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jeudi 15 octobre 2015

Roc


     "Tout mon dessein ne tendait qu’à m’assurer, et à rejeter la terre mouvante et le sable, pour trouver le roc"
              

   On apprend que Charlotte Marie Pomeline Casiraghi, de la famille princière de Monaco,  égérie hippique de la marque Gucci, et people, veut faire de Monaco "la capitale de la philosophie" (information parue dans les In-rocks). Les philosophes ne doivent pas dédaigner le mécénat, et ce n'est pas la première fois que les Princesses aident la Pensée à s'épanouir. Les exigences du Rocher étant élevées, il serait un peu bêta de se contenter de discuter, comme la plupart du temps, du bonheur, de l'amour, voire de l'inégalité. Voici donc quelques conseils de sujets adressés à son Altesse pour des colloques sur le Rocher.


- La régression de Bradley est-elle inévitable pour un nominalisme de la ressemblance?
- L'argument anti-lumineux admet-il des exceptions?
- Tropes ou paquets de propriétés? Faut-il choisir?
- Peut-il y avoir une théorie adverbiale de la pensée conceptuelle?
- La phénoménologie cognitive s'étend-elle  au raisonnement déductif?
- Devoir faire quelque chose est-ce être justifié à croire qu'on doit le faire?
- Peut-on passer d'un doit à portée étroite à un doit à portée large?
- La suspension du jugement est-elle une action ?
- Les normes subjectives l'emportent-elles sur les normes objectives?
- La vérité correspondance est-elle incompatible avec le pluralisme aléthique? 

Exercice : proposer des sujets philosophiques à Madame Casiraghi

PS je ne voudrais pas donner l'impression de me moquer d'une Principauté voisine. Elle n'est que le microcosme de ce qui se produit ailleurs en philosophie.

53 commentaires:

  1. Mélanie Gran Tuffo15 octobre 2015 à 11:01

    On sent quand même une habile valorisation du rocher dans l' article d' un journal branché que vous avez mis en ligne car ne voit-on pas apparaitre comme un des premiers invités à colloquer un certain Nicolas Grimaldi?
    Serait-il un membre plus ou moins éloigné de la famille?

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    1. je n'y avais pas pensé. bonne question, mais a priori je ne crois pas.

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  2. Pulcritudo formae15 octobre 2015 à 11:07

    Le Rocher, le lieu de la nouvelle Formule Un de la philosophie. Elle a tout à y gagner!

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  3. Certes, mais auriez-vous commencé à faire de la philosophie si votre premier professeur avait présenté des problèmes philosophiques si décourageants par leur technicité ?
    Entre le café-philo et la philosophie professionnelle, il doit y avoir une voie du milieu, enfin j'espère...au moins comme accès à la seconde.

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  4. Monaco , c'est chic . Pourquoi les sujets devraient ils faire peuple, et ne pas être chics ? ou alors vous avez une bien faible idée du niveau de la Principauté, ce qui n'est pas mon cas.

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  5. Mais non, Madame Casiraghi ne veut pas faire peuple ! Elle a juste lu de l'épistémologie pour marquises et s'est dit " Pourquoi pas moi aussi, princesse que je suis ?"

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  6. Si elle ne veut pas faire peuple, pourquoi propose-t-elle de faire des colloques sur l'amour et pas les sujets passionnants que je recommande? On va voir.

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  7. Certains, partant de l'amour, arriveront aux croyances et à la logique !

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    1. Voilà une excellente question. Je me la suis posée durant toute ma carrière d'enseignant. Ne doit on pas enseigner plutôt Phèdre que les Catégories si l'on veut avoir des philosophes ? Et j'avoue qu'il y a de bonnes raisons

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  8. Vu l'article, cela consiste surtout à accueillir du beau linge. Dans une série de questions inspirées de l'excellent "Aristote chez les Helvètes", pourquoi pas: "qu'est-ce qu'un rocher?", "qu'est-ce qu'une richesse?", ou bien "qu'est-ce qu'un brushing?".

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    1. bonne idée.si c'est l'objet du rocher de se penser lui même, alors ok

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  9. On peut aussi penser que la valeur de la princesse est proportionnelle à la valeur des philosophes invités. N'est pas Descartes qui veut ! On a les princesses qu'on mérite...

