans vous, ou le four qui s'auto- nettoie. Ils imaginaient que l'enseignement se pilote comme une machine, comme Prévert parlait de la machine à écrire des lettres d'amour! Que leurs MOOCs allaient atteindre tous les cerveaux comme la voiture qui se pilote toute seule traverse la Bay Area juste avec un programme de Google maps!

    Une telle naïveté autoroutière et intellectuelle  ne sera confondante que pour ceux qui n'ont pas été familiarisés avec les rêves de grandeur technologiques qui inspirèrent les premiers pas de l'IA jadis.

     Mais surtout, cette naïveté éclaire aussi la conception que ces gens ont de l'éducation. Comme le dit Roberto Casati ( qui ma signalé cet article de Fast Company) dans son remarquable livre contre le colonialisme numérique ( Albin Michel 2012) dont j'ai parlé ailleurs, ceux qui veulent vendre des livres sur internet veulent vendre le même livre à toute la planète. De même eux qui promeuvent les MOOCS mondiaux veulent que  toute la planète suive le même cours, si possible produit dans leurs studios, exactement comme ceux d'Hollywood veulent faire le film que la planète entière verra. Il commence à leur apparaître lentement que l'éducation, ce n'est pas çà.... Mais entretemps ils nous auront bassinés avec leurs rêves de cyber-Pérettes au pot au lait.
 
     

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mardi 7 janvier 2014

Conseils pour améliorer vos MOOCs


                                              Topaze enseignant la morale laïque




      Une critique fréquente que l’on adresse aux MOOCs  est de donner une image trop aseptisée et déshumanisée des enseignants  qui les présentent et de l'enseignement en général, et de faire perdre tout ce qui fait partie d’un cours en « présentiel » : l’ambiance de la salle de cours, l’hésitation de l’enseignant, les mille signes qui lui font sentir que son auditoire s’ennuie ou s’enthousiasme, les rires ou les soupirs qui accompagnent tel développement, la vivacité des questions, voire l’ennui qui peut se dégager, etc. Mais voici quelques propositions destinées à améliorer cet état de choses, destinées aux concepteurs de MOOCs  et aux animateurs de plateforme.

1)      Utiliser la technique des sitcoms en diffusant des rires préenregistrés qui émailleront le propos de l’enseignant – que l’on obligera aussi  à faire des blagues toutes les 5 minutes pour amuser l’auditoire. De même on pré-enregistera des soupirs d’ennui, des raclements de gorge  et des toussotements pour les passages les plus ardus du MOOCs, ce qui donnera aux auditeurs non seulement un sentiment de sympathie avec ceux qui souffrent sur des équations ou un point difficile de jurisprudence, mais aussi qui signalera que ce sont les passages où il faut se concentrer. On pourra aussi pré-enregistrer en début de Mooc des bruits de tables et de chaises qu’on pousse, ou un brouhaha d’amphi, pour donner de l’ambiance. Et surtout on ne manquera pas d’émailler le MOOC, à intervalles réguliers, de sonneries de portables de toutes sortes, voire de voix d’étudiants répondant au téléphone (« Attends je suis en cours, je te rappelle dans 5 minutes »).

2)      Les enseignants des MOOCs sont trop avenants pour être crédibles, ils ont l’air de représentants de commerce  ou de laborantins de pharmacie dans une pub pour médicaments, et pas de profs. On les obligera donc à porter des vêtements plus éculés, des pantalons tirebouchonnés, des chemises mal repassées, des cravates mal ajustées, des vestes qui baillent au col et aux manches, etc. et pour les dames des tailleurs boudinants, des chemisiers effilochés, des bas filés, des chignons en bataille. Ainsi les enseignants ressembleront-ils comme deux gouttes d’eau à ceux qu’on trouve dans les amphis, et leur habillage sera à l’image de leur salaire réel. En plus, on n’aura pas à changer les Moocs tous les cinq ans : car la mode change et un enseignant filmé avec des habits neufs à la mode d’il y a quelques années a vite l’air désuet -  son cours aussi -  tandis que des habits éculés restent tels plus longtemps et ont un petit air d'éternité qui sied au savoir.

3)      On n’oublie pas les odeurs. Dans nombre d’amphis aux Etats Unis, les étudiants amènent leur manger et leur boire et jouent des mandibules ou glougloutent sous le nez de l’enseignant. Il y a un remède à cette lacune. Si la technologie ne permet pas encore de diffuser des odeurs de synthèse à partir des ordinateurs – cela viendra sûrement, la cyber-olfaction fait des pas de géant – on peut néanmoins disposer devant le professeur filmé des hamburgers, des boîtes de coca et des sachets de chips, qui donneront un petit air de familiarité au décor. 

