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vendredi 9 septembre 2022

Lord Russell vs King Charles III


 

 

The law of causality, I believe, like much that passes
muster among philosophers, is a relic of a bygone age,
surviving, like the monarchy, only because it is erroneously supposed to do no harm.


Bertrand Russell, ‘On the Notion of Cause’
Inaugural Address to the Aristotelian Society’s thirty-fourth session (1913) p. 1


  "The idea that there is a sacred trust between mankind and our Creator, under which we accept a duty of stewardship for the earth, has been an important feature of most religious and spiritual thought throughout the ages. Even those whose beliefs have not included the existence of a Creator have, nevertheless, adopted a similar position on moral and ethical grounds. It is only recently that this guiding principle has become smothered by almost impenetrable layers of scientific rationalism. I believe that if we are to achieve genuinely sustainable development we will first have to rediscover, or re-acknowledge a sense of the sacred in our dealings with the natural world, and with each other. If literally nothing is held sacred anymore - because it is considered synonymous with superstition or in some other way "irrational" - what is there to prevent us treating our entire world as some "great laboratory of life" with potentially disastrous long term consequences?" 

Part of the problem is the prevailing approach that seeks to reduce the natural world including ourselves to the level of nothing more than a mechanical process. For whilst the natural theologians of the 18th and 19th centuries like Thomas Morgan referred to the perfect unity, order, wisdom and design of the natural world, scientists like Bertrand Russell rejected this idea as rubbish. 'I think the universe' he wrote 'is all spots and jumps without unity and without continuity, without coherence or orderliness. Sir Julian Huxley wrote in "Creation a Modern Synthesis" - that modern science must rule out special creation or divine guidance.' But why? 


(Prince Charles of England , Reith Lecture, 2000 )

 

"There are, at the present day, two different views as to what is meant by the word “democracy.” West of the Iron Curtain it is generally taken as implying that ultimate power is in the hands of the majority of the adult population. East of the Iron Curtain it means military dictatorship by a certain small minority of people who have chosen to call themselves “democrats.” This difference of meaning, if it could be viewed from a merely linguistic point of view, would be quite interesting, but, unfortunately, it is bound up with the whole tension which is threatening the world with another Great War.

Differences in the meanings of words are, of course, common. Italians who wish to address me politely call me “The Egregious Sir Russell,” which, to English ears, seems unduly accurate. Originally the words “orgy” and “theory” meant the same thing, namely “divine intoxication,” which, when Bacchus was the Divinity, was not very sharply distinguished from ordinary intoxication. But fortunately these linguistic curiosities did not lead to an armed conflict.

It must be said that the present Russian use of the word democracy diverges widely from previous usage, and is merely designed to conceal Russian failure to carry out the provisions of Yalta and Potsdam. There were to be democratic governments in what are known as the “satellite states,” and the Russians decided that they would establish dictatorships and call them democracies. This simple device, being backed by the largest army in the world, proved to be regrettably successful."

Russell (dEMOCRACY 1953

 

12 commentaires:

  1. DjileyDjoon@orange.fr9 septembre 2022 à 19:35

    L'accession de Charles III au trône réactualise la théorie de la description de Russell. On savait que l'énoncé "le roi de France est chauve" n'était pas un non--sens, mais est-il toujours vrai que cette phrase est fausse en elle-même ? Elizabeth a légué à son fils un vieux parchemin datant de la Guerre de Cent Ans et des Plantagenêts, qui affirme en gros qu'il est roi de France. Il est même encore duc de Normandie, pour Jersey et Guernesey. Et il se trouve qu'il est chauve !
    En réalité, les Windsor réservent toujours des surprises. Malgré la présence de pronazis cachés ou assumés dans leur famille, ils ont penché pour la politique de Churchill, alors que Russell était plutôt pacifique comme Halifax ou Liddell Hart.

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  2. Nous allons devoir reprendre en effet, nos fusils, nos pétoires, nos sabres. Nous n'en sommes pas au point des Ukrainiens, mais... Les Anglais ne tarderont pas à revendiquer du territoire français, les Allemands n'ont pas de vue sur l'Alsace et la Lorraine, mais... L'Italie aimerait reprendre Nice et la Savoie (ils nous laissent la Corse). L'Espagne le pays basque en entier, la Narbonnaise. Les Suisses le Jura. Les flamands les Ardennes. Il restera le pays des Arvernes, Orléans, Beaugency, Notre Dame de Cléry, Vendôme..