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  10. Ce n'est pas une question de valeur des personnes, mais des projets. Il y a un prix littéraire de Monaco qui a honoré des écrivains de qualité. Pourquoi pas en philosophie? Mais ma question est : si en philosophie on ne traite que de sujets grand public peut on attirer de la bonne philosophie ? Et la réponse est non . voir Brentano, Die Vier Phasen der Philosophie

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  11. D'accord, mais pour attirer la bonne philosophie, il faut renoncer à attirer les regards car la bonne philosophie n'est pas du tout attirante pour le grand public : trop difficile, trop pointue. La princesse, peut-être partagée entre l'entretien de son propre capital culturel et le renforcement du capital symbolique du rocher, n'aurait en fait besoin que de son boudoir pour faire le plein des intéressés, si elle suivait votre voie et attirait la bonne philosophie. La bonne philosophie ressemble à la recherche scientifique qui n'est accessible qu'à une petite minorité éclairée. Mais, bon, tout en détestant la philosophie vulgarisée, vous savez parler aux marquises pleines de bonne volonté culturelle et c'est bien le signe qu'il y a une voie du milieu. Faut-il encore que les marquises ne soient pas trompées par les voix de ceux qui disent que la philosophie est accessible à peu de frais à tous.

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  12. je ne parlais pas de la bonne philosophie. en fait il y a quantité de mauvais philosophie sur la régression de Bradley et les autres sujets mentionnés ici. Je parlais juste d'une philosophie autre que celle qui traite éternellement de l'amour, des émotions ou du bonheur. Et en fait sur ces sujets eux mêmes on peut se poser d'autres questions que celles attendues. Quant aux marquises, oui, je désespère de pouvoir un jour me faire aimer d'elles, et inversement, malgré mon attirance.

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    1. Oui, ce n'est pas tant le sujet le problème. Il y a tout de même de beaux travaux sur les émotions et sur l'amour également (voire le travail d'Hichem Naar, par exemple: http://www.academia.edu/1824561/A_Dispositional_Theory_of_Love
      Le problème est de croire que la philosophie ne peut être intéressante que si elle cultive un certain sentiment de soi, et donne l'impression que "ça me parle". C'est malheureusement très répandu, et il est dommage de dépenser autant de fric pour organiser un café-philo de base.

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  13. En effet. le problème est le degré d'exigence. C'est pas la peine d'avoir un Ferrero Roche d'or à sa disposition pour faire ce que le moindre festival de philo peut faire ailleurs . Si l'aristocratie veut tenir son rang, elle doit à la fois élever le peuple et ne pas flatter ses bas instincts, fussent-ils philosophiques. Nous lui demandons d'avoir du courage, et de ne pas répéter la pensée de Brice de Nice ( un voisin).

    Cela dit, n'êtes vous pas frappé comme moi combien l'amour est devenu chez les philosophes "techniques" un sujet répandu ces derniers temps ?

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  14. quelqu'un a mis un commentaire (17.10.15) que j'ai par erreur supprimé au lieu de publier. Désolé. Pourriez vous le réécrire ?

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  15. oui, c'est moi, je disais un truc du genre qu'en revenant servir le Prince (de Monaco) la philosophie renouait avec ses anciennes traditions.

    et comme en France le pouvoir n'appartient plus ni aux rois, ni aux présidents, mais aux médias, nos philosophes au service du pouvoir sont, ce qu'on appelle les "philosophes médiatiques".

    et qu'à tout prendre, entre un prince, un roi, ou la reine de Russie, et un journaliste c'était tout de même plus "classe" de servir un prince plutôt que Gisbert, je précise que je n'ai rien contre Gisbert, je ne dis pas pour le critiquer mais entre lui et le prince de monaco y'a pas photo.

    en fait, je sais pas ce que vous en pensez mais je trouve que c'est une véritable régression de passer au service des médias, au niveau "image", entre voir la photo d'un philosophe en couverture d'un hebdomadaire et un philosophe à la cour du prince de Monaco, perso je choisirais le prince, l'ambiance est plus feutrée, on a pas besoin d'élever la voix pour se faire entendre comme sur les plateaux télés, vous avez des types qui passent avec des plateaux plein de petits fours et de coupes de champagne, d'un point de vue purement "hédoniste" c'est quand même plus cool que chez Ruquier, hédonistement parlant.

    certains philosophes l'ont bien compris, ils vont faire des croisières ou ils vont aux meeting du medef, ça c'est de la philo de winner !

    non ? quitte à être au service du pouvoir ? j'ai pas raison ?
    vous choisiriez qui vous ?

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    1. merci d'avoir repris votre texte supprimé par erreur.

