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samedi 18 janvier 2014

Au seCoursera ! Plaidoyer pour l'alphabétisation des MOOCs


 
                                                   Si Sabra mas el discipulo ?


    La plateforme en ligne  Coursera, qui abrite (entre autres) bon nombre de MOOCs  francophones,  dont ceux de l'ENS Ulm, de l'EPFL, ou de Polytechnique, semble avoir une confiance illimitée dans le logiciel de traduction de Google (ou on ne sait quel autre logiciel de traduction), puisque son texte de présentation, transcrit directement de l'américain et bourré d'anglicismes grossiers et de fautes d'orthographe, est écrit dans un français que les singes dactylographes eux-mêmes hésiteraient à imiter.  Voici seulement quelques échantillons parmi d'autres, mais qu'on en juge (en laissant aux lecteurs le soin, comme exercice, de relever les autres perles, qui seraient dignes du Bac de français si elles n'avaient pas été écrites  - mais en est-on sûr après tout? -   par un robot) :


"Notre but est de rapprocher les gens à l'enseignement de pointe...
Nous croyons que leur objectif le plus importants est celui d'encourager l'apprentissage et la rétention des concepts à long terme....
La mesure dans laquelle l'enseignement en ligne est aussi efficace que l'enseignement classique ou présentiel fait l'objet d'une controverse...
la vidéo s'arrête souvent, et les étudiants sont demandés de répondre à une question simple afin de tester....
Les recherches ont montré que mêmes les questions simples...
En utilisant ce type d'algorithmes, nous nous attendons, en ayant de nombreux étudiants qui évaluent chaque travail, nous serons capables d'atteindre une précision comparable ou supérieure à celle fournie par un seul enseignant....
Beaucoup d'entre nos institutions partenaires prévoient d'utiliser les capacités de notre plateforme..."

Parmi des dizaines d'autres exemples , on trouve des pluriels là où il devrait y avoir des singuliers, des temps verbaux non accordés, etc.
    Autrement dit les promoteurs des MOOCs francophones , issus  "des universités et organisations prestigieuses dans le monde", n'ont même pas pris le soin de faire relire leur texte de présentation par un locuteur "présentiel" - disons humain - de la langue cible (je n'ai pas vérifié avec les autres langues , mais je serais prêt à parier que les textes espagnols, italiens, allemands ou autres sont truffés de tels barbarismes). Pire les institutions "prestigieuses" en question, ENS, Grandes Ecoles , qui ont remis leurs cours en ligne entre les mains de Coursera sont si peu regardantes  ou si pressées qu'elles n'ont même pas vérifié si la présentation en français correspondait même vaguement à l'orthographe et à la grammaire de cette langue. Et pire encore, personne, parmi les millions ( 17 000 000, venus de 190 pays selon le site) de soi-disant étudiants virtuels de ces cours, n'a jugé bon de signaler aux concepteurs que leurs textes étaient truffés de fautes d'orthographe. Ce qui laisse entendre, ou qu'ils n'ont pas lu la présentation, ou qu'ils ne sont pas allés sur le site de coursera, ou plus simplement encore que les cliqueurs francophones sont une minorité, au sein de laquelle une minorité encore connaît l'orthographe et la grammaire galliques.

        Si ces MOOCs francophones sont supposés représenter la production française et marquer son autonomie par rapport au tout-anglais de ces plateformes, c'est un peu raté. 

        Faut-il alors leur conseiller de mettre en ligne un MOOC d'alphabétisation "orthographe et grammaire du français"  faisant office de patch ou de rustine? Vite un robot pour corriger les logiciels de traduction !   Mais qui alors corrigera les erreurs de ce robot ? Pourquoi pas tout simplement un bon vieil instituteur en présentiel, issu des Ecoles normales inférieures? 



                                             Ecole normale d'instituteurs de Quimper, la bibliothèque

                                                  Ecole normale d'instituteurs de Quimper


6 commentaires:

  1. Même pas besoin d'un instituteur d'autrefois, mon grand-père, né en 1893, n'avait que son Certif et ne faisait aucune faute, sans compter la culture générale historique et géographique que lui avait transmise sa formation. Aujourd'hui les bacheliers écrivent très rarement un français simplement correct...Héritage de mots, héritages d'idées, comme disait Brunschvicg...

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  2. Mais on ne parle pas de nos grands mères ni de nos bacheliers ! on parle de professeurs d'université qui nous proposent des cours sur la politique et la philosophie françaises, sur Calvin, ou sur les droits de l'homme... Il est vrai que la plupart des moocs en français de Coursera ( par ailleurs fort bons dans leur genre) sont sur des matières scientifiques, ce qui dispense sans doute d'aller lire les explications en français.

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  3. Sans doute la contrainte de la colonisation numérique est si puissante que ces professeurs, bien que fort savants mais pressés de communiquer de tout côté, sont un peu dépassés par l'urgence de tout ce marketing et traitent donc comme la cinquième roue du chariot ce qui est une des quatre roues aux yeux de l'homme instruit qui, pas concerné par l'entreprise publicitaire, n'y voit d'abord qu' un ensemble non présentable de fautes

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  4. Quand on sert la culture à la louche, il ne faut en effet pas s'inquiéter des détails ni des dommages collatéraux. Je ne doute pas que les entrepreneurs en MOOCs voient dans le souci de parler correctement une langue la forme typique de résistance de vieux professeurs ronchons , veilles élites, comme dit le Monde, "débordées par le numérique" et s'accrochant à des choses aussi ridicules que l'orthographe

    http://www.lemonde.fr/technologies/article/2013/12/26/les-elites-debordees-par-le-numerique_4340397_651865.html

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  5. De mieux en mieux. Là on ne touche plus le fond, on cherche du pétrole ! ! (>_<)

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  6. J'ai oublié de signaler que ce même texte en franglais approximatif sert aussi à coursera pour introduire les cours francophones des autres établissements hébergés sur cette plateforme, comme l'EPFL et l'Ecole polytechnique.

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