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  3. DjileyDjoon@orange.fr11 septembre 2022 à 23:36

    Bertrand Russell a abordé la politique, la morale et la religion, dans le langage ordinaire et au moyen du sens commun, comme l'a fait Keynes en économie après la Crise de 1929. La critique du langage est alors un simple outil, qui n'est pas comparable à la déconstruction de la parole que pratique Derrida, quand il aborde aussi des sujets d'actualité. Pour Russell, comme pour Rawls, ce qui est important, c'est avant tout le droit naturel d'accès aux biens premiers, qui sont naturels et sociaux.
    Pour la religion, Russell devient mystique, après avoir pointé le mysticisme de Bergson.
    En politique internationale, pour éviter la guerre froide, il recommande, dans un discours des "Collected Papers" de 1948, la guerre nucléaire asymétrique avec l'URSS, tant qu'elle n'a pas la bombe atomique pour répondre. C'est aussi ce que John Rawls, autre adepte du sens commun, recommande dans son Droit des Peuples, dans le cas des États hors-la-loi. On peut estimer qu'il s'agit d'une guerre juste, avec une stratégie chirurgicale qui épargne la vie des civils, et qui amènera rapidement la chute du régime hors-la-loi, pour l'instauration de la démocratie sans souffrances. Mais est-ce aussi simple ?
    Dans le domaine des mœurs, Russell corrige un cliché, quand les Italiens l'appellent "l'Orgiaque". Ce n'est pas parce que Russell revenait à la vie dans la nature, que les Anglais saisissent toutes les occasions de se mettre tout nus.

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    1. On dirait que vous faites une fiche wikipedia à l’envers. Je n'ai jamais vu que Russell ait conseillé l'usage de la bombe atomique ou qu'il ait tourné au mystique. De même Rawls.

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  4. DjileyDjoon@orange.fr12 septembre 2022 à 12:56

    C'est à la page 22 de "Paix et démocratie", Éditions La Découverte, 2006, que Rawls dit que la guerre juste inclut l'usage des armes nucléaires sur les infrastructures militaires et industrielles des États hors-la-loi, après les avoir empêchés d'avoir des armes nucléaires qui leur permettraient de répondre en bombardant nos populations.
    Pour Russell, il faudra vérifier, mais le pacifisme de Russell a évolué, et il s'est adapté aux chamboulements du monde. Russell a vécu très vieux.

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    1. Rawls , vous avez raison, mais je ne dirais pas qu'il "recommande" l'usage des armes nucléaire dans ces cas. Pour russell, cela m'étonne beaucoup. Il a été anti nukes toute sa vie

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  5. DjileyDjoon@orange.fr12 septembre 2022 à 23:59

    Le pacifisme de Russell était lucide. Son objectif a toujours été la paix, mais pour y parvenir, il fallait savoir prendre en compte les leçons de la "Realpolitik". Dans le dernier tome de son autobiographie pour les années 1945-1967, il s'explique sur son discours de 1948, avant la première explosion nucléaire soviétique de 1949 dans le désert du Kazakhstan. Ce discours inaugure la doctrine de la guerre nucléaire préventive, afin d'éviter la vraie guerre nucléaire, qui serait symétrique. C'est pourquoi la presse américaine, favorable à la guerre en Irak, a abondamment cité Russell, qui disait en 1948 :
    « Il y a une chose, et une seule, qui puisse sauver le monde. L’Amérique devrait faire la guerre à la Russie au cours des deux prochaines années, et établir un empire mondial au moyen de la bombe atomique . »
    Quand les Russes ont eu la bombe, Einstein et Russell ont publié un Manifeste en 1955, pour obtenir un désarmement bilatéral. Une guerre nucléaire n'aurait aucun sens, parce qu'il n'y aurait aucun vainqueur.
    Néanmoins, si Russell et Rawls ont théorisé la guerre nucléaire préventive, elle n'a pas chez eux les mêmes fondements philosophiques. Rawls est déontologique, avec des principes de justice reposant sur le respect des droits de l'homme. On dirait que Russell est plutôt conséquentialiste et utilitariste, et qu'il s'intéresse à la théorie des jeux à somme nulle, qui a fait grand bruit en 1944 dans le monde universitaire anglo-saxon.
    Il reste qu'une guerre préventive juste est devenue impossible, car elle est fatalement urbaine, étant donné qu'on ne peut plus séparer civils et militaires. C'est le drame de Poutine, si tant est que sa guerre soit juste.
    Sur la question de la spiritualité et de la recherche du bonheur, Russell n'est pas devenu anthroposophe comme Rudolf Steiner. Néanmoins, il est initié au bouddhisme ; il est naturiste, chantre du droit à la paresse, grand amoureux et désireux de libérer son énergie pulsionnelle, laquelle est la cause des guerres quand elle est contrainte. À la fin, il se fait appeler "Bertie" par tout le monde, et il est un peu hippie.