      J'ai fait ce billet justement parce que cela m'amusait de noter que la vieille tradition des princes et des rois d'inviter chez eux des philosophes se trouvait, par cette initiative monégasque, restaurée. Mais en effet, le contexte a changé un peu. Il est vrai que quand Christine de Suède invita Descartes à Stockholm, celui ci se cru obligé de composer un ballet. Et quand il discuta avec Elisabeth de Bohème, elle ne cessait de l'interroger sur les passions. de même Leibniz à la cour de Hanovre, etc. Jusque là on est
      dans le parallèle. Là où il se rompt est que ces monarques invitaient des philosophes qui étaient des pointures, et pas pour divertir les foules, même mondaines. Si j'avais des sous et un château, moi j'inviterais des gens qui se posent les questions énumérées dans le billet, qui m'intéressent. Mais je conviens que ce serait égoiste, et que cela ne me paierait pas ma toiture....

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  16. Je lis, parmi les remarques proposées en réaction à ce billet, des propos dédaigneux désormais un peu convenus sur les « cafés-philo », perçus comme le degré zéro (ou la trahison) de l'héritage socratique et qui ajouteraient volontiers au titre de l'ouvrage de leur créateur, Marc Sautet : « Un café - du commerce - pour Socrate ». Sans vouloir plaider spécialement en faveur de ce type de pratique, j'ai pu observer que la plupart de ceux qui sont les plus sévères à son égard avouent, lorsqu'ils l'avouent, n'y avoir jamais assisté ou n'en avoir qu'une connaissance par description en ne retenant probablement que les relations les plus défavorables, c'est-à-dire les plus conformes à l'image a priori négatives qu'ils en ont. Même en supposant que ces pratiques donnent lieu systématiquement à de la sous-philosophie, ce qui reste à démontrer après une enquête de terrain suffisante, il faut sérieusement se demander si et en quoi la « vraie » philosophie s'en trouverait réellement menacée. On dira sans doute que le « public » - toujours victime parce que ignorant, à la façon d'un enfant - serait mieux inspiré de satisfaire sa « demande » par d'autres voies plus authentiquement philosophiques, mais comment éviter de lui donner par là l'impression de querelles d'écoles dont il n'a que faire ou qui sont susceptibles de le refroidir ?
    De même, à propos de ces  rencontres philosophiques, on se demande : où est, au juste, le risque ou le danger ? Que ceux qui ont quelque chose à dire en philosophie le disent, sans perdre de temps à ironiser facilement sur ce qui semble se réduire à de futiles mondanités, aggravées de sujets accrocheurs à la mode utilisés comme appâts. Au passage, parmi les invités, je ne sache pas que des gens comme Grimaldi ou Kambouchner soient avides de médiatisation effrénée...

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    1. La méfiance ironique par rapport aux cafés-philo et à ces initiatives grand public est justifiée par l'expérience qu'on a de la difficulté d'enseigner les vertus indispensables à la philosophie dans des cadres pourtant plus favorables, je veux ceux de la classe avec sa continuité et ses exercices. Chaque prof de philo sait combien c'est difficile moins d'éveiller l'intérêt que de permettre au plus grand nombre possible d'élèves de s'améliorer intellectuellement, philosophiquement parlant. Aussi on peut être à juste titre méfiant sur les effets réels des cafés-philo sur les participants : qu'ils intéressent, qu'ils donnent à certains la possibilité de s'exprimer sur des sujets qui leur tient à coeur, qu'ils flattent l'amour-propre, de tout cela je en doute pas, mais qu'ils contribuent à au développement de la raison, j'en doute. C'est moins un préjugé qu'une réflexion à partir des conditions requises pour progresser. Je les compare à un concert où les musiciens sachant jouer et jouant donneraient envie aux participants de venir s'essayer sur les instruments. Aimables et pas fiers dans le meilleur des cas, les instrumentistes s'exclameraient :" C'est bien, un beau début, il faut continuer ", comme on le fait systématiquement avec les petits. L'idée sous-jacente est que l'apprentissage ne peut pas se faire n'importe comment et qu'il ne suffit pas des deux côtés de bonne volonté...

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    2. Excusez les fautes du précédent message mais je n'ai pas eu cette fois accès à l'option "modifier"...

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    3. Je vous lis : "La méfiance ironique par rapport aux cafés-philo et à ces initiatives grand public est justifiée par l'expérience qu'on a de la difficulté d'enseigner les vertus indispensables à la philosophie dans des cadres pourtant plus favorables, je veux ceux de la classe avec sa continuité et ses exercices."
      Doit-on comprendre que vous n'avez pas l'expérience directe des "cafés-philo" ? Cela confirme donc mes propos. Et je rappelle que mon intention n'était pas de défendre à tout prix ce genre de pratiques, mais de souligner le caractère déloyal des reproches formulées couramment à son encontre.

