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jeudi 26 janvier 2017

Βίοι Παράλληλοι



Naturam tamen saeuam atque probrosam ne tunc quidem inhibere poterat, quin et animaduersionibus poenisque ad supplicium datorum cupidissime interesset et ganeas atque adulteria capillamento celatus et ueste longa noctibus obiret ac scaenicas saltandi canendique artes studiosissime appeteret….



Sic imperium adeptus, p(opulum)..., uel dicam hominum genus
Ingressoque urbem, statim consensu senatus et irrumpentis in curiam turbae
libellum de salute sua oblatum non recepit, contendens nihil sibi admissum cur cuiquam inuisus esset, negauitque se delatoribus aures habere.




Munera gladiatoria partim in amphitheatro Tauri partim in Saeptis aliquot edidit, quibus inseruit cateruas Afrorum Campanorumque pugilum ex utraque regione electissimorum. Neque spectaculis semper ipse praesedit, sed interdum aut magistratibus aut amicis praesidendi munus iniunxit.  Scaenicos ludos et assidue et uarii generis ac multifariam fecit, quondam et nocturnos accensis tota urbe luminibus.
ouum praeterea atque inauditum genus spectaculi excogitauit  




Hactenus quasi de principe, reliqua ut de monstro narranda sunt.

exclamauit: Eis koiranos esto, eis basileus. Nec multum afuit quin statim diadema sumeret speciemque principatus in regni formam conuerteret.  Verum admonitus et principum et regum se excessisse fastigium, diuinam ex eo maiestatem asserere sibi coepit
Templum etiam numini suo proprium et sacerdotes et excogitatissimas hostias instituit.  In templo simulacrum stabat aureum iconicum amiciebaturque cotidie ueste, quali ipse uteretur.




Matrimonia contraxerit turpius an dimiserit an tenuerit, non est facile discernere.
Immanissima facta augebat atrocitate uerborum.  Nihil magis in natura sua laudare se ac probare dicebat quam, ut ipsius uerbo utar, adiatrepsian, hoc est inuerecundiam.
Quotiens uxoris uel amiculae collum exoscularetur, addebat: "Tam bona ceruix simul ac iussero demetur.



Nepotatus sumptibus omnium prodigorum ingenia superauit,...Quin et nummos non mediocris summae e fastigio basilicae Iuliae per aliquot dies sparsit in plebem
Ac ne quod non manubiarum genus experiretur, lupanar in Palatio constituit, districtisque et instructis pro loci dignitate compluribus cellis, in quibus matronae ingenuique starent, misit circum fora et basilicas nomenculatores ad inuitandos ad libidinem iuuenes senesque; praebita aduenientibus pecunia faenebris appositique qui nomina palam subnotarent, quasi adiuuantium Caesaris reditus.




Nouissime contrectandae pecuniae cupidine incensus, saepe super immensos aureorum aceruos patentissimo diffusos loco et nudis pedibus spatiatus et toto corpore aliquamdiu uolutatus est.



Vultum uero natura horridum ac taetrum etiam ex industria efferabat componens ad speculum in omnem terrorem ac formidinem.  Valitudo ei neque corporis neque animi constitit. Puer comitiali morbo uexatus, in adulescentia ita patiens laborum erat, ut tamen nonnumquam subita defectione ingredi, stare, colligere semet ac sufferre uix posset.



Ex disciplinis liberalibus minimum eruditioni, eloquentiae plurimum attendit, quantumuis facundus et promptus, utique si perorandum in aliquem esset.  Irato et uerba et sententiae suppetebant, pronuntiatio quoque et uox, ut neque eodem loci prae ardore consisteret et exaudiretur a procul stantibus. 



Incitato equo, cuius causa pridie circenses, ne inquietaretur, uiciniae silentium per milites indicere solebat, praeter equile marmoreum et praesaepe eburneum praeterque purpurea tegumenta ac monilia e gemmis domum etiam et familiam et supellectilem dedit, quo lautius nomine eius inuitati acciperentur; consulatum quoque traditur destinasse

 Suetonius, C. Caligula ( extraits)
non primus sum !

lundi 2 janvier 2017

LA CONCLUSION REPUGNANTE hommage à Parfit (1942-2017)


     

    La philosophie de la bêtise est trop souvent individualiste et qualitative: elle renvoie à des expériences et à des jugements sur les gens idiots ou sur ses propres idioties ( voir le billet ici même  sur Salavin). Il est temps de lui appliquer les principes du « population thinking », du mode de pensée populationnel et quantitatif que les darwiniens nous recommandent non seulement en biologie évolutionniste, mais dans un grand nombre de domaines tels que l'évolution de la morale. Appliquons la à l'intelligence et à la bêtise.