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    1. si Russell avait vraiment en 1948 cela en vue, c'était idiot. Il a manifestement changé d'avis. A la fin, il était peace and love en effet, ce qui était tout aussi idiot. Mais à l'époque on n'avait pas encore complètement l'idée de ce que voudrait dire une guerre nucléaire globale. Aujourd'hui non plus.

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  6. DjileyDjoon@orange.fr14 septembre 2022 à 01:55

    En réalité, Russell avait compris les règles du jeu de la guerre et de la paix, après la 2ème Guerre. Il a tenté sa chance au poker menteur du nucléaire, toujours dans l'espoir de faire triompher la paix. Il aurait pu réussir, si les Russes, qui gardaient bien leurs secrets, n'avaient pas été aussi avancés dans la fabrication de leur bombe. Quoi qu'il en soit, il s'agissait pour lui d'inciter les USA à agiter seulement la menace d'une guerre nucléaire préventive, afin que les Russes acceptent de désarmer, à condition bien sûr que les USA, de leur côté, détruisent leur arsenal nucléaire. C'était un épouvantail à sortir du placard. Or, tout a raté. Russell a été accusé d'avoir pris un tournant belliciste, et plus tard il sera enrôlé par Dick Cheyney sous la bannière étoilée, pour servir de caution à la guerre préventive d'Irak. Cheyney a fabriqué un "fake" pour la presse américaine, qui avait envie d'y croire. L'Amérique avait déjà agité la menace de la guerre nucléaire préventive contre les troupes chinoises en Corée, mais Truman avait mis Mac Arthur à la retraite, car il prenait au sérieux cette menace, comme le fera Bush pour l'Irak, mais sans frappe nucléaire.

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    1. j'avais toujours compris qu'après son manifeste ave Einstein en 1955, Russell avait gardé un pacifisme strict anti-nucléaire. Sans doute en 1948 avait il un autre point de vue. Mais quoi qu'il en soit ce n'était pas du tout le but de mon billet de discuter ce point! C'était de confronter les vues de Russell sur la causalité avec celles de Charles III. Un prince qui croit que tout est gouverné par une cause divine, et qui pense que l'homéopathie est une médecine, est mal placé pour juger de la science et de ses effets techniques, y compris nucléaires.

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  7. DjileyDjoon@orange.fr14 septembre 2022 à 13:11

    On pourrait opposer Russell, le Puritain épistémique républicain, à l'Anglican Charles III, resté prisonnier des dogmes théologico-politiques du catholicisme romain. Tout se ramène peut-être à des querelles de théologiens. Néanmoins, le second Russell, qui était aussi allumé que le dernier Grothendieck, a sans doute inspiré involontairement la spiritualité émergentiste de Charles, quand Russell était invité à Buckingham Palace.
    Est-ce une légende urbaine ? J'ai ouï dire que les cosmologues et les physiciens quantiques ne parlent que de Dieu en privé. Ils font de la métaphysique scientifique, et il n'y aurait rien d'étonnant à ce qu'ils invoquent Dieu. Quand on aborde les fondements des sciences abstraites et formelles, on rencontre des essences et des idéalités, qui font fortement penser à un monde divin.

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    1. Ne dites pas à un anglican qu'il est catholique, ni vice versa! Russell vieux a il est vrai un peu diminué au temps du Tribunal Russell, mais ce n'était pas si débile que çà. Quant à Charles III, lisez le texte de 2000 que je suis allé chercher...

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