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    4. Vous disqualifiez mon jugement en jugeant négativement la valeur de sa source mais vous ne répondez pas aux raisons qui le justifient !

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  17. On peut ne pas être avide de médiatisation et se retrouver quand même médiatisé . Cela m'est arrivé. Mais est-ce que l'argument est que si l'on invite des philosophes non médiatiques dans un cadre médiatique, cela équilibre? Tout dépend de la manière dont cela se fait. De deux choses l'une. Ou l'on se tient à la hauteur de son discours habituel, et on fait un flop, ou on se me à la hauteur du public, et on fait quelque chose de mauvais. Vous me direz : il y a des justes milieux. Je crois en fait qu'il sont quasiment impossibles, sauf (et je ne parle que c que je connais) dans de rares émissions de radio ( ex Continent sciences sur FC) ou séries ( par ex les "lundis de la philosophie" de F.Wolff à l'ENS Ulm). Cela dit vous noterez aussi l'ironie qu'il y aurait à faire de la philosophie "populaire" ou de la "vulgarisation" à Monaco.

    Certes ni les cafés philo ni les autres manifestations festivalières n'empêchent les gens qui font de la philo "sérieuse" de travailler, et de rester dans leur tour d'ivoire.
    Mais je ne suis pas d'accord quand vous dites que cela n'a pas d'effet. Avez vous remarqué que, plus la philo médiatique se répand, moins les éditeurs publient de livre d philosophie de recherche? Vous êtes vous déjà trouvé devant un éditeur à qui vous proposez un manuscrit et qui vous dit : "ah non désolé, ce n'est assez grand public" ou " je veux bien le publier mais il faudra attendre d'abord la publication de X, Y et Z qui seront des best sellers potentiels" etc? Ma question était donc : si la principauté a des sous et veut vraiment faire de la philo, pourquoi n'en fait elle pas de la difficile, ce qui serait inédit, plutôt que d'ajouter un festival de plus? J'ajouterai que je vais moi même de temps en temps dans les festivals de philosophie, et que tous ne sont pas mauvais.
    Je ne suis pas d'accord non plus quand vous laissez entendre que si l'on rend, dans ces circonstances de "popularisation" la philosophie conforme a ce qu'elle est en réalité - c'est à dire une discipline difficile, souvent technique, tout sauf populaire - on donnera au public l'impression de querelles d'école, ce qui est, je suppose, à vos yeux une mauvaise chose. A mes yeux ce n'est pas une mauvaise chose, car la philosophie est conflictuelle, des écoles variées s'y combattent, et tout le monde n'est pas d'accord. L'un des dogmes de la philosophie scolaire et populaire est que tous les philosophes sont d'accord, et disent la même chose, au fond. C'était l'idée d'Alain, et c'est en gros celle de la philosophie médiatique. C'est aussi celle des concours de recrutement de professeurs, la doctrine officielle selon laquelle la philosophie est une. Or cette vulgate se réunit en effet sur un certain nombre de dogmes et de thèmes jamais mis en cause: le primat de la morale et du pratique sur les questions théoriques ( kantisme du pauvre), le souci de la "vie" ( bergsonisme et existentialisme du pauvre) , le culte de la sagesse et de la vertu comme remède aux maux du temps ( stoicisme et épicurisme du pauvre), en même temps que culture des émotions et de la passion. Par conséquent, d'accord pour faire plus de philosophie populaire, mais à condition de renoncer à ces ritournelles.

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  18. Merci pour cette réponse patiente et détaillée !
    Juste un point : quand je disais qu'on ne doit pas donner au "public" demandeur de philosophie l'impression de querelles d'écoles ou de chapelles, ce n'est pas tant pour occulter les conflits au sein de cette discipline ou nourrir le rêve d'une unité irénique que pour lui (à ce public) épargner l'embarras paralysant d'avoir à choisir la "bonne orientation", ce que précisément il n'est pas en état de faire, puisqu'il désire une initiation. Il ne faut pas non plus, bien sûr, oublier que le "public" n'est pas une réalité homogène : il y a ceux qui sont prêts à affronter la plus rude technicité comme un rite nécessaire de passage dans le sanctuaire et ceux qui cherchent dans la philosophie des réponses ou des remèdes à des problèmes existentiels. Ce sont ces derniers qui pourraient se trouver frustrés, si, en guise de rappel à l'ordre, on entonnait le refrain de la difficulté intrinsèque de la philosophie. A moins qu'on ne se serve de ce mobile même pour distinguer les élus des damnés.
    Enfin, je laisse aux spécialistes du stoïcisme et de l'épicurisme le soin de décider si ces doctrines n'étaient pas elles-mêmes des remèdes aux maux de leur temps, sans qu'on ait besoin d'ajouter ..."du pauvre". A moins que vous ne fassiez allusion à de la mauvaise vulgarisation...