4)      Une critique fréquente est que les MOOCs ne permettent pas de saisir le « tremblé » véritable d’un cours , et surtout le rythme du séminaire: le fait que l’enseignant puisse buter sur ses mots, se reprendre, répondre à des questions de la salle, revenir en arrière, bref tout ce qui fait qu’un cours est vivant, et une sorte de petit théâtre, avec ses mouvements divers et variés, ses accelerati et ses diminuendi . En fait ce n’est pas difficile à réaliser. Il suffit de recruter quelques enseignants bègues, d’autres excités ou hystériques, d’autres encore ennuyeux – ce qui ne devrait pas être trop difficile – pour donner l’impression d’être comme en classe. On pourra aussi répéter deux fois la même séquence, pour donner l’impression de répétition. Et on pourra aussi demander aux enseignants d’être obscurs et confus, pour faire real life


Bref tout ce que le Truman Show réussissait à faire peut être fait sur MOOC, avec un peu d’imagination et d’effort. De même que McDonald’s a réussi à offrir à ses consommateurs des hamburgers campagnards au fromage de chèvre ou qui ressemblent comme deux gouttes d’eau à la baguette jambon beurre, les MOOCs  peuvent aisément intégrer l’ambiance d’un amphi bondé au sein d’une fac délabrée, couverte de graffitis et d’affiches, avec des étudiants et des professeurs absents.  C'est même ce qu'ils imitent le mieux.

dimanche 5 janvier 2014

LNI Lingua Numerici Imperii





Té n’seras jamais aussi fort qu’inne mouque : tu ne quieras jamais au plafond (proverbe ch'ti )





Projet de lexique


Académie numérique : n.f. 1.université, établissement de mouquement supérieur, 2. Division administrative à la tête de laquelle se trouve un Recteur numérique. 3. société savante : l’Académie numérique française (syn. Wikidémie)
Apprenant : adj qui est en train d’apprendre (mais n’a pas encore appris) ; étudiant, élève (vieilli)
Concept : n.m projet de mouque, ou de plateforme (« les concepts sans intuitions sont des mouques vides et les mouques sans concepts sont aveugles»)
Contenu : n. litt. information, ce qui est communiqué en ligne, fig. savoir, connaissance (« Il m’a  communiqué ses contenus », « après avoir transmis des contenus pendant 35 ans, il avait bien droit à la retraite »)
Mouque : n.m. cours,  par définition  massif, ouvert, en ligne
Mouquer : 1. v.t ,  litt. Faire tourner un Mouque sur une plateforme numérique ;  fig. enseigner, faire cours au moyen d’un mouque : « J’ai mouqué 3 heures aujourd’hui, mais cela m’a demandé 30 heures de préparation » 2. Mouquer (se) v. refl. Visionner un mouque : « Si toi tu te mouques de moi, moi j'm'y mouquerai de toi »)
Mouquant : adj enseigné, apprenant  , élève, étudiant (vieilli) (« Tous les mouquants sont là ! je compte 25000 clics »)
Mouquaire , adj  propre à un module de mouquement sur mouque (« un mouquement doit toujours être mouquaire et non pas global»
Mouquation : n.f concours national passé par les aspirants mouqueurs. Peut s’obtenir à l’ancienneté. (« Il a été reçu second à la mouquation, çà s’est joué à un clic  »)
Mouquerie: n.f. enseignement, transmission de contenu. « L’école de la République doit fournir une mouquerie gratuite, laïque et obligatoire »)
Mouqueur : n.m, f mouqueuse 1. concepteur de mouques, 2. enseignant, syn. Professeur (vieilli)  . Comme il avait des problèmes existentiels, il a twitté son mouqueur de philosophie »
Mouqueur de conférence : n.m f mouqueuse premier grade de titulaire  l’enseignement supérieur. « Les mouqueurs de conférence ont une charge de mouquerie trop grande »
Mouqueur supérieur : n.m f mouqueuse , professeur, grade supérieur du supérieur (1ere classe, 2eme classe). « les mouqueurs supérieurs sont des mandarins du net »
Mouqueur concepteur : n.m f mouqueuse chargé de cours, technicien concepteur (« Sans le mouqueur de concepts, le mouque ne tournerait pas »
Mouqueur assistant : n.m f mouqueuse mouqueur temporaire ou contractuel « Les syndicats réclament l’abolition du statut de mouqueur adjoint et leur titularisation comme mouqueurs concepteurs »)
Mouquinaire : n.m séminaire, rencontre (virtuelle) d’apprenants (pairs) , en général en petit groupe, autour d’un mouque (« je préfère de loin travailler en mouquinaire plutôt qu’en mouque, c’est plus cool »)
Pair : n m.f. apprenant évaluateur de mouqueurs, syn. coach, tuteurs (« Mon pair m’a fichu une claque numérique après avoir lu mon bulletin de notes numérique)»
Plateforme :n.f  site à mouques, privé ou public («Acculé, il s'est réfugié sur une plateforme")
Test de Turingue (TT) test destiné à savoir si on a affaire à un mouqueur ou à une mouqueuse  (« pour éviter les injustices numériques envers les mouqueuses il faut faire le TT »)
Tuteur de mouque : n.m.f mouqueur (enseignant) accompagnant un mouque. « Le tuteur qui devait nous mouquer était absent. Pas grave, il a été remplacé par un mouque de tutorat »)




                                                           Victor Klemperer

lundi 30 décembre 2013

Tous chez Margot



                                               Jacques Tati assis dans une université numérique



France culture: Questions d’éthique, 05.12.2013: les MOOCs?: l'enseignement en ligne conduira-t-il à la disparition de l'université? 

       Gilles Babinet , président du Conseil national du numérique, responsable numérique pour la France de la Commission européenne, « digital champion », qui ne doute pas de la réponse affirmative à la question titre de l'émission:


« Pourquoi n’imaginerait-on pas [ une fois la révolution des MOOCs accomplie ] que les universités soient des cafés ? Il y en aurait 5000 en France, cela permettrait aux gens de venir… »