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dimanche 2 avril 2017

Potentiel autoritaire




Dans le dernier numéro de la New York Review of books, (23 march 17) on trouve un CR sur les philosophes de l’école de Francfort (Adorno, Horkheimer, Habermas)  qui rappelle qu’Adorno émit son fameux test de caractère de la personnalité autoritaire:

“Before returning to Germany from California in 1949, Adorno and others conducted a study published as The Authoritarian Personality (1950). Its purpose was to identify a “new anthropological type” that was inclined to identify with authoritarian leaders. A questionnaire designed to measure and rank people by their fascist potential—the “F-scale”—was developed and administered to 2,099 people. All were white, gentile, middle-class Americans. Adorno describes the authoritarian personality by referring to nine personality traits:


 Rigid adherence to conventional, middle-class values
Submissive, uncritical attitude toward idealised moral authorities of the in-group
 Opposition to the subjective, the imaginative, the tender-minded
Tendency to condemn, reject, and punish people who violate conventional values
The belief in mystical determinants of the individual’s fate…
 Preoccupation with the dominance- submission, strong-weak, leader-follower dimension; identification with power figures…
Generalised hostility, vilification of the human
 The disposition to believe that wild and dangerous things go on in the world; the projection outwards of unconscious emotional impulse
  Exaggerated concern with sexual “goings-on.”


   Je n’ai pas passé le test, mais je me reconnais tout à fait dans ce portrait robot du personnage autoritaire, à fort potentiel fasciste. 

 J’adhère de manière rigide aux valeurs de la classe moyenne : travail, vérité, sérieux, droiture morale. J’ai une attitude de soumission, non critique, à l’égard des autorités morales idéalisée de mon groupe (philosophes rationalistes)
  Je m’oppose aux personnes subjectivistes, imaginatives et j’aime les philosophes « tough minded » au sens de James
     J’ai tendance à condamner, rejeter et punir les gens qui violent les valeurs conventionnelles :les flemmards, les vériphobes, les amoralistes
  j’ai la mystique démocratique
  Je suis préoccupé par la disparition de l’autorité intellectuelle
 Je suis très misanthrope.
J’ai tendance à penser que le monde est dangereux, et que l’émotion domine la raison
  comme tout le monde le sexe me concerne.

mercredi 28 octobre 2015

Une infâme torture



Dans un article sur le bizutage dans le Monde ( 28.10.15) on lit que les bizuteurs soumettent les bizutés à d'infâmes tortures telles que  :

" C’est un vrai lavage de cerveau que les anciens font subir aux nouveaux : privations de sommeil et de nourriture, textes à apprendre par cœur, etc." 

 Ainsi obliger quelqu'un à apprendre par coeur, comme les fables de la Fontaine,  les tables de multiplication et de conjugaison, des poésies de Ronsard, Hugo, Baudelaire et de Mallarmé, de longues tirades de Corneille et de Racine, des centaines de mots latins, grecs, anglais, allemands, italiens, espagnols, le Desdichado de  Nerval, les Tables de la loi les paraboles du Christ, la liste des rois de France, celle des départements, la Marseillaise, la déclaration des Droits de l'homme et du citoyen, les formules algébriques de base, celles des équations du second degré, la liste des règles d'inférence de la logique élémentaire, la table des catégories d'Aristote, l'arbre de Porphyre, la liste des règles de la Méthode de Descartes et ses preuves de l'existence de Dieu, la table des catégories kantiennes et la formule de l'impératif catégorique,  les canons de l'induction de Stuart Mill, les deux règles de justice de Rawls, etc. seraient des formes de lavage de cerveau? 

J'avoue avoir bizuté des générations d'étudiants, en leur infligeant ces sévices, pire que sexuels, après avoir subi moi même les mêmes.






mardi 15 juillet 2014

Convocation




Quitte là le bonnet, la Sorbonne et les bancs ;
Et, prenant désormais un emploi salutaire,
Mets-toi chez un banquier, ou bien chez un notaire :
Laisse-là saint Thomas s'accorder avec Scot ;
Et conclus avec moi qu'un docteur n'est qu'un sot. (Boileau, Satire VIII) 



        Quand j’étais professeur à la Sorbonne, deux expressions du jargon local avaient le don de m’agacer. 

       La première, qu’on trouvait la plupart du temps dans les dissertations, les examens, les rapports de jury de thèse, dans les compte rendus d’ouvrages, était « convoquer un auteur ». L’étudiant « convoquait » dans sa copie des auteurs : Kant, Descartes, Spinoza. L’auteur « convoque » dans son livre tel commentateur. Convoquer, au sens ordinaire, c’est appeler, au nom d’une autorité, souvent de manière collective. On convoque une assemblée, par exemple les Etats généraux, l’assemblée générale des copropriétaires, ou un quidam au commissariat. On est convoqué chez le proviseur, chez le juge, chez le notaire. L’idée qu’on puisse convoquer un auteur dans sa copie signifie qu’on fait appel à lui, mais sans argument, par simple appel à son autorité. En fait la convocation tient lieu d’argument, et n’est qu’une version de l’argument d’autorité. Plus la copie, le livre, la thèse sont mauvais, plus on « convoque » d’auteurs. 

        La seconde était le propre des jurys de thèse. Au moment de discuter la thèse du candidat, un des jurés ne manquait pas de dire, sur un ton docte : « Je parle sous le contrôle de mon collègue X », X étant lui-même membre du jury. Par là il fallait comprendre : « Ce que j’en dis est mon point de vue personnel, informé, mais mon collègue en sait plus que moi et pourra me corriger à l’occasion ». Cela suppose que X soit le spécialiste du sujet Y, qu’il en sache en principe plus que nous, ce qui ne nous empêche pas de nous exprimer sur le sujet. Mais pourquoi devrait-on parler sous contrôle ? Ne peut-on avoir sur un sujet donné sa propre opinion, et prendre la responsabilité de ce que l’on dit ? Parler « sous le contrôle de X », cela signifie que l’on est prêt, le cas échéant, à se défiler, à ne pas parler en propre, et à passer le relais de l’autorité à l’autre. C’est aussi une manière de complimenter le collègue, qui est supposé savoir plus que vous ( mais comme on n'en sait rien mieux vaut prendre ses précautions). 

     Autorité, veulerie, refus de s’engager dans l’argument en son propre nom.