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  19. Je parle de stoicisme et épiscurisme du pauvre en effet pour désigner de la mauvaise vulgarisation et des versions affaiblies ou tronquées de ces doctrines. On oublie, par exemple , que les stoiciens étaient des dogmatiques en théorie de la connaissance et défendaient une doctrine cosmopolite, quand on mélange des conseils de sagesse à la Marc Aurèle avec du scepticisme ou une forme de recherche de la sagesse égotiste. Mais l'histoire du stoicisme et des diverses formes de néostoicisme et de neoepiscurisme est faite de ces affadissements de la doctrine.
    C'est justement là le problème de fond, et le malentendu . Selon moi la philosophie n'est pas une discipline populaire, pas plus que ne le sont les mathématiques. Cela ne veut pas dire qu'on ne puisse pas la populariser et l'écrire simplement, et qu'il n'y ait pas, comme disait Kant, en plus du concept scholastique de la philosophie un concept cosmique. Mais aujourd'hui on fait comme si le concept cosmique était seul en lice. La philosophie des écoles, des lycées et des universités n'a plus droit de cité. Plus personne n'est prêt à affronter la technicité, tout simplement parce qu'on ne la comprend pas et qu'on ne veut pas la comprendre.

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  20. ouf vous me rassurez, dans la mesure où je vois plus proche d'un Bouveresse que d'un Comte Sponville, mais bon, on a si vite faite de se tromper sur le compte des gens...

    il faudrait que les philosophes gagnent un peu en modestie (même ce n'est pas un domaine qui y prédispose), que surtout les philosophes succombent moins facilement à l'orgueil et à ce désir de reconnaissance, à la longue ça finit pas faire très sérieux.

    pour au moins ce rendre compte de l'origine de cette demande des gens pour la philsophie, en dehors de l'aspect développement personnel, ou trouver d'y réconfort et de déconsolation à peu de frais.

    cela vient d'où ? de la chute de l'engagement politique, née du sentiment d'impuissance des citoyens et du "tous pourris".
    la philosophie est venue comblée ce manque, et vraiment je ne vois quelle gloire on peut en tirer

    non, il vaudrait mieux que les gens aillent voter, au lieu de ça, à la place de révolter contre les injustices sociales, maintenant ils se sont tous mis à disserter sur "c'est quoi l'injustice".

    résultats des courses on en est arrivé à une situation ridicule où les gens sont devenus tous incollables sur ce qu'est une injustices mais plus personne ne sait comment les réduire.

    si on rajoute à ça l'aspect : apprenez à devenir épicurien pour apprendre à vous contentez du peu que vous avez, ou devenez stoïcien pour apprendre à changer votre regard sur le monde plutôt que le monde lui-même, il faut reconnaitre que la philo nous a mis dans une mauvaise situation.

    vous avez vu le nombre de stoïciens et d'épicuriens qui courrent les rues de nos jours ?
    sans compter tous ces bataillons de nietzschéens de mes deux ? quand on sait la position politique de N. ? son mépris pour la démocratie et pour le peuple ?

    c'est tout sauf sérieux, je n'ai pas de conseils à vous donner mais il vous faudrait vous décider à prendre le taureau par les cornes et faire le ménage dans votre corporation.

    vous croyez que tous ces philosophes qu'on voit à la une des journaux vont donner une belle image de votre métiers ?
    même les garçons coiffeurs ou même les charpentiers ne supporteraient pas qu'on se moque à ce point de leur profession.

    vous imaginez 2 secondes la honte qu'auront de vous vos descendants ?
    vous avez déjà eu Heidegger qui vous a fait beaucoup de tort, et maintenant vous avez cette brochette de crétins médiatiques, dont certains se prétendent être à la fois anarchistes, capitalistes, libéraux, nietzschéen, libertaires, spengleriens de gauche et je sais pas quoi en plus.

    même Pierre Dac ou Raymond Devos n'ont pas imaginé de pareils sketchs, je vous le dis par amitié : vous savez quoi ? vous êtes en train de vous couvrir de ridicule !

    il faut remettre un peu d'ordre dans votre bergerie, parce que si vous ne le faites pas personne ne le fera à votre place.