     Les analyses jadis de Robert Musil ( remarquablement commentées par Jacques Bouveresse et par Kevin Mulligan   ) celles basées sur le principe de Peter (tout le monde atteint un jour son seuil d'incompétence) ou celles  de Carlo Cipolla sur les lois fondamentales de la bêtise humaine, ont ouvert la voie.
     
    Le fait que l'on apprenne en même temps en ce 1er janvier 2017 la mort de l'inoubliable créateur de Bambi , celle de l'inventeur de l'oeuf Kinder Surprise et celle du philosophe  Derek Parfit donne une occasion de méditer une fois de plus sur la bêtise.  Rendons donc un hommage indirect à  Derek Parfit en essayant d'appliquer son fameux paradoxe populationnel à la bêtise humaine, plutôt qu' à la quantité de bien-être ou de qualité de vie.

     Tout le monde (?*) connaît le paradoxe populationnel que Parfit a proposé dans Reasons and Persons (1984). Il l'énonce  ainsi :


“For any possible population of at least ten billion people, all with a very high quality of life, there must be some much larger imaginable population whose existence, if other things are equal, would be better even though its members have lives that are barely worth living”

Soit une suite de populations, A, A+, B, B+ , C, C+ ... Ω obtenues par simple addition. La population A consiste en un petit nombre d'individus très intelligents et cultivés. La population A+ est la même que A, plus quelques individus un peu moins intelligents. a population B a le même nombre d'individus qu 'A+, dont le niveau d'intelligence est le même ( moins que les membres de A, mais plus que celle des individus supplémentaires d'A +. La population B+ a tous les individus de B , plus quelques individus dont le degré d'intelligence est moindre que celui des membres de B, mis toujours élevé. C modifie B + de la même manière que B modifie A + , et ainsi de suite.

    
La population A+ semble aussi intelligente que celle de A , car elle contient des individus supplémentaires dont l'intelligence est presque égale.Il semble en général qu'une simple addition d'intelligence est au moins aussi bonne que pas d'addition du tout ( Addition simple). Plus généralement une augmentation de l'intelligence totale et moyenne qui crée aussi une égalité dans l'intelligence est toujours une amélioration de la population ( Aversion pour une égalité faible). L'addition simple implique que B+ est au moins aussi intelligente que B. L'aversion pour l'inégalité faible implique que C est plus intelligente que B+ . Mais alors nous devons conclure que Ω est plus intelligente que A ( car si X est au moins aussi intelligente que Y et Y plus intelligente que Z alors X est plus intelligente que Z). Mais ce résultat est inacceptable . Dire que A, une population dont les membres sont très intelligents est plus bête que Ω , une population dont les membres sont de parfaits crétins, revient à accepter la Conclusion répugnante (**). Pour toute population parfaitement égale qui est très intelligente, il y a une population de parfaits crétins, et qui est plus intelligente .

En d'autres termes la plus grande intelligence au sein d'une population est telle qu'il y a une population encore plus grande qui serait plus intelligente, mais dont les membres seraient complètement idiots. La qualité de la vie intellectuelle ne nous importe-t-elle pas autant que celle de la vie tout court? Si l'on admet qu'on peut avoir une qualité de vie intellectuelle très élevée mais dans
une population de crétins, est-on vraiment tenté d'augmenter la population?




* on peut se le demander. Aucun des livres de Parfit en éthique n'a été traduit en français. Le commentaire faible de Paul Ricoeur dans Soi-même comme un autre n' a pas conduit les éditeurs français à traduire ce livre,et seul un petit éditeur a traduit certains autres essais de Parfit sur l'identité d 'Elie Halévy.

"Surpopulation et qualité de vie», in Catherine Audard (éd.) Anthologie historique et critique de l’utilitarisme, Vol. 3, Chapitre IV , Paris, PUF, 1999, p. 265-267, 313-340

(**) Parfit joue sur le sens de repugnant : "contradictoire" et " insupportable" ; on me dira que "répugnant" n' a pas, en français,le sens de "repugnant" en anglais. Réponse : les deux sens, au XVIIème siècle se jouxtaient ( Pascal écrit :
Il y a un grand nombre de vérités et de foi et de morale, qui semblent répugnantes, et qui subsistent toutes dans un ordre admirable