Jean François Revel défendit souvent Benda, et le republia dans sa collection "Libertés". Voir aussi ses mémoires , Le voleur dans la maison vide , récemment republiées
Dans cet article de l'Express de 1965, il dit l'essentiel : d'abord que s'engager ce n'est pas s'engager pour quelque cause dont on dit ensuite que c'est la vérité, mais pour la vérité elle-même, ou du moins ce qu'on croit être la vérité, ensuite que la morale n'a rien à voir avec la politique, et qu'aucune politique comme telle se peut devenir morale ni tenir lieu de morale.
Depuis 1965, ces croyances ne sont pas devenues celles d'un vieux chnoque: elles sont seulement devenues impensables et leur expression inaudible.
On dira: pourquoi alors Benda s'est il après-guerre engagé auprès des communistes staliniens, au point de se tromper lourdement et de perdre le crédit qu'il s'était acquis dans les années 30 auprès de tous les démocrates et de tous les antifascistes ? La réponse n'est pas qu'il croyait vraie la doctrine marxiste que défendaient les communistes - il la croyait fausse. Alors était il machiavélique et pensait il, comme il le dit quelquefois, que la politique n'a rien à voir avec la vérité? Il me semble qu'il croyait plutôt que les communistes avaient raison en prenant le parti des pauvres et des opprimés, et donc qu'ils défendaient la vérité quant aux valeurs morales et quant à la justice. Ce qu'il aurait dû mieux voir est que les communistes eux mêmes adoptaient le machiavélisme qu'il rejetait lui-même, et n'étaient pas .toujours du côté de la justice. On peut s'interroger sur les raisons de son aveuglement. Mais une chose est sûre il n'a jamais considéré son engagement communiste comme une attitude morale du fait qu'il prenait la position politique du compagnon de route.
Jen francois Revel, Contre censures, Pauvert 1966 |
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