    je l'admets cela nécessite un certain courage et un minimum de lucidité, mais ça même un philosophe peut en être capable, même s'il faut reconnaitre que dans l'histoire nous avons peu d'exemple de spécimens de philosophes ayant fait preuve de ces deux qualités à la fois, mais en cherchant bien vous pouvez en trouver un.

    si vous voulez aider le peuple : renvoyez le aux urnes, au lieu d'en faire des petits Diogène de bazar et des petits nietzschéens de mes deux, incitez-les à faire de la politique.

    parce qu'il ne faut pas rêver, prenez la philo au lycée : tous les gamins qui se tapent les meilleures nots de philo ils font quoi ? ils font des écoles prépas, après des grandes écoles et ils finissent trader, ou dans des cabinets d'experts comptables pour permettre aux plus blindés de payer moins d'impôts !

    c'est ça la réalité, et il faut cesser de vous la cacher, il faut un peu avoir le courage d'affronter la réalité, je suis désolé mais regardez les chiffres, la réalité elle est bien là.

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  21. sérieux à quoi ça sert d'avoir disserter sur Spinoza et Plotin si c'est pour devenir trader et spéculer sur les matières premières et les denrées pour mettre un pays en famine ?
    à quoi ça sert ?

    d'un côté la philo permet aux plus pauvres de changer le regard qu'ils portent sur le monde et se contenter de ce qu'ils ont et de l'autre elle permet à des gamins de spéculer en bourse ?

    vous êtes en train de vous couvrir de ridicule !
    de toute l'histoire de la philo depuis les présocratiques vous n'avez jamais atteeints des niveaux de lucidité sur lee monde aussi bas.

    désolé si j'ai pu paraitre un peu agressif, ce n'était pas mon intention, d'autant que je vous considère du côté de Bouveresse, preuve qu'il existe encore des types qui ont la tête sur les épaules, mais il vous faire un grand coup de ménage.

    vous savez qu'il existe un magazine philosophie ? "philomag" c'est son nom. il sert à donner l'actualité... philosophique.
    je n'ai pas de conseils à vous donner mais je pense que cela devrait être votre première cible à abattre.
    faites un petit article : quel sens donner à "philomag" ?
    ce pourrait être un bon début.

    pour la suite je suis disposer à vous aider si vous voulez, vous allez voir, à tous les deux, un grand coup de pied dans la fourmilière, on vous les réveiller tous ces philosophes médiatiques à la noix !

    trop d'orgueil, trop de vanité, trop d'ambitions personnelles, tout ça croyez moi, c'est tout sauf bon pour la philo.

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    1. je ne peux pas tuer tout le monde et partir, comme le père Ubu.

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  22. désolé pour les fautes je ne me suis pas relu.

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  23. Et la philosophie des lycées est en position de résistance par rapport à la demande philosophique des parents, des élèves et quelquefois des administrations, demande née de la popularisation démagogique.

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    1. en gros c'est comme la médecine: les gens regardent de quoi ils croient souffrir sur internet, et vont voir le medecin en lui disant qu'ils savent mieux que lui

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    2. Et comme le patient demande du réconfort, l ' élève et sa famille demandent de bonnes notes !

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    3. vous connaissez ce cartoon

      https://rightcogency.files.wordpress.com/2012/06/unknauthor_problem-cartoon.jpg

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    4. Ce cartoon décrit ce qui se passe : les mauvaises notes sont interprétées par beaucoup de parents et d'élèves comme un signe de l'incapacité des professeurs à se faire comprendre et à "motiver" et il arrive même que l'administration demande des comptes aux professeurs si leurs moyennes sont trop basses. Certains professeurs sont donc enclins à s'excuser de mettre des notes si basses et à tout faire pour les remonter. La honte est désormais du côté des évaluateurs...

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    5. je crois très importante cette notion de motivation. elle vient de la psychologie pedagogique, et part de l'idée que ce qui motive est non cognitif et non intellectuel, surtout tout sauf du savoir. C'est le "si tu veux peux" que l'éminent Badiou pose en maxime existentielle ( voir mon post sur la vache enragée .... euh! interloquée).

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    6. Oui, en fait la pédagogie n'a pas d'indépendance par rapport à la philosophie ou à un autre savoir (sauf à se réduire à des conseils de bon sens, du genre ne commencer pas par le plus dur etc.). En réalité la pratique montre que quand on rencontre des difficultés appelées pédagogiques, on les surmonte souvent avec succès quand on a assez de savoir non-pédagogique mais disciplinaire pour trouver la médiation savante rendant plus compréhensible le difficile. Si on ne sait pas grand chose, on va répéter ce qu'on sait et on va appeler au secours l'expert en pédagogie ! Comme un médecin qui ne saurait pas diagnostiquer la pathologie du patient et appellerait un psychologue à la rescousse en vue de transmettre la vérité au patient ! Donc c'est avec la philosophie qu'on intéresse (ou pas) , on ne peut pas motiver avant avec un savoir-faire ad hoc.
      En réalité, aujourd'hui quand on demande au prof de motiver, on lui demande de s'ingénier à permettre à l'élève de réussir sans que cela ne lui coûte rien ou presque, si possible ni peine, ni ennui, ni effort. Il faut donc l'amuser, le surprendre, donner à tout une forme ludique pour que l'heure de cours passe aussi vite que quand ce même élève zappe ou tchatche sur son portable.
      Aussi les profs ne sont-ils plus encouragés à travailler leur matière mais à inventer des moyens jouissifs ou au minimum non douloureux de faire passer la pilule.

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    7. Que dire de plus? C'est tristement vrai. Il ne reste plus qu'à mettre les élèves devant un MOOC, en leur proposant de s'auto-évaluer ( pas de donner des notes, elles auront disparu depuis longtemps). Il n'y a qu'un mot que je contesterais dans votre réponse: "réussir". Cela suppose que les critères de la réussite restent à l'appréciation des professeurs. Mais ils ne le seront plus, car tout le monde "réussira".

      Mais pendant qu'on mettra ces dispositifs en place pour les masses des écoles privées sélect , avec des professeurs à l'ancienne triés sur le volet et bien payés, permettront aux enfants des familles aisées d'avoir les bénéfices d'une éducation à l'ancienne.

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  24. finir comme Ubu ? je ne comprends pas trop, cela signifie-t-il que vous ne trouvez pas que la situation actuelle est déjà ubuesque ?

    quand BHL avait sorti son premier bouquin, des types comme Vidal-Naquet et Castoriadis n'avaient eu peur de lui rentrer dans le lard, en pointant justement le fait qu'il n'appartient pas au médias de légitimer un philosophe.

    ils n'avaient pas tort, et la situation a évolué dans ce sens : les philosophes n'ont même plus besoin de passer par les médias pour se légitimer dnas la mesure où ils ont maintenant eux-même un journal hebdomadaire (ou mensuel j'en sais rien).

    allez sur leur site et regardez les unes de ce magazine (je peux vous faire une compilation de tous ces gros titre : c'est d'un ridicule totalement ubuesque !

    à vous lire on comprend qu'il existe une philosophie à 2 vitesses : une philosophie savante réservée aux universités, et une philosophie débile réservée aux médias qui s'adresse au peuple, et que cette séparation entre ces deux mondes serait normale.

    créant un espace où ces philosophes savants regarderaient de haut, comme des dieux grecs sur leur nuage, d'un air méprisant, ce petit monde d'en bas.

    c'est ça pour vous la philosophie ?



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  25. il y a une philosophie savante en effet, et une philosophie populaire, qui sont très différentes. Mais cela ne veut pas dire que la savant est nécessairement bonne. La division ne passe pas de facto par l'opposition entre l'université et d'autres institutions, mais elle y passe en droit. Le problème est que l'université n'est plus à la hauteur de ses ambitions

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  26. Puisque cela ne se fera pas sur le Rocher, ni à l'occasion de ces prestigieuses Rencontres, il reste maintenant à demander où et quand nous pourrons prendre connaissance, si elle nous sont accessibles, des réponses proposées aux dix questions suggérées ci-dessus à Mme Casiraghi. Si ce n'est pas dans un avenir proche, pourrions-nous avoir au moins quelques indications bibliographiques pour ne pas demeurer totalement ignorants sur ces questions ?

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    1. je vous suis reconnaissant de poser ces questions, car on semble dans toutes ces réactions ( dont l'abondance m'étonne, par rapport à d'autres billets ici) avoir oublié ces questions. Je n' aime pas me citer moi même, mais j'ai un bon nombre d'articles sur academia edu et sur mon site web, qui traitent , sous un angle ou un autre , de ces sujets.

