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mardi 7 janvier 2025

Abschied

 

 

 

 Ange Scalpel (2013-2019)

 

 Angela Cleps (2019- 2022)

 

                                                              Gaël Plansec (2022- 2025)
 



9 commentaires:

  1. Qu'est-il donc arrivé à Plansec ? Las, en avait assez ? Nul ne reprendra le flambeau ?

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  2. Pour en finir avec Spinoza, il ne développe pas une théorie explicite du "droit des gens" (droit international) ou de la société mondiale fédérée telle qu'on peut la retrouver plus tard chez des penseurs comme l'abbé de Saint-Pierre ou Kant. Cependant, certaines idées présentes dans son œuvre, notamment dans le "Traité théologico-politique" et le "Traité politique", permettent de réfléchir à ces questions.
    1. Le droit des gens dans la pensée de Spinoza : un droit naturel étendu
    -- Le droit comme puissance :
    - Spinoza conçoit le droit comme une expression de la puissance naturelle. Chaque individu, et par extension chaque État, possède un droit qui correspond à sa capacité à agir et à maintenir son existence. Ce droit naturel s’applique aussi bien aux relations internationales qu’aux relations internes à un État.
    - En ce sens, un État a le "droit" d’occuper le territoire d’un autre s’il en a la puissance effective. Cependant, ce droit ne confère aucune légitimité morale ou transcendante ; il reflète simplement un fait.
    -- Le dilemme du droit international :
    - Dans l’absence d’une autorité supérieure aux États (un "super-État mondial"), les relations entre eux restent gouvernées par les rapports de force, comme le note Spinoza dans le "Traité politique".
    - Spinoza reconnaît que cette situation est instable, car les passions humaines (avidité, peur, haine) alimentent des conflits incessants. Cependant, il n’envisage pas explicitement un cadre juridique international ou une organisation mondiale pour réguler ces rapports.
    2. La critique implicite des conquêtes territoriales
    -- Le problème de l’instabilité :
    - Si un État occupe le territoire d’un voisin simplement par puissance, il s’expose à une instabilité prolongée. La puissance brute n’est jamais éternelle, et l’union des forces des peuples occupés ou des États voisins pourrait renverser la situation.
    - Spinoza insiste sur le fait qu’un État stable repose sur le consentement rationnel des gouvernés. En ce sens, des conquêtes territoriales injustifiées ou imposées par la seule force sont vouées à l’échec, car elles suscitent des révoltes et des résistances.
    -- La raison comme guide des relations internationales :
    - Pour Spinoza, les États, tout comme les individus, doivent s’appuyer sur la raison pour maintenir leur puissance et établir des relations durables. L’agression contre un voisin peut être rationnellement injustifiable si elle compromet la sécurité ou la stabilité de l’État agresseur à long terme.
    - Ainsi, bien que Spinoza ne condamne pas théoriquement les conquêtes, il semble suggérer que des relations fondées sur la coopération rationnelle sont préférables à des conflits perpétuels.
    3. Une société mondiale fédérée : Spinoza avant l’abbé de Saint-Pierre
    -- Les bases d’une fédération mondiale :
    - Bien que Spinoza ne propose pas explicitement l’idée d’une société mondiale fédérée, ses écrits contiennent des éléments qui pourraient la soutenir :
    - La nature rationnelle des relations humaines : Spinoza insiste sur le fait que la raison pousse les individus et les groupes à collaborer pour maximiser leur puissance collective.
    - L’union comme source de stabilité : Dans le "Traité politique", il montre que les institutions rationnelles favorisent la paix et la sécurité. Cela pourrait s’étendre à une fédération d’États régie par des lois communes.
    - Une fédération mondiale pourrait donc apparaître comme une extension naturelle de son idée selon laquelle les associations humaines rationnelles augmentent la puissance collective et garantissent la paix.
    -- Les obstacles aux fédérations mondiales :
    - Spinoza reconnaît les passions humaines comme un obstacle majeur. La peur, la haine et l’avidité peuvent diviser les nations, les rendant incapables de collaborer rationnellement.
    - L’idée d’une fédération mondiale reste donc hypothétique et conditionnée par un progrès moral et rationnel des États et des peuples.

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  3. Vous refermez sans mot La Trappe sur la vanité des nôtres ?

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  4. Spinoza m'a tuer? :)

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  5. Tout est terminé ?
    Je lis les articles de ces trois auteurs comme on se délecte de friandises. Chaque article est un délice pour l'esprit. Ouvrir un nouvel item me fait l'effet de m'abreuver à une source infinie dont le breuvage délivré me faire revivre, encore et encore.
    L'image d'Angela Cleps me fait penser à "c'est avoir le noir, sans savoir très bien, ce qu'il faudrait voir entre loup et chien...c'est un désespoir, qu'a pas les moyens"
    La mélancolie est bien présente mais malgré tout merci.

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  6. J'espère que cet Abschied est un adiousiatz ; un au revoir. Bien à vous.

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  7. Octave et Gustave Flaubart4 février 2025 à 22:16

    Repose en paix Gaël Plansec. Tes paroles étaient prémonitoires. Tu as vécu. Nous ne voulions le voir. "Heureux celui dont la vie est tombée en fleurs !"
    À ta mémoire alter ego.