      Mais si vous voulez un livre parlant de ces trois sujets :

      Devoir faire quelque chose est-ce être justifié à croire qu'on doit le faire?
      - Peut-on passer d'un doit à portée étroite à un doit à portée large?
      - Les normes subjectives l'emportent-elles sur les normes objectives?

      vous pouvez ( parmi bien d'autres lire) :

      John Broome, Rationality Through reasoning, Wiley 2013

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  27. je suis désolé, le problème n'est pas qu'elle ne soit plus à la hauteur de ses ambitions, le problème est qu'elle se laisse insulter par des types comme Onfray sans réagir.

    vous imaginez l'évolution depuis l'épinglage de BHL par Vidal Naquet et Castoriadis ?
    non seulement aujourd'hui les médias donne aux philosophes leur légitimité, mais en plus cette légitimité leur donne aujourd'hui le pouvoir d'insulter l'université.

    l'université est responsable de ce qui lui arrive.
    elle a été attaquée sur 2 fronts, d'un côté l'état, les "valeurs éducatives", le libéralisme.... et de l'autre cette monstruosité qu'elle a elle-même produite : ses philosophes.

    comment comprendre qu'un type qui se prétend avoir été formé par Jerphagnon ose dire ce dit sur l'université, se mette à tirer sur une ambulance qui transporte ce grand malade qu'est l'université ?

    où est le bug dans le système ?

    pourquoi aucun universitaire n'ose réagir ?
    est-ce par mépris ou bien par manque de courage (les médias représentant un pouvoir bien trop grand pour ces petits universitaires) ou bien par un désir d'en arriver le plus vite possible à un suicide collectif ?

    sans doute les trois.

    je ne suis qu'un simple petit citoyen, croyez-moi que vu sous cet angle, tout cela offre un spectacle bien pitoyable dont on se passerait.

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  28. Qu'est ce que vous en savez , qu'on ne réagit pas?

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  29. Le lycée où Mlle Casiraghi a fait ses classes a une ambiance plus continentale qu'ultramarine, mais je m'étonne quand même des sujets choisis, qui révèlent, peut-être, une attirance plus grande pour la littérature que pour la philosophie.

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  30. Soyons positifs plutôt que de faire du rocher bashing. Je voudrais indiquer quelles sont les entreprises de philosophie populaire que je trouve sérieuses ( peut être parce que j'y ai participé) :

    - rencontres philosophiques de Langres

    http://www.rencontresphilosophiqueslangres.fr/

    - lundi de la philosophie ENS

    http://www.ens.fr/actualites/agenda/article/les-lundis-de-la-philosophie-klaus


    - forum for European philosophy, London School of economics

    http://www.lse.ac.uk/europeanInstitute/research/forumForEuropeanPhilosophy/Home.aspx


    nos pop philosophes pourraient s'en inspirer.

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    1. Et celles-ci (rencontres) ?
      http://www.rencontres-philosophiques-uriage.fr/pages/programme.html#9MjlmP7sqUKliwxA.99

      @l'anonyme du 21 octobre :
      La violence : est-ce encore un thème trop "littéraire" ? Il me semble que la philosophie n'a rien à gagner à regarder la "littérature" d'un œil aussi condescendant. Et ce n'est certainement pas par là que passe la frontière entre philosophie continentale et philosophie analytique...

      @l'auteur du blog :
      nous apprécions la note d'humour suivante: je cite : "les entreprises de philosophie populaire que je trouve sérieuses ( peut être parce que j'y ai participé)...". Dire "je les trouve sérieuses et C'EST POURQUOI j'y ai participé" serait en effet beaucoup plus modeste et plus terne...Sur le "peut-être" on fera valoir l'adage "péché avoué, etc."

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    2. Les manifestations honnêtes ne manquent pas

      http://yonnelautre.fr/spip.php?article2510&lang=fr

      D'autres sont du business : est-ce surprenant ?

      https://howthelightgetsin.iai.tv/

      C'est payant. Mais après tout Protagoras se faisait payer, n'est-ce pas ?

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  31. Propositions pour d'improbables rencontres monégasques :

    - La théorie de l'univers-bloc en croissance est-elle vraiment défendable ?
    - Est-ce que les entités fictionnelles font partie de "l'ameublement du monde" ?
    - Le faillibilisme s'auto-réfute t-il ?
    - L'histoire de la philosophie est-elle un cauchemar (cf. David Stove et al.) ?

    Et deux titres d'impossibles interventions :

    - L'épistémologie du désaccord pour les nuls
    - De la non-importation du positivisme logique chez les Gallo-Romains

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  32. pour la première question, je me pose la question de savoir si elle relève de la philosophie.
    pour la seconde , réponse : non
    pour la troisième : oui
    pour la quatrième : non: tout se répète, mais pas de la même manière. nos rêves aussi
    la question du désaccord devrait être posée sur le Rocher
    la question du positivisme logique chez les Galliques a été réglée par Louis Rougier. Ce fut un échec. Mais l'esprit de Vienne bouge encore

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