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  8. Famille Flaubart6 février 2025 à 23:19

    La famille Flaubart vous fait part du décès par épuisement des frères Octave et Gustave, retrouvés morts dans leur cabinet de travail couchés à côté de leurs œuvres lexicographiques après une énième retouche avortée de celles-ci :

    "Octave et Gustave ont vidé à leur tour la fiole lytique d'Aeon Muscle jusqu'à la lie après avoir ajouté un dernier mot à leur ouvrage encyclopédique, ainsi achevé.
    Morts pour la Science en honnêtes hommes de goût et de raison. Ils nous quittent à la suite d'une longue et périlleuse entreprise de redéfinition commune du monde – hélas trop tôt clôturée. L'indéfectible duo laisse sous sa plume quelques milliers de pages et de brouillons à l'étude, d'essais et de définition aussi confidentiels que désespérés, dont la redoutable petite dernière sur laquelle ils finirent tous deux par casser brutalement leur pipe comme deux forçats silencieux, faute d'en condenser l'essence dans quelque formule arrêtée qu'ils pussent juger simultanément admissible – d'un commun accord.
    Nous laissons "telles quelles" à ceux qui les ont un jour côtoyés, à ceux qui les ont durablement ou occasionnellement accompagnés, les toutes dernières traces de leurs efforts inaboutis, à l'article de la mort. Pour souvenir de leur vivante et fatale unité."

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  9. Famille Flaubart6 février 2025 à 23:25

    Mort (La) : Ultime et terrifiante platitude qui a le pouvoir de relativiser tout le reste. On peut néanmoins, sans peine, douter de la sienne toute sa vie. Incidemment, le tour le plus malicieux que la mort joue aux hommes depuis le commencement consiste dans le fait qu'elle ne se montre pour chacun qu'une seule et unique petite fois, et encore jamais qu'aux autres exclusivement.

    La sienne est spéculative, imaginaire, romanesque ; seule celle des autres se donne avec la ferme et plate certitude du fait accompli.
    ...
    Les croyants n'y croient pas du tout ; les immortels, n'en parlons pas ; le logicien à peine, du bout des lèvres, et encore par une concession désespérée à l'induction, afin de se montrer un tant soit peu conciliant, mais immédiatement assortie d'une réserve intérieure qui équivaut à une incrédulité stricte et irrépressible aussi longtemps qu'on ne lui a pas démontré formellement le conséquent dans cette histoire, ainsi qu'il se doit.

    La jeunesse (ah, la jeunesse) se l'imagine (la mort) belle, spectaculaire, monumentale, droite comme un cierge. Pour finir, on la reçoit misérable, ou bien distrait, et plutôt avachi et en pantoufles, dans une flaque d'urine ou de sang. Et plus souvent moins que cela.
    Les plus pressés se la donnent eux-mêmes en s'attachant au cou leur vision désenchantée et définitive du monde. Dernier acte de témérité avant l'éternité ou le néant – c'est selon –, le corps subitement raidi et balançant à l'extrémité comme un i. Et tout à coup un vide immense à l'intérieur de la cage. Ce même vide impossible à imaginer et à mesurer après coup.

    Notez qu'elle a, parmi la communauté humaine, d'infatigables ennemis qui rêvent de la chasser une bonne fois pour toutes, ou à défaut de l'interdire ; aujourd'hui, certains militent corps et âme contre l'acte libre et consenti de la donner comme un soin médicalement encadré, et prétendent s'y opposer au nom de la défense de la Vie elle-même, cependant qu'ils plaident pour le rétablissement d'urgence de la peine de mort...

    Ajoutons pour finir qu'on meurt très diversement, et rarement comme on l'eut voulu ou espéré. Ainsi :

    "Il chute en faisant du snowboard, tombe la tête la première et meurt étouffé par la poudreuse la veille de Noël. Le trentenaire, seul au moment de sa chute, n'a pas pu être aidé. Il n’a pas réussi à se libérer et est mort asphyxié. Un autre skieur est finalement arrivé sur place, a découvert la victime et a prévenu les secours." (Le Dauphiné Libéré, 26 décembre 2024)

    Ce n'est pas prodige que nous mourrions, en général, si bêtement – à l'impromptu et à la renverse – puisque nous avons coutume de vivre benoîtement dans cet état chancelant.
    Mais peut-être nous faut-il admettre que la mort – la mort quelles qu'en soient les modalités selon lesquelles elle frappe les êtres singuliers et fixe un jour ou l'autre leur terme absolu –, est "idiote", idiote par essence, pour autant qu'elle n'est rien de plus à comprendre, rien de plus que ce que nous en savons déjà. Comme si c'était là, avec elle, notre plus simple et notre plus grande énigme à la fois. Un événement que nous portons à notre coup comme une montre volée sans en savoir lire l'heure, et que nous le faisions en vertu d'une tragédie digne d'une meilleure sorte d'être que celle que la nature – par loisir ou excès d'optimisme – nous a imposée dans sa précipitation et sa fantaisie de